Jonny Wilkinson: « La déception, c’est la chose la plus difficile avec laquelle vivre »

Jonny Wilkinson: « La déception, c’est la chose la plus difficile avec laquelle vivre »

30 janvier 2014 - 10:44

11 Commentaires

Publicité

Rugby: Top 14 -Toulon / Lyon - 15/01/2012 -Lors d’un long entretien accordé à L’équipe, l’ouvreur Toulonnais Jonny Wilkinson a accepté d’évoquer ses état d’âme à l’issue d’une défaite lors d’un match en Top 14.

Ainsi, l’ouvreur Anglais revient sur la déception après la défaite du Rugby Club Toulonnais contre Brive, le week-end dernier. Aussi, Jonny Wilkinson évoque la courte défaite à Toulouse (13-12) et son manque de réussite au pied dans les derniers instants de jeu.

Le joueur Toulonnais se confie et se dévoile. Extrait:

Lorsque vous perdez à Brive samedi dernier, que votre équipe n’est vraiment pas bonne, une fois posé dans le bus, quel sentiment vous anime : la déception, la honte ?

– La déception, on l’a. C’est la chose la plus difficile avec laquelle vivre. Quand ça ne va pas, je sais que c’est fini, que je ne retrouverai jamais la même opportunité… C’est un truc impossible à vivre. Dans le bus, je dois travailler très, très fort, pour maîtriser mes pensées. Mais, heureusement, ce que je ressens comme intensité de déception me sert très vite de motivation pour le prochain match.

Ça ne dure donc pas des jours et des jours…

– C’est toujours là, mais je l’utilise comme énergie positive. Je peux me rappeler de tous les matches difficiles pour moi, dans ma carrière. Si tu me dis : “Alors, ce match-là ?” Je me souviens exactement des moments où je voulais faire ça et j’ai échoué. Ça reste dans la tête, dans le disque dur. En même temps, si je trouvais plus facile de dire : “O.K., ce n’était pas un bon match, mais ça arrive dans la vie”, je n’aurais plus d’énergie. Je déteste cette sensation d’être super déçu mais, en même temps, je me permets de ressentir les choses jusqu’au fond de moi car j’en ai besoin.

À Toulouse, en octobre, vous ratez un drop à la fin (défaite 13-12). On a dit que vous pleuriez dans le vestiaire, que vous étiez au trente-sixième dessous…

– J’imagine que c’est pareil pour beaucoup de monde : ça arrive, mais mon problème est que je ne peux pas m’échapper. Je vois comme une marque noire sur moi et je sais qu’elle est là, permanente. C’est ça qui me tue… La déception fait que je me trouve toujours sur le point de dire : c’est fini. Mais, il y a une deuxième solution : s’améliorer pour réussir la prochaine fois. Pourquoi ? Parce que si j’ai déçu les autres, je vais travailler plus et plus encore, afin que ça n’arrive plus jamais (sourire). Ou le moins souvent possible. À Toulouse, quand je rate le drop, ce n’est pas du tout une affaire individuelle, je m’en fous de ça. Mais je vois les autres dans le vestiaire, comment ils ont travaillé pendant ce match avec une équipe qui a pas mal de jeunes. À la fin, c’était à moi d’apporter ma part (voix étranglée). Je n’en ai pas été capable… Tout de suite après, j’aurais voulu me cacher dans un trou si j’avais pu en trouver un. En même temps, je sais très bien que le lendemain matin je serai sur le terrain… Mon problème est que quand ça va mieux, je ne prends jamais le temps de dire : “O.K., c’est fantastique !” Les bons moments passent trop vite, car je pense au prochain match…

C’est votre côté obsessionnel…

– Exactement. Et c’est un regret. On ne peut pas tout contrôler, c’est un peu bête à dire… Mais je veux tout ce qu’il y a de mieux pour l’équipe. Je me prépare pour jouer mon rôle, mon boulot, et si ça ne va pas, je ne peux pas me trouver d’excuse.

Vous avez alors un sentiment de culpabilité ?

– Oui. Et je parle à ma femme, mon frère, un autre proche, et je fais un discours très long. Je sais très bien qu’à l’autre au bout du fil, il fait (il mime quelqu’un faisant semblant d’écouter) : “Oui… je sais… je sais…” Il me laisse parler pendant des heures, dire que j’ai fait ça, que j’ai déçu tous les autres, que je ne peux pas vivre avec ça… Puis il me dit : “O.K., et qu’est-ce que tu vas faire maintenant ?” Il faut que je m’exprime, que je me vide… Mais si j’en parle trop longtemps, il me faudra encore deux jours pour me vider (sourire). Mais ça me sert de leçon. Je me demande toujours : “À ma place, que ferait le joueur parfait ?” Il ferait ça et ça. Et j’essaie de faire mieux que lui… (Il rit.)

