Il est apparu vers dix heures, hier matin au centre d’entraînement de Berg, en tenue de rugbyman et souriant aux côtés de Paul Sackey. Direction la salle de musculation, non sans quelques arrêts imposés par les nombreux supporters présents.

« Oui, oui, je reste. J’ai appris ça, ce matin de la bouche du président Boudjellal et j’en suis très heureux ! », a confié le banni des deux dernières semaines, avec la moue de celui qui est passé près de l’échafaud. Il n’en dira pas plus.

Un peu plus tôt dans la matinée, le joueur a eu un entretien avec le groupe, sans la présence des entraîneurs et de son président afin de justifier son retour.

Sa tête n’a pas été demandée

Mis à pied en raison d’une altercation survenue le 16 avril dernier entre joueurs (*), le trois-quarts centre gallois réintègre donc l’effectif jusqu’à la fin de la saison. Nouveau coup de théâtre au sein de la maison rouge et noire !

« Un avis a été demandé au groupe tout entier. Cela a fait l’objet de longues discussions et la demande de se séparer de Gavin Henson n’en est pas ressortie. À partir du moment où le groupe et le staff ne me demandaient pas la tête de Gavin Henson, j’ai estimé qu’il n’y avait pas de raison de la couper. Aujourd’hui, le groupe est prêt à rayer cette soirée et repartir sur de nouvelles bases », a expliqué Mourad Boudjellal lors d’une conférence de presse organisée à la hâte au Café RCT, en début d’après-midi.

« Il a pris un carton jaune. Pas encore un rouge », a commenté pour sa part Philippe Saint-André.

« On a été clair avec lui, a poursuivi le président du RCT. On ne lui donne pas une deuxième chance, mais une dernière chance. Il est sans filets. Il sait qu’au prochain incident, il n’y aura pas de sommation avant de tirer. Le dossier est clos et j’espère qu’il ne sera pas rouvert ».

Si elle a enfin trouvé un épilogue, cette affaire a flirté avec le rocambolesque. Dans un premier temps et après dix jours de mise à pied du joueur, le club avait décidé de se séparer de Gavin Henson. Celui-ci avait été convoqué mardi dernier pour l’entretien préalable à son licenciement. Le Gallois ne s’était pas présenté le jour même, mais avait finalement rencontré son président le lendemain. À l’issue de cet échange, Mourad Boudjellal avait souhaité « un complément d’enquête ».

Torts partagés

Qu’en est-il ressorti ? Mourad Boudjellal ne dira pas tout : « Ce n’est pas aussi simple avec d’un côté les bons et de l’autre les méchants. Tous les torts ne sont pas de son côté. Lors de cette soirée, des gens auraient dû prendre Gavin manu militari pour le ramener chez lui et le coucher et peut-être pas continuer à faire de la surenchère. Gavin a peut-être dit des choses qui ont dépassé sa pensée. En tout cas, il avait l’air de les regretter sincèrement et d’avoir une véritable envie de rester à Toulon et de se défoncer pour ce club. Nous en avons tenu compte. »

Si les torts semblent donc partagés, les sanctions ne l’ont, pour l’instant, pas été. Un point plus complet sera fait en fin de saison avec tous les protagonistes.

Pendant sa mise à pied, le Gallois a continué à s’entraîner à part et postulera donc pour une place dans les vingt-trois retenus pour disputer le math à Montpellier, samedi.

Reste à savoir comment le groupe aura digéré ce énième soubresaut dans une saison parsemée de chausse-trapes. Le président Boudjellal veut y voir un signe de cohésion supplémentaire. Espérons que sa prédiction soit bonne…