La meilleure recrue du RCT c’est probablement lui. Philippe Saint-André est parvenu à construire un groupe et à sublimer son équipe pour la conduire en phase finale. Pourquoi s’arrêter là ?

« Philippe Saint-André, êtes-vous surpris de vous retrouver à pareille fête ?
Dès le début de saison, nous nous sommes fixés comme objectif de finir dans les six premiers. Au vu de la qualité des joueurs, de l’organisation et des structures mises en place, je pensais que c’était possible. Et puis, notre excellente fin de saison a fait que nous avons commencé à nous battre pour la cinquième place, la troisième et enfin la première. Je crois que la victoire obtenue à Toulouse, fin février (6-3) a déclenché quelque chose. Le groupe s’est découvert de l’ambition et s’est montré de plus en plus gourmand.

Pensiez-vous vos joueurs capables d’accomplir une telle saison ?
En quelque sorte, oui. Les leaders ont répondu présent et se sont investis à 100% dans la vie du groupe et le projet du club. De nombreux joueurs ont progressé et ont enrichi la qualité du banc, le collectif s’est étoffé. Je crois que cette saison, on s’est fait respecter. Toulon évolue à nouveau au haut niveau, Mayol est redevenu une forteresse et on a renoué avec les valeurs de ce club.

«Le risque est que l’enjeu nous fasse déjouer»

Au vu de votre série de onze victoires consécutives, qu’est-ce qui peut vous empêcher de signer un douzième succès samedi ?
Au niveau du coeur, de l’envie et de l’engagement physique, on sera là, mais le gros point d’interrogation réside dans le fait que beaucoup de mecs n’ont jamais joué de demi-finales. Il ne va pas falloir passer à travers individuellement et se montrer fébriles. Face à Clermont, on aura besoin de rééditer le même match que contre Perpignan (victoire 33-23 le 17 avril dernier) dans l’intensité, l’engagement, la lucidité et la discipline. Mon groupe est nouveau et il n’a pas de vécu de ce genre de matches.

Vous possédez cependant de nombreux joueurs d’expérience…
Oui, mais regardez le match de barrages des Castrais face à Toulouse. Leurs joueurs d’expérience sont passés à travers. Ils ont fait le mètre ou la faute de trop, et voulu trouver des solutions individuelles alors qu’elles étaient collectives. Le risque est que l’enjeu nous fasse déjouer.

Qu’est-ce que possèdent les Clermontois que vous n’avez pas ?
L’expérience, le vécu, la planification d’une saison qui fait qu’ils atteignent leur pic de forme au bon moment… Et je ne pense pas qu’ils passent au travers une deuxième fois d’affilée. C’est une équipe rodée au haut niveau. On a vu aussi qu’elle possédait beaucoup de solutions dans son jeu, capable de s’adapter à l’adversaire et changer de système en cours de partie.

Même en cas de défaite, la saison sera-t-elle réussie ?
Oui, elle sera positive. Je suis content des progrès réalisés dans le jeu, d’autant que nous avons connu une inter-saison agitée avec vingt-quatre départs et dix-sept arrivées. On signe onze victoires d’affilée en fin de saison, on a remis de la flamme dans la ville de Toulon. Quand tu as commencé le repas, tu a envie de manger le dessert. Alors, quand tu joues une finale européenne et une demi-finale de Championnat, tu veux forcément ramener quelque chose. Après, il va falloir aller se les chercher».