Toulon accueille le Munster dimanche et peut rêver à la qualification en cas de victoire. L’occasion pour Mourad Boudjellal de livrer ses impressions avant ce choc. Décapant et savoureux. Comme toujours.

Comment se sent-on avant de recevoir le Munster ?
Mourad Boudjellal : Je ne suis jamais très bien avant un match. Je tente par tous les moyens de tuer le temps, mais l’ambiance est agréable car il fait beau à Toulon et les gens sont de sortie.

En quoi la pression est différente d’un match de Top 14 ?
Mourad Boudjellal : Il y a beaucoup plus d’attente de la part des supporters, des médias et du club. Il n’y a qu’à voir le nombre de pays qui vont retransmettre le match, en France, en Angleterre et les pays britanniques, mais aussi en Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud. On ne sera pas champion du monde après ce match, mais si on peut dévoiler une belle image du RCT, on ne va pas s’en priver.

Quel sentiment domine de votre côté ?
Mourad Boudjellal : On a peur d’être ridicule. J’ai peur d’en prendre quarante comme au match aller, de voir le Munster dérouler. Tout peut arriver.

Au soir du match aller contre le Munster (45-18), auriez-vous cru à la qualification ?
Mourad Boudjellal : Non pas du tout. Personnellement, j’étais très déçu de ne pas affronter le Munster lors de la première journée pour assister à une belle fête. En les affrontant lors du cinquième match, je pensais que ce match allait compter pour du beurre (rires). C’est une belle surprise.

Ce rendez-vous contre les Irlandais, vous en rêviez ?
Mourad Boudjellal : Bien sûr, on rêve de grands moments comme celui-ci. Le Munster est un club mythique, un des rares noms qui a marqué les gens. C’est un peu comme recevoir le Real Madrid ou Barcelone en football. Le fait de les rencontrer avec un enjeu, c’est incroyable.

Qu’est-ce que vous enviez au Munster ?
Mourad Boudjellal : Les deux Coupes d’Europe. Elles sont magnifiques dans leur musée en Irlande, mais elles feraient bien également à Toulon (rires).

Ce match peut-il être un tournant dans l’histoire du RCT ?
Mourad Boudjellal : Complètement. Quel que soit le résultat final, il y aura des répercussions. Si on perd, il faudra rebondir, mais si le match se passe bien, il faudra rester les pieds sur terre et ne pas se voir trop beau. Il ne faut pas voir ça comme un aboutissement, mais comme le début de quelque chose de fort.

Toulon a des joueurs expérimentés et talentueux mais manque encore de vécu commun au plus haut niveau. Est-ce que votre groupe a mûri depuis l’an dernier ?
Mourad Boudjellal : Oui, mais on a toujours la même problématique. On est capable du meilleur comme du pire dans un même match. C’est notre côté méditerranéen, atypique.

Dans votre quête de remporter un titre, cette «finale» du groupe face au Munster arrive-t-il plus vite que prévu ?
Mourad Boudjellal : Ca arrive vite, mais le plus important est d’être là. Je pense qu’il vaut mieux être le plus mauvais des vainqueurs que le meilleur des loosers. Le temps passera, mais j’espère qu’il restera quelque chose de ces années-là. Contre le Munster on aura rien gagné. Mais les battre serait très fort.

En cas de qualification, tous les rêves seraient permis…
Mourad Boudjellal : Oui on jouerait la compétition à fond. Aujourd’hui tout le monde voit la différence entre le Top 14 et la H Cup. L’engouement et l’attente sont différents. C’est super de voir la communion de gens qui ne parlent pas la même langue et font la fête ensemble. Si on se qualifiait, on entrerait directement dans une vraie dimension européenne.

Vous avez dû visualiser ce match très souvent dans votre tête. Qu’est-ce qu’il se passe au final ?
Mourad Boudjellal : J’ai deux rêves qui trottent dans mon esprit. Le premier, on prend des essais d’entrée de jeu et on ne voit pas le jour. Et j’en ai un, ou on accroche le Munster après un match extraordinaire. On les écrase 13-12 et c’est la folie à Mayol