Chris Masoe: « À la fin de la séance de la semaine dernière, nous étions tous morts »

Chris Masoe: « À la fin de la séance de la semaine dernière, nous étions tous morts »

17 avril 2015 - 18:35

1 Commentaire

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sva21q201_pbl_rct presse.JPGIl faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. Ainsi parlait Zarathoustra, le grand prédicateur imaginé par Nietzsche pour donner corps à sa quête du surhumain. Surhumain ? C’est bien le mot, à y réfléchir, qui pourrait qualifier au mieux une victoire toulonnaise ce samedi, laquelle permettrait au RCT de disputer sa septième finale sur les huit compétitions engagées par Bernard Laporte depuis sa prise de fonctions, en attendant par la suite le verdict des phases finales du championnat. Surhumain ? Le mot serait parfait, là encore, pour désigner le Graal poursuivi par la bande de Carl Hayman, à savoir une troisième couronne européenne consécutive, un exploit encore jamais réalisé et qui obsède désormais le RCT.

« En début de saison, on se cherche toujours des objectifs, soufflait le président Mourad Boudjellal, avant de se risquer à une psychanalyse toute personnelle… Notre libido sportive, c’est ce troisième titre en Coupe d’Europe. Le reste, le Top 14, c’est davantage de la perversion. »

Alors, plutôt freudien ou nietzchéen, le RCT ? On laissera le sulfureux Michel Onfray gloser seul sur ce terrain glissant, pour se borner à constater l’évidence : s’il faut beaucoup de chaos en soi pour décrocher des étoiles, alors il ne faut chercher nulle part ailleurs la recette des succès varois ces dernières saisons. Combien de clubs au monde peuvent-ils ainsi enregistrer le départ de leur entraîneur des trois-quarts à une semaine de demi-finale de Coupe d’Europe ? Ne cherchez pas… « On avait trouvé un accord avec Pierre, mais il avait envie d’être numéro un, ce qui ne pouvait pas être le cas à Toulon, déplorait  Boudjellal un brin chafouin. Quand vous avez une maîtresse et que vous rentrez le soir à la maison, vous pensez d’avantage à votre maîtresse qu’à votre légitime… J’aimerais qu’il reste concentré sur son foyer jusqu’à la fin de la saison. »

POUR PIERROT COMME POUR JONNY

Une déclaration peu amène, qui situe bien le léger malaise perçu autour le stade Ange-Siccardi en début de semaine. Une tension larvée dont les Toulonnais, en maîtres du chaos, souhaitaient faire un atout. « Il faut s’appuyer là-dessus, bien sûr, confirmait Bernard Laporte. Pierre est très aimé du vestiaire et la meilleure manière pour les
joueurs de lui montrer cet amour, c’est de gagner les matchs qu’il nous reste à vivre ensemble. »

Un ressort éternel, dont Bryan Habana se faisait également l’écho. « Tout le monde a envie de faire à Pierre Mignoni le même cadeau que nous avons pu faire à Jonny, parce qu’il est un très bon entraîneur et le mérite. Tout le monde était très triste d’apprendre son départ. Il nous a parlé mardi matin, et nous a assuré qu’il donnerait le meilleur pour nous jusqu’à la fin de la saison. Nous ne pouvons que lui promettre la même chose. » « Cela fait quatre ans que Pierrot nous entraîne, il a vécu beaucoup de choses, remporté tous nos titres, prolongeait le demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde. Il est à fond dans l’aventure, tout comme les joueurs qui vont nous quitter à l’issue de la saison. Après tout ce que nous avons vécu, on ne veut pas qu’ils partent sur une défaite. »

HABANA : « L’ÉQUIPE VIT QUELQUE CHOSE D’ENCORE PLUS FORT QUE L’AN DERNIER »

Le mot est lâché. Au vrai, le cas de Pierre Mignoni, très apprécié notamment des joueurs étrangers, ne fait que confirmer la situation de fin de cycle qui se profile au RCT. C’est en effet un pacte que se sont promis les joueurs toulonnais : celui de permettre aux Hayman, Botha, Masoe – qui ont tous refusé la proposition qui leur a été
faite d’un contrat de joker Coupe du monde la saison prochaine- Williams et Wulf de quitter le club tous ensemble, sur un dernier titre. Histoire de boucler la boucle, de la meilleure des façons…

« L’an dernier, au mois de janvier, nous avons connu quelques soucis en championnat, se souvenait Bryan Habana. L’équipe s’est resserrée autour de Jonny Wilkinson (notamment après la défaite à domicile devant Grenoble, N.D.L.R.) et a grandi, jusqu’à enchaîner les victoires et remporter ces deux titres. Depuis la retraite de Jonny, d’autres leaders se sont levés, comme Carl Hayman, Ali Williams, Bakkies Botha, Chris Masoe. Toute l’équipe veut donner le maximum pour eux. En termes de motivation, ce n’est pas différent de l’an dernier, mais humainement, l’équipe vit quelque chose d’encore plus fort. »

« VENDREDI, NOUS ÉTIONS TOUS MORTS… »

Parce que la dynamique de groupe est encore différente. Parce que les joueurs nommés par l’ailier aux 106 sélections et 57 essais chez les Springboks ne constituent pas seulement qu’une armada de grognards considérés à leur âge d’or
comme les meilleurs joueurs du monde, mais une vraie bande de copains, bien décidée à tout mettre en oeuvre pour parvenir à son objectif.

« Vendredi dernier, nous confiait Chris Masoe, le jour où l’équipe est partie à Grenoble, avec les autres joueurs mis au repos, nous avons eu droit à une séance de folie concoctée par Gilles Allou et Bobby. »

Bobby ? Ou plutôt Paul Stridgeon, lequel a hérité lors de ses débuts avec les Wasps en référence à Waterboy, nanar culte des années 90… Une référence dont Stridgeon s’est toutefois affranchi par la suite, au point de devenir le préparateur physique du XV de la Rose et des Lions, avant d’arriver à Toulon en fin de saison dernière, dans le but de guider le RCT sur la route du doublé, sur recommandation de Jonny Wilkinson himself. Le tout pour un autre résultat que celui obtenu un an plus tôt par Tiburce Darou…

« Il nous a fait sacrément souffrir, se marrait Masoe. Et il continue… À la fin de la séance de la semaine dernière, nous étions tous morts. » Et le All Black de se mimer gisant sur la pelouse de Berg, en compagnie de Bakkies Botha, Ali Williams et les autres. Dépouillés pour se donner toutes les chances de terminer sur la meilleure des notes, à l’image d’un Bakkies Botha revenu à son poids de 2003… Un signe évident, parmi tant d’autres, qui assure que plus personne ne trichera dans la dernière ligne droite.

« Après quinze ans à avoir évolué au plus haut niveau sur tous les terrains du monde, on mesure mieux le chemin parcouru, et celui qu’il reste à faire, nous confiait la capitaine Carl Hayman après la réception des Wasps. Désormais, il ne nous reste plus qu’une dizaine de matchs à disputer tous ensemble. Et plus que deux pour décrocher une troisième étoile. »

Une quête qui anime désormais les « vieux » du RCT, malgré tous les soubresauts internes. Chaos debout. Alors, surhumains, ces types- là ? On le jurerait, oui. Et il se pourrait bien qu’on le vérifie encore dès dimanche…

Source: Midi Olympique

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1 Commentaire

  1. bison25 18 avril 2015 à 15h- Répondre

    Et ben ça doit être quelque chose quand même ! 😛 :sweat: 😥