Vous dormez, parfois ?

– (Il réfléchit.) C’est intéressant… Ma femme le sait bien ; après les défaites, comme à Toulouse ou à Mayol contre Grenoble (21-22, le 4 janvier), je la préviens : ce soir, il vaut mieux me laisser tranquille… Je dors peut-être une heure, je me réveille en panique à 5 ou 6 heures… Ça dure un ou deux jours, mais ça me renforce.

Quand vous avez perdu à Toulouse, vous n’avez quand même pas annulé votre mariage deux jours plus tard…

– (Il rit.) Non, heureusement ! C’est incroyable, ça. Les moments bien, comme mon mariage, arrivent tout le temps quand j’ai fait des choses incroyables… Mais c’est complètement moi. Je veux que ça reste comme ça jusqu’à la fin de ma carrière, que les matches restent aussi importants pour moi, que je souffre. Quand je ne souffrirai plus, ce sera le moment de dire stop. Le jour où je me dirai que je ne réussis pas pour l’équipe et que ce n’est pas grave…

En finale de Coupe d’Europe remportée en mai dernier contre Clermont (16-15), on aurait dit que vous aviez douze ans. Vous avez revu les images ?

– (Son visage s’éclaire.) Oui, oui, je les ai vues. À la fin de la saison, quand tout est fini, c’est le moment de dire O.K. Pendant la saison, il y a toujours le prochain match. La nuit de Dublin, je n’ai pensé qu’aux demi-finales à venir de Top 14 (victoire contre Toulouse, 24-9). Après le match, je me suis permis peut-être une heure et demie de dire : “Je vais me perdre dans cette situation.”Mais j’ai vite pensé qu’il y avait autre chose à faire. C’est comme en 2003, quand j’ai gagné la Coupe du monde (avec l’Angleterre), je ne pouvais pas dire : “Oui, c’est magnifique !” O.K., c’est magnifique, mais c’est au milieu de la carrière, et il restait des choses à faire avec l’Angleterre, avec Newcastle…

Vous sentez-vous prêt, le cas échéant, pour l’après-rugby ?

– Je sais comment j’ai vécu pendant des années, sans le rugby, quand j’étais blessé. Le problème va peut-être revenir mais, cette fois, ce sera ma décision. Et ça aidera, peut-être, à la situation. Mais je dois me préparer mentalement à vivre sans la pression, sans une équipe, sans le quotidien où je me vois dans un rôle super intense et important. »

Publicité

11 Commentaires

  1. PHIL DE FIGA 30 janvier 2014 à 10h- Répondre

    …………………..
    Simply the Best !!

  2. Dédé 30 janvier 2014 à 10h- Répondre

    Un vrai professionnel ! Un vrai de vrai ! exceptionnel!

  3. Georges 30 janvier 2014 à 11h- Répondre

    :-* :yes: L’exemplarité d’un philosophe Quantique..et dire qu’à son arrivée , nous souvenons qu’on l’avait traité de.. » petit bonhomme en verre.. »..sic..sic..de Murano… assurément devait-il s’entendre !!.. »..l’implacable ironie des nébuleuses. »….de quelques uns..en aurait ironisé…MALRAUX..épicétou. :beer: .Allez TOULON…

  4. la rafale 30 janvier 2014 à 11h- Répondre

    Il faut garder Wilko, avec une autre gestion en N°10.
    Si on veut être plus offensif mettre Giteau avec Mermoz et Basta au centre.
    Faire rentrer Wilko selon la tournure des matches et titulaire selon les matches.
    Les deux matches à l’extérieur les plus aboutis à Biarritz et à Toulouse, le poste de 10 a été partagé.
    Wilko ne doit plus faire les matches et la saison entière à commencer par la fin de cette saison. Et le décharger dans le jeu au pied sur le côté droit.

  5. Valéria 30 janvier 2014 à 11h- Répondre

    :inlove: Sacré JONNY,et en plus de son éblouissante classe,parle avec humilité de DÉCEPTION!! sais parler aux femmes; pour cela qu’on l’adore TOUTES ! (Il n’est de véritable DECEPTION que de ce qu’on aime ! « ..GEORGES Bernanos!

