Le RCT est au pied du mur. Le président le sait aussi bien que l’ensemble de son groupe. Au lendemain de la défaite à Castres, la qualification pour les phases finales s’est éloignée même si elle n’est pas perdue de vue pour autant.

Mourad Boudjellal à l’orée d’un mois d’avril décisif dresse le constat d’une situation délicate pour lui et ses hommes.

Quels sont vos espoirs pour cette fin de Top 14 ?

« On est huitièmes à deux points des sixièmes. On est encore dans les temps. Nous avons notre destin entre nos mains pour peu que nous alignions quatre victoires. On va s’accrocher pour tenter de décrocher la sixième place ».

Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées tout au long de la saison ?

« La saison est décevante, on n’arrive pas à s’en sortir. On n’a vraiment joué de malchance. Si la saison passée, nous avions été épargnés, ce n’est plus le cas cette année. De nombreux joueurs ont connu des problèmes physiques ou personnels. En partant de là, ça rigole moins. De plus, outre l’absence de Sonny Bill Williams, le départ de Tana pèse. L’aura d’Umaga permettait dans la difficulté à la troupe de se remobiliser. »

« Les moyens de faire de grandes choses »

Sur le papier, l’équipe semble meilleure que la saison passée, mais les résultats sont moins bons. A qui la faute ?

« Je tiens tout d’abord à préciser que je reste persuadé que cette équipe peut encore faire de grandes choses. Ceci étant, la faute, en revient à tout le monde. Nous sommes ici des enfants gâtés. Nous vivons tous dans le confort. Nous sommes gentils et les gentils ne savent pas tuer. Il va falloir que ça vienne. »

On enregistre tout de même quelques déceptions individuelles ?

« Il va falloir, là encore, se dire les choses en face. Certains joueurs ont été mauvais, absents ou décevants. Ils ne méritent pas tous leur salaire car ils n’ont pas évolué au niveau de leurs prétentions. Si Philippe (Saint-André) ne leur dit pas, je leur dirai moi-même dans la semaine. S’ils se vexent et deviennent méchants, ce sera tant mieux. Je ne peux me satisfaire du rendement de quelques-uns ».

Jugez-vous que le jeu manque d’ambition ?

« Ce n’est pas à moi d’en juger même si je m’interroge parfois sur certaines compositions d’équipe. Sinon d’ambition, je sais en revanche qu’on manque de densité physique. Aujourd’hui, on baisse la tête, c’est j’espère pour mieux la relever prochainement. À présent, on n’a plus rien à perdre. On va prendre tous les risques. A chuter, on tombera les armes à la main. Je ne veux pas être éliminé en jouant petit bras. Quel risque prend-on en faisant jouer Gavin Henson en qui je crois beaucoup ? On doit à présent faire preuve de panache. »

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur Saint-André ?

« Il reste à mes yeux l’un des plus compétents techniciens de France. A lui de donner le meilleur de lui-même, de s’occuper du seul RCT. C’est dans les moments difficiles qu’on reconnaît les meilleurs. Je ne me mêlerais pas du sportif. Je laisse faire mais il faut gagner. »

« J’ai des doutes sur le pacte de confiance »

Envisagez-vous la saison prochaine sans H Cup ?

« Si on ne participe pas la saison prochaine à la H Cup, j’en porterais en tout premier lieu la responsabilité. Ce sera d’abord mon échec personnel. Je regarderais alors l’attitude de la ville, des partenaires, des supporters. Si je n’ai plus la confiance des uns et des autres, je ne resterais pas à la tête du club ad vitam aeternam. Le RCT leur appartient. Quand on est président d’un tel club, on passe un pacte de confiance avec la ville. Aujourd’hui, au vu de l’attitude de certains, je doute complètement. »

Quel est votre sentiment profond ?

Aujourd’hui, je ne suis ni content, ni satisfait. Je suis déçu à tous les niveaux. »

Le mois d’avril permettra-t-il au président, assailli par le doute, de rebondir, à l’image de l’ensemble du RCT ? Les quatre matchs de Top 14 à venir et un prochain quart de finale de H Cup pourraient changer beaucoup de choses…

VarMatin