A lire: Les rares confidences de Xavier Chiocci

A lire: Les rares confidences de Xavier Chiocci

11 novembre 2014 - 13:55

23 Commentaires

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chiocciLe pilier des Bleus, fils de sourds-muets, est d’une grande timidité. Il s’ouvre pour la première fois sur sa vie, son enfance et ce rugby croisé par hasard.

« C’est Guilhem (Guirado) qui a repéré mes parents en tribune, pendant le tour d’honneur. Les voir là, heureux, une écharpe de l’équipe de France autour du cou… » Xavier Chiocci, calé, coincé même, dans un fauteuil du Sofitel Vieux-Port de Marseille, l’avoue :« Franchement, ça a été ma plus grande émotion pour cette première sélection. » Les émotions, souvent, toujours presque, il les conserve, enfouies dans sa barbe rousse.

Chiocci, qui nous a reçus hier matin, n’aime pas les interviews, « un moment très pénible qui me stresse». Voilà trois semaines, il avait accepté une rencontre à Toulon, avant de la reporter au dernier moment. Secoué lors d’une séance vidéo par Bernard Laporte – « j’avais pris une sacrée rafale » –, il était rentré chez ses parents, à La Valette, à quelques minutes de voiture du centre d’entraînement du RCT. « Dans ces cas-là, je ne parle à personne, je ne veux que rentrer chez moi ou chez mes parents. Je sais qu’ils ne vont pas m’embêter avec ça, ils ne sont pas rugby. »

Xavier, un vrai gentil selon ses coéquipiers, passe, aujourd’hui encore, beaucoup de temps avec ses parents. Sans parler. « Ils sont sourds et muets. Mon père, c’est de naissance. Ma mère, c’était plus tard, après une maladie ; je ne l’ai jamais connue parlant ». C’est la première fois que le pilier gauche des Bleus raconte son histoire publiquement. « Je n’ai pas honte, je ne me cache pas… Mais je suis très timide, surtout avec les médias. Cette timidité, je pense que c’est mon caractère ». Et pas son éducation, dans la maison de La Valette, qu’il évoque avec une grande douceur.

« J’ai appris la langue des signes, naturellement. Quand tu es petit, tu apprends vite à force de regarder les gestes. Pour moi, j’étais comme un enfant normal avec ses parents. Sauf qu’après j’ai été obligé d’aller chez une orthophoniste pour apprendre la langue française ». À ses côtés, Yoann et Priscilla, son frère et sa soeur aînés, l’entraînaient-ils à parler ? « Sans doute, mais je ne m’en souviens plus trop. »

Chiocchi se détend, un peu, glisse : « Je ne me posais pas de questions : c’était mes parents ; les autres discutent en parlant, chez nous, c’est avec les mains. » Comme samedi, au Vélodrome, après les succès sur les Fidji (40-15). « On s’est fait des coucous…On s’est fait trois signes, on a échangé. Avec mon père, on a des codes, des petits trucs à nous (il mime). Là, on s’est regardés, j’ai vu qu’il était super content. » Dans la semaine, Xavier avait demandé à ses parents s’ils voulaient venir. Le rugby, ils s’en fichent, mais ont dit O.K. « Ils regardent des matches parce que je joue. L’équipe de France, ça représente quelque chose pour eux, bien sûr. Mais je ne sais pas si ma famille peut réaliser, se mettre dans le contexte. Gagner la Coupe d’Europe ou le Top 14, ils doivent penser que c’est bien, mais bon… »

« À LA MAISON JE FAISAIS BEAUCOUP DE BÊTISES… J’ÉTAIS PÉNIBLE »

C’est sa mère, pourtant, qui l’inscrit au rugby. « Sans doute parce que j’étais gros. Et, à la maison, je faisais beaucoup de bêtises. On peut dire que je cassais les couilles… J’étais pénible, apparemment ». Le voilà au stade de La Valette, à dix ans. « J’ai aimé le rugby dès le premier entraînement. À la fin de la séance, il y a eu des un-contre-un dans le couloir des cinq mètres. Il y avait la star, enfin pas la star, mais un gamin qui jouait depuis l’âge de cinq ans. Il est tombé face à moi. Sur mon premier plaquage, j’ai eu une révélation ». Oui au rugby ! Mais pour s’amuser, jamais pour en vivre, rejoindre Toulon, les Bleus…

Plusieurs de ses partenaires au RCT expliquent que « Kéké » (son surnom) se considérerait comme un accident de l’histoire. « Moi, j’allais au rugby pour profiter des moments avec les collègues. Je m’entraînais, je faisais des tournois. Mais je n’allais pas voir de matches ; je n’en regardais pas à la télé, pas même l’équipe de France. Tenez, Serge Blanco est venu vers moi à Marcoussis. Il y a que… » Chiocci hésite, reprend : « Blanco, je sais qui c’est, maintenant. Jusqu’à l’âge de seize ans, je ne connaissais pas un nom de joueur… »

Car à dix-sept ans, même à des années-lumière d’un contrat pro, le Toulonnais a commencé à fréquenter les jeunes Bleus. Il y rencontre Romain Taofifenua. « On était aussi timides l’un que l’autre, on ne se parlait pas. On se regardait… » « Tao » confirme, précise : « C’est le premier à être venu vers moi. Depuis, on ne s’est plus trop lâchés. On est un peu pareils, timides et réservés, mais il est plus démonstratif. Cet été, il a facilité mon intégration au RCT. » Chiocci a montré « son » Var à son ami, loué un bateau direction Porquerolles. « Je voulais qu’il voit les paysages sur l’île. » Xavier, lui, replongeait dans ses dimanches d’enfance. « Mes parents ont un bateau. L’été, on faisait des sorties, avec le pique-nique. On partait tôt le matin, on rentrait tard le soir. On allait sur les îles, à Brégançon, sur les plages. On posait les affaires, on se baignait. Après, on mangeait, on parlait. C’était bien. »

Source: lequipe.fr

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23 Commentaires

  1. lilu 11 novembre 2014 à 14h- Répondre

    Interview vraiment très touchante. C’est un gamin heureux et cela fait plaisir à voir.

