Dans son appartement toulonnais, Mathieu Bastareaud a accroché l’oeuvre d’un artiste qui met en scène ses héros.

« Là, vous voyez, c’est Dragon Ball Z. » Devant notre air ahuri, Mathieu Bastareaud explose de rire : « Mais enfin, normalement, tout le monde doit connaître Dragon Ball Z ! » Ben non…

Dans son appartement lumineux, d’où on aperçoit la mer, les bouquins de mangas – sa passion – sont immanquables, méticuleusement classés. Dans le large couloir d’entrée, il y a ce mur d’images, de 2,50 m x 3 mètres qu’il a commandé à Mathieu Rossolini, un artiste. « Basta » voulait un truc qui lui ressemble. Naruto, Luffy – « d’où le nom de mon chien » –, Nicky Larson, Sangoku, personnages de mangas, « souvent des losers qui deviennent des héros », sont là. Avec la Guadeloupe, Bob Marley, la tour Eiffel… Et des sportifs. Mathieu raconte ses choix.

MYKE TYSON

« Un phénomène. Il est fou ! C’est allé trop haut, trop vite. Ça reste un des plus grands boxeurs de tous les temps, champion du monde à vingt ans. La boxe m’aurait plu ? Oui, mais il m’aurait manqué l’aspect méchant. Tyson disait que quand il frappait un gars en plein visage, il s’imaginait en train de lui transpercer la tête ! Je n’aurais jamais pu, ça m’aurait bloqué… C’est en lisant sa biographie, sur des petits trucs, même si on n’a pas la même personnalité, et avec un entourage qui reste le même (journalistes, agents, fans), que j’ai pensé : pour moi aussi, c’est allé trop haut, trop vite, c’est sûr. »

MICHAEL JORDAN

« Un des plus grands de l’histoire, tous sports confondus. Et quelle aura ! Quand tu vois la façon dont ses coéquipiers parlent de lui… C’est un peu comme nous, lorsqu’on parle de Jonny (Wilkinson). Il dégage quelque chose. Être à côté de lui, ça te transforme. Je n’ai jamais joué au basket. J’étais plus foot, avec les copains de ma cité. »

JONAH LOMU

« Coupe du monde 1995, je regarde du rugby pour la première fois de ma vie. Il marche sur tout le monde. J’étais petit (7 ans), mais je m’en souviens très bien. Un joueur de couleur, forcément, c’était beaucoup plus simple pour moi de m’identifier à lui. Et c’est le premier gabarit vraiment impressionnant : un gabarit de deuxième-ligne qui courait le 100 mètres en 10 secondes et quelques. Quand il avait le ballon, il pouvait faire un démarrage et allait marquer tout seul. Il n’y a eu que lui pour faire ça. »

ÉRIC CANTONA

« Je l’ai découvert en parcourant des vidéos. Un Français qui s’impose en Angleterre, il y en a eu peu. J’aime bien les mecs qui ont des caractères comme Canto, qui vont au bout de ce qu’ils pensent. Élu joueur du siècle à Manchester United, ce n’est pas rien, quand il y a eu Best et Charlton avant toi. J’adore le personnage : col relevé, torse haut, fier. Quelle prestance ! Il était toujours dans la différence. À l’époque, il devait intimider pas mal de joueurs… (Sourire.) »

MUHAMMAD ALI

« Le plus grand des plus grands. Le génie. C’est mon père qui me l’a fait découvrir. Il était un grand fan. Il me parlait des combats contre Foreman, Sonny Liston… Il était facile, Ali. J’ai vu le film du combat à Kinshasa (30 octobre 1974, succès sur George Foreman). Mon père me faisait souvent regarder des documentaires de sport ou des rétros. »

BOB MARLEY

« Mon frère et ma soeur écoutaient sa musique. J’ai vu le film sur sa vie. J’aime ce qu’il dégage : la paix. Il a chanté à Mayol (en juin 1980, moins d’un an avant son décès), ça m’a interpellé. Sur mon mur, il y a aussi un bonnet des West Indies en signe d’identification et pour rejoindre le thème rastafari vert-jaune-rouge. »

LA TOUR EIFFEL

« Un clin d’oeil à mes origines, tout bêtement. Ma ville. Je n’étais pas si loin que ça de la tour Eiffel, à Quincy-sous-Sénart (Essonne, à 25 kilomètres au sud-est de Paris), mais on ne la voyait pas de chez moi. (Malicieux.) Et puis, c’est aussi pour le PSG, mon club de coeur, qui a la tour Eiffel sur le maillot. »

Source: lequipe.fr