Amputé de ses meilleurs joueurs et promis à l’enfer, l’Aviron a résisté dans la Rade. Et s’est rassuré en vue du maintien, à défaut d’avoir pris des points.

C’était la minute argentine. Au moment même où Santiago Fernandez offrait d’une chandelle au pied le premier essai bayonnais à Martin Bustos Moyano (11e, 5-7), hier soir à Toulon, Javier Pastore servait Ezequiel Lavezzi pour un bijou de but lors de PSG – Rennes en Ligue 1. La comparaison s’arrête là. Le destin des Bayonnais n’est pas de devenir champion de France. Au stade Mayol, leur ambition consistait simplement à ne pas lâcher, comme deux ans plus tôt (59-0), à « retrouver une attitude convenable pendant 80 minutes », de l’aveu même de leur manager Patricio Noriega, Argentin lui aussi. « On se bat contre nous-mêmes », clamait-il cette semaine.

À ce titre, la prestation des siens a dû le rassurer. Du moins, par instants. À l’image de ses premières minutes où ils ont donc pris l’avantage par Bustos Moyano, heureux récipiendaire d’un ballon au rebond favorable, devant une défense varoise et un Eric Escande bien apathique.

Cet avantage a duré sept minutes. Le temps pour Juan Martin Hernandez de passer sa première pénalité (8-7, 18e), lui qui avait manqué de bonifier l’essai de Bryan Habana (5-0, 7e) consécutif à une attaque tranchante de Drew Mitchell dans l’axe, suivie d’une judicieuse passe au pied rasante de Maxime Mermoz. « Ca fait longtemps maintenant que je n’ai pas joué face à un international comme Habana, déclarait Joe Rokocoko avant la rencontre. C’est un gros challenge. » Dont il prenait la mesure au bout de 7 minutes…

256 plaquages côté bayonnais !

Les Toulonnais multipliaient ensuite les offensives mais se heurtaient à leur propre maladresse (10 en-avant hier soir) ou à de courageux Bayonnais, à l’image du sauvetage de Marvin O’Connor sur Rudi Wulf dans l’en-but (23e).

Supérieurs en mêlée, ils se détachaient toutefois par Hernandez, prompt à sanctionner l’indiscipline basque grandissante en fin de première mi-temps (7 pénalités) et symbolisée par le carton jaune infligé à Gert Muller (38e). Le pilier droit, averti pour la troisième fois depuis le début de la saison, sera suspendu pour la réception du Stade Français (21 février). Un coup dur.

Suivi d’un autre en début de deuxième acte avec l’essai en force de Levan Chilachava (21-7, 51e). On pense alors que l’Aviron, amputé de douze éléments et pas des moindres (Spedding, Ollivon, Haare, Whitelock, Vaka ou Macome pour ne citer qu’eux), va se noyer dans la Rade. C’était sans compter sans ce nouveau coup de pied en cloche de Fernandez pour Matthieu Ugalde (21-14, 57e), qui tordait la réputation de pire équipe offensive à l’extérieur des siens (5 essais avant ce match).

Anthony Etrillard faisait même passer un frisson dans le stade en interceptant une passe de Nicolas Sanchez (62e). Sans conséquence pour les joueurs de Bernard Laporte qui se remettaient la tête à l’endroit en usant les Basques (256 plaquages à leur actif hier, dont 24 manqués), à nouveau réduits à quatorze après l’exclusion temporaire de Taele (68e). Sanchez et Bustos Moyano ajoutaient trois points de chaque côté pour la dernière touche argentine de cette partie. Le RCT reprenait poussivement la tête du Top 14. À défaut de prendre un point de bonus qui n’aurait pas été immérité, l’Aviron s’est rassuré sur sa capacité à résister toute une rencontre, qui plus est chez un gros. Ce ne sera pas de trop dans l’âpre lutte qui mène au maintien.

Source: sudouest.fr