  2. Eric 11 novembre 2014 à 14h- Répondre

    T’es trop bon mec. Continues à être aussi simple et réservé et je suis sur que tu auras le meilleur dans ta vie. Cela ne passeras pas forcement par le rugby. Et bon dieu que tes parents doivent être fiers de toi.
    Bon destin l’ami.
    Bises à toi Kéké.
    Eric.
    Pilou Pilou
    :yes: :yes: :yes: :yes: :yes: :yes:

  3. Genty83 11 novembre 2014 à 14h- Répondre

    Il m’a fait chialer ce con :worship:

  4. lolo1963 11 novembre 2014 à 14h- Répondre

    C’est notre KéKé à nous 🙂 point barre !!
    il est comme il est On l’aime comme ça .
    Continue à travailler et devient un peu plus ‘filou’ :-X

    • Captspaulding83 11 novembre 2014 à 14h- Répondre

      A lire ces quelques lignes,je pense pas que la « filouterie » soit dans son tempérament. 🙂

      • lolo1963 11 novembre 2014 à 18h- Répondre

        NON C’est sur !! entre guillemet Captspaulding83 veut dire qu’il ne se laisse pas faire, plus roublard , malicieux 😉

  5. patD 11 novembre 2014 à 15h- Répondre

    Genty83 on est 2

  6. djano 11 novembre 2014 à 15h- Répondre

    Il est vrai que désormais je vais le voir différemment. Quel parcours…Voilà un garçon qui n’est pas démonstratif et se dévoiler lors de cet interview n’a pas dû être facile pour lui…………

  7. Satanas 11 novembre 2014 à 15h- Répondre

    C’est simplement un gentil . Hélas pour le rugby de haut niveau il faudra devenir un peu plus méchant . Il mérite le plus grand respect.

  8. mousticgros 11 novembre 2014 à 15h- Répondre

    beau moment d’emotion à la lecture de cet article et beaucoup de joie que xavier en soit arrivé là je dis bravo

  9. PatCracker 11 novembre 2014 à 16h- Répondre

    Formidable ce jeune, aussi je le verrai différemment maintenant.

  10. starlette 11 novembre 2014 à 17h- Répondre

    xavier ne sera jamais « méchant »ce n’est pas dans sa nature il arrivera à s’imposer comme le futur titulaire(en edf et au rct) à sa manière

  11. xtophe83 11 novembre 2014 à 18h- Répondre

    un jour de match, un collègue avec qui je vais voir les matchs me dis « regarde bien le jeune qui va rentrer sur le terrain,il a joué avec moi à la Valette il est trop fort il s’appelle Xavier Chiocci dit Kéké  » et je me souviens qu’à la fin du match, j’ai dis  » ton pote il va finir en EDF  » et voila il y est !!!! et trop fier qu’un jeune de Toulon face parti de se groupe France là qui j’espère de tout cœur soit champion du monde ,il le mérite temps ……….parceque TOULON

  12. Joël 11 novembre 2014 à 18h- Répondre

    Bravo Xavier. Un vrai bravo sincère, un vrai bravo du fond du cœur. Prends conscience de ta chance, de tes capacités, surtout ne fait pas le moindre complexe qui viendrait mettre un obstacle à ta route toute tracée. Tu es vraiment un superbe pilier gauche, tout le monde en est conscient, et pas seulement les toulonnais.

    Occupe-toi de toi, ne te gâche pas, tu sais ce qu’il faut que tu fasses pour être le numéro un, et tu sais aussi que tu peux le faire, que tu as le faire, personne ne peux t’en empêcher. Encore bravo.

  13. Juju Remond 11 novembre 2014 à 18h- Répondre

    elle m.en fout des frissons cette interview !
    aller keke on est tous derrière toi ! continue comme ça et tu deviendras un grand !

  14. meyer 11 novembre 2014 à 18h- Répondre

    Kéké, c’est pas un gros….C’est un GRAND!!!!!!!Allez Toulon

  15. angello 11 novembre 2014 à 19h- Répondre

    et dire qu’à Toulon, il n’y a que des mercenaires !!!
    merci Kéké pour ce témoignage sincère et intime.
    il est certain que la présence des Carl, Bakkies, et consorts lui permet de progresser et de mettre en évidences ses qualités physiques et son aptitude au combat.
    allez KEKE, Allez Toulon

  16. Robert 11 novembre 2014 à 19h- Répondre

    @patD
    3.

  17. seb-83200 11 novembre 2014 à 19h- Répondre

    Très belle leçon de vie
    Bravo xavier continue comme ça et tu auras la carrière que tu mérites

  18. San Nari 11 novembre 2014 à 20h- Répondre

    Quelle belle histoire et quel personnage humble et sympathique !
    Souhaitons une longue et grande carrière à Xavier.

  19. Fab100 11 novembre 2014 à 20h- Répondre

    Comme beaucoup l’ont dit avant moi, cette interview est très touchante. J’ai toujours adoré ce joueur, mais maintenant que je connais (un peu) son histoire, je l’adore encore plus.
    C’est juste l’un des notres, pour qui tout n’a pas toujours été tout rose (comme tout un chacun), qui porte très haut nos couleurs.
    Bravo Kéké.

  20. Gillou83 12 novembre 2014 à 11h- Répondre

    Super mec, qui a pas besoin de palabrer !! Bravo

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