Lors d’un long entretien accordé au quotidien L’équipe, le polyvalent trois-quarts Australien James O’Connor a évoqué divers sujets, dont ses problèmes avec la Fédération Australienne, sa joie de jouer pour Toulon ou encore sa vie de tous les jours sur la Rade.

Pour rappel, James O’Connor a été licencié par la Fédération Australienne de Rugby à cause d’une succession de petits incidents. Le dernier en date remonte en septembre 2013, lorsque le joueur Australien s’apprêtait à partir en vacances avec sa copine. Ce-dernier est arrivé en état d’ébriété et s’est vu refuser l’accès à l’avion. Extrait: 

« Peut-être que certaines personnes, à Toulon, connaissent mon histoire, mais je n’en suis pas sûr. Et, surtout, elles s’en fichent. Ça me va. J’étais saoul. Définitivement, c’était une erreur. Et c’est arrivé après deux ou trois autres choses, dont un entraînement manqué sans justification. Le lendemain, c’était dans tous les journaux. L’équipe nationale, sur laquelle il y avait beaucoup de pression, en a souffert. C’est une chose à laquelle je n’avais pas pensé… »

Sélectionné pour la première fois avec les Wallabies à même pas 18 ans, James O’Connor avoue que tout est allé très vite pour lui. Extrait:

« J’ai revu des vidéos de moi à dix-huit ans quand j’ai commencé avec les Wallabies. Je ne sais pas trop comment je faisais pour être là… Je n’avais pas le mental pour encaisser ça, mon jeu n’était pas au niveau requis. »

Il avoue qu’en Australie, les personnalités sont scrutées et n’ont pas le droit à l’erreur, sans quoi elles risquent d’être lynchées dans les médias. Extrait:

« En Australie, quand vous êtes une personnalité publique, vous devez être un modèle pour les jeunes. C’est un privilège mais, du coup, on est scruté sans arrêt. On guette votre prochaine erreur. L’attente est tellement forte que, dès qu’on fait un pas de travers, on en prend plein la gueule. Je suis devenu une autre personne. À Londres, j’ai appris sur moi-même, pour m’améliorer. De ma saison aux London Irish, j’ai compris que c’est l’équipe qui vient avant l’individu. Toutes ces petites choses que je faisais en Australie, pas forcément intentionnellement, mais qui pouvaient affecter l’équipe. »

Ensuite, James O’Connor évoque son arrivée au sein du Rugby Club Toulonnais. Selon lui, il s’agit de la meilleure équipe du monde. Extrait:

« Le RCT, que je considère comme le meilleur club du monde, était une vraie occasion pour grimper une nouvelle ­marche dans ma carrière. Je suis vraiment heureux de ce que j’ai trouvé ici. J’adore l’endroit où je vis, entre le Pradet et Carqueiranne, juste au-dessus d’une plage naturiste. Si on y est allés avec Bridget ? Oui… mais on a gardé nos maillots ! Je peux toujours boire un verre, mais je choisis mieux mes moments. Je veux juste m’amuser, comme n’importe qui, avec des gens sympas. Tenez, j’ai découvert la pétanque, j’y joue avec des potes rencontrés ici. Ici, à Carqueiranne, je fais du paddlebord, je plonge des rochers. »

Pour autant, l’équipe nationale d’Australie lui manque. Il se souvient de ses débuts avec les Wallabies, lorsqu’il jouait aux côtés de Matt Giteau et Drew Mitchell. Extrait:

« C’était formidable de jouer pour l’équipe nationale, à mes débuts. Il y avait plein de grands joueurs comme Matt ­Giteau, Drew Mitchell… J’étais avec d’autres jeunes comme Adam Ashley-Cooper, Quade Cooper… Ou des gars qui finissaient leur carrière comme Stirling Mortlock qui m’a beaucoup aidé, côté terrain.. Mais tout ça est arrivé trop vite. Du coup, je ne me régalais pas en rugby ni dans ma vie autant que je l’aurais voulu. Ç’a été une période difficile. »

A Toulon, il côtoie les meilleurs joueurs du monde. Il avoue que c’est une magnifique opportunité de progresser. Par la même occasion, il en profite pour préciser qu’il n’a pas la grosse tête. Extrait: 

« En Australie, on prétend que j’ai un gros ego. Je vous assure que non, sincèrement. Ici, je suis un parmi les autres. C’est très bien pour moi de jouer avec des mecs au sommet de ce jeu. Quand vous avez Carl Hayman, Ali Williams, Bakkies (Botha), Bryan Habana, Matt (Giteau), Drew (Mitchell)… tous ces joueurs en or venus du monde entier. Cet éloignement crée un lien et fait que cette équipe est spéciale : magnifique et incroyable. »

Pour conclure, il évoque son manager Bernard Laporte. Il explique n’avoir jamais eu un coach aussi direct. Extrait:

« La première chose que Bernard m’ait dite, dans le vestiaire, c’est : “James, tu comptes plaquer aujourd’hui ? Oui ? Bon, alors, arrête de te toucher les cheveux, c’est des épaules que tu as besoin. ” » Welcome ! « Je n’ai ­jamais vu un coach aussi direct, mais j’aime sa façon de fonctionner. C’était devant tous les joueurs, mais tellement drôle. J’ai ri. »

En janvier, James O’Connor quittera Toulon pour rallier l’Australie et tenter sa chance avec les Queensland Reds. Il espère être retenu dans le squad des Wallabies. Extrait:

 « On a discuté avec Ewen. C’était très positif. Mais il ne peut évidemment pas me garantir une place dans le squad. Aucun coach ne peut faire ça ! Il y a plein de gars qui jouent bien, sont affamés. Je dois d’abord rentrer en Australie et prouver »

A l’issue de la Coupe du monde, il explique avoir envie de revenir à Toulon, mais ce-dernier a signé un contrat de 2 ans avec la franchise des Reds. Extrait:

 « J’aimerais revenir, mais j’aurai d’abord, je l’espère, une Coupe du monde à préparer, près de ma famille, mes amis . »