  6. Denis 30 janvier 2014 à 11h- Répondre

    Je ne vois pas « Wilko » jouer les doublures, s’il se sent de faire une saison de plus ce sera pour être titulaire; comment pourrait-il en être autrement ? Je ne le vois même pas intégrer le staff des entraîneurs s’il arrêtait de jouer. Par contre, je le verrai bien comme « coach particulier » auprès de joueurs souhaitant se perfectionner au poste de
    N°10 et de buteur, ou bien comme formateur auprès des jeunes et pourquoi pas ici à Toulon ! Imaginez de futurs Wilkinson issus du club 😉

  7. la rafale 30 janvier 2014 à 11h- Répondre

    A Biarritz Wilko sort à 20mn de la fin. Giteau le remplace et nous fait gagner. Si Wilko reste on aurait été la seule équipe à perdre à Biarritz avec Montpellier.
    C’est bien qu’il soit sur le terrain mais que 50mn ou une heure.
    Chaque match le staff amène des remplaçants derrière qui ne rentrent jamais. Aucun changement tactique malgré la tournure des matches. Cela aurait peut être changé les choses à Oyonnax, contre Grenoble 2 fois , à Castres.

    • chepa 30 janvier 2014 à 18h- Répondre

      Contre Exeter à Mayol c’est Jonny qui nous fait gagner le bonus offensif et sans son entrée on aurait sans doute perdu; Exeter était à 6 points et on déjouait complètement. Matt le dit lui même, Wilko rassure tout le monde; défend, attaque et se donne toujours à fond. Alors La Rafale; on sait que tu n’aimes pas Wilko mais tous ses coéqupiers l’apprécient et ont besoin de lui; y compris Matt qui préfère jouer avec Wilko que sans (l’inverse est vrai aussi d’ailleurs).Par contre pour les tirs au but avec Halfpenny ça pourrait le soulager physiquement et mentalement de partager la tâche.Et dans les matchs que tu cites, si Jonny ne sort pas c’est que les avants défaillent et là, c’est le seul capable de sauver les meubles même s’il se rate parfois.

  8. oeildepétugue 30 janvier 2014 à 12h- Répondre

    Avec des si on mettrait Le Faron en bouteille ,…. mais si on avanlancher de courrier Johnny pour qu’il reste , a n’importe quel poste ou responsabilité , et qu’il sente que les meilleurs supporteurs de l’Univers sont unanimes pour lui demander de rester peut être cela faciliterai sa décision . C’est pourquoi je dis avalanche de courrier pour qu’il ressente que ce n’est pas l’envie de quelques uns , mais bien le souhait du peuple Toulonnais . « SI » on est capable de se mobiliser ensemble ?:-) ?:-) ?:-) :worship:

  9. BuldoXV 30 janvier 2014 à 14h- Répondre

    Laissons lui deja finir honorablement sa saison afin qu il nous rajoute un peu plus de bonheur , de satisfactions . Qu il puisse continuer , par sa belle attitude , de tirer vers le haut notre RCT , qui en n a tant besoin actuellement . Avant d anticiper sur l arret de sa belle carriere de joueur exemplaire . Savourons les dernieres prouesses de jeu , que lui seul est capable de nous offrir . Ce garcon est exceptionnel de talent , et ce , a tous les etages . Un gros travailleur accompli , serieux , determinant , sobre et humble surtout . TOUTES CES BELLES QUALITES , Il voudra certainement que pour l avenir , notre beau club s en impreigne . Il restera dans ce sens au RCT , pour aider tous ces collegues a adopter ce bel etat d esptit . Car il sait pertinemment qu il y a encore de tres belles choses a realiser au sein de ce club . C est dans tous les cas un garcon reflechi et qui ne prendra pas , n importe qu elle decision , a la legere . Ce sera je pense la meilleure qui saura le mieux l habiller . Laissons lui le temps de la trouver dans sa belle reflexion . Car , avec un tel talent il peut combler pas mal de postes . MAIS LEQUEL ?:-) ?:-) Lui seul , va le choisir . Et incontestablement , il y sera precieux . a n en pas douter . En tout cas , il AIME TOULON . C EST CLAIR . Aucune crainte a manifester . Cela vaut vraiment le coup d etre PATIENT a son egard . ( fort merite ) 😎 😎 Cet homme , est un enchantement pour la RADE

  10. Nicolas_TB 30 janvier 2014 à 20h- Répondre

    C’est peut être bête mais je suis souvent ému quand je lis ses paroles, et puis ça a un effet boostant je trouve.