Fernandez Lobbe: « On a mis un peu de sable pour monter Toulon où il est »

Fernandez Lobbe: « On a mis un peu de sable pour monter Toulon où il est »

19 avril 2015 - 11:00

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lobbeJuan Martin Fernandez Lobbe, leader du vestiaire toulonnais, retrouve une place de titulaire  pour affronter le Leinster. Il insiste sur le lien très fort qui unit les joueurs du RCT, venus d’horizons très divers.

Remplaçant en quarts de finale face aux Wasps (victoire 32-18), l’Argentin Juan Fernandez Lobbe (33 ans, 61 sél.) retrouve sa place dans la troisième ligne de Toulon. « Les mecs sont plus grands, plus costauds, plus rapides qu’avant. Mais il y a de la place pour chaque profil », estime le Puma, un des joueurs les plus intelligents à son poste. « J’essaie de bien comprendre le jeu pour être placé avant les autres. Être sous les chandelles, ce n’est pas que courir », sourit-il.

« Il y a peu, vous nous confiiez avoir eu très peur du Leinster, en quarts de finale l’an dernier, et ça s’était finalement bien passé (29-14). Avez-vous les mêmes craintes cette fois ?

(Convaincu.) Mais bien sûr ! Ils ont été trois fois champions d’Europe en quatre ans(2009, 2011, 2012). L’an dernier, ça faisait 6-6 à la mi-temps… On a fait une très bonne semaine d’entraînement, on est excités juste ce qu’il faut. Et on va jouer à Marseille… Super ! Rendez-vous compte : je suis à la maison (hier matin) et demain (aujourd’hui), je joue une demi-finale de Coupe d’Europe pas loin de chez moi, dans un stade en rouge et noir. C’est une chance !

Aujourd’hui, reconnaissez-vous le RCT où vous êtes arrivé en 2009 ?

– Oui, je le reconnais. Mais je sais où on était. Parfois, je parle avec des joueurs qui viennent d’arriver et me disent : “Regarde ça, on peut mieux faire.” Je leur explique qu’on vient de loin… Chaque fois que je parle du club, je dis qu’on va dans la bonne direction, que l’on progresse partout chaque année. Pendant six mois, à mes débuts, on n’avait pas de salle de muscu, elle était en construction. On allait chez la Marine… Je suis arrivé l’année de la transition, je crois. Mais c’est sympa de voir qu’on a mis un peu de sable pour monter Toulon où il est (sic).

On dit que vous êtes le chef du vestiaire en raison de votre aura, votre charisme…

– Je comprends ces mots mais je ne sais pas quoi vous répondre…

Philippe Saint-André, qui vous a entraîné à Sale puis à Toulon, le disait aussi.

– (Gêné.) Je ne fais rien de différent (des autres). On sait tous qu’on est là pour jouer au rugby, on se respecte beaucoup. On a 10 000 exemples de joueurs qui ont tout gagné, qui sont venus à Toulon et jouent pour les autres. J’aime bien chambrer, tout le monde rigole de mon accent. Il est marrant en français, non ? Voilà… (Il s’anime.) J’ai appris qu’on est là pour s’amuser, même dans les mauvais moments. Au début de ma carrière, j’étais trop stressé, je voulais tout contrôler, mais, à la fin, tu ne peux contrôler que ce que tu peux. Même quand on a des périodes “noires” – un match perdu à la maison, ici, c’est la folie –, on sait que si on reste tranquille, avec la qualité qu’a cette équipe, ça va aller. Ici, tout le monde est tellement passionné par ce club que si on fait trois matches pourris d’affilée, ils voudront tous nous “tuer” (sourire). Ça me plaît.

Jonny Wilkinson a dit aux anciens champions de France de 1992 leur chance d’être tous à Toulon, précisant : ”Nous, on sera partout dans le monde, on ne se verra pas. ”

– On ne se verra pas pendant longtemps, peut-être, mais si on se croise n’importe où, dans trente-cinq ans, on va bien s’embrasser et rigoler toute la journée. Vous comprenez ? Il y a des choses fortes gravées à vie entre nous.

Vous vivez votre rugby pour ces choses-là?

On a de la chance, on ne peut pas dire autre chose. On passe la journée à courir après un ballon comme des gosses. Et on a le soleil 90 % de l’année. Tous les après-midi, je suis avec mes fils (Felipe et Jaime). Je sais bien que ça ne durera pas toute la vie, ce n’est pas possible. C’est pour ça que je m’amuse.

« DANS LE COULOIR DU MILLENNIUM, ON CHANTAIT : “CAMPEON, CAMPEON !” »

Vous êtes un grand ami de Jonny Wilkinson. Que vous a-t-il apporté ?

– (Enthousiaste.) Beaucoup, beaucoup de choses. Si je devais parler de ce qu’il m’a apporté sur le terrain, ça prendrait trop de temps. Mais dans la vie, sa façon d’être… On ne peut pas trouver un faux pas de Jonny, dans sa vie. C’est un mec trop, trop bien, avec un gros coeur. Quand on voit Jonny, on ne peut pas se prendre pour un autre.

Quelle limite fixez-vous au courage sur le terrain ?

– L’inconscience. Tu dois être un peu fou pour jouer au rugby, c’est sûr, avec les chocs qu’il y a. Mais il faut de la clairvoyance pour ne pas dépasser les limites, être trop indiscipliné. La saison dernière, je prends un carton jaune en demi-finales (face au Munster, 24-16) et en finale de la Coupe d’Europe (contre les Saracens, 23-6). À un moment, je me suis dit : “Allez Juan, c’est un peu trop.”

Quelle est la première image de Coupe d’Europe qui vous revient ?

(Il réfléchit longuement.) On me parle souvent du une-deux avec Juanne Smith en finale l’an passé. On me dit : “Tu aurais pu marquer !” Mais non ! Il ne restait que 10 mètres, mais j’étais incapable de les faire. Je me souviens de cette finale à Cardiff pour autre chose. J’avais cinq amis proches, tous nés en 1981 comme moi, venus exprès pour les deux finales (Europe et Top 14, gagnée contre Castres, 18-10). Ils sont descendus sur le terrain avec moi, dans le vestiaire. On se connaît depuis l’âge de quatre ans, on jouait ensemble à Buenos Aires, et quand tu vois leurs visages en tribunes… (ému). Dans le couloir du Millennium, on chantait en espagnol : “Campeon, campeon !” Un truc de fous ! Mes amis sont marqués à vie. Moi aussi. »

Source: lequipe.fr

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1 Commentaire

  1. ago 19 avril 2015 à 15h- Répondre

    Campeon…campeon Juan Martin Fernandez