La campagne de Bernard Laporte s’annonce dure

La campagne de Bernard Laporte s’annonce dure

1 septembre 2015 - 10:38

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bernard-laporte-19-oct-2007.1194070668Le manager de Toulon lance officiellement ce soir sa campagne pour prendre la tête de la Fédération française de rugby. Son réseau et son sens de la communication inquiètent le pouvoir en place.

Il a soigneusement décidé du site de lancement. Gaillac. Sa ville. Son premier club. Un fief du rugby amateur. On peut croire à un choix sentimental, mais il est aussi politique. Ce soir, dans la salle des fêtes de sa cité tarnaise, Bernard Laporte lancera officiellement sa campagne pour la présidence de la Fédération, présentera ses soutiens, parlera sans doute encore des élus fédéraux avec des mots acerbes, redira peut-être tout le mal qu’il pense du projet de grand stade mené par Pierre Camou et Serge Blanco… Mais c’est d’abord à ce rugby amateur, celui de l’Union Athlétique Gaillacoise de sa jeunesse, qu’il s’adressera, dans une première tentative de séduction. Il y en aura d’autres. Et il faudra à ­Laporte être habile et endurant, car il a annoncé qu’il rencontrerait un représentant de chacun des presque deux mille clubs affiliés à la FFR durant les seize prochains mois. Ce sera une campagne à la Chirac, un vrai ­labourage de terrain, apparemment mené sur ses deniers personnels, le tout afin de convaincre la majorité de voter pour lui en décembre 2016…

Pour un novice en matière de campagne, jamais élu à un poste de dirigeant fédéral, cette candidature à la présidence est un immense défi. Au sein de la FFR, certains peinent à croire que le manager de Toulon a les épaules et la conviction nécessaires. « Faudra déjà voir s’il va jusqu’au bout », lâche un élu. Pour ceux qui discutent avec Laporte, le doute n’est pas permis. « Il est déterminé, assure un soutien encore anonyme. Cela fait plus d’un an et demi qu’il m’en parle. Le rugby a évolué et il n’en peut plus des vieux pardessus de la Fédé qui disent accepter l’aide des ­jeunes, mais ne rappellent jamais. » Le décor d’une bataille âpre est planté, la première dans une élection à la présidence depuis 1991, conclue par la victoire pleine d’intrigues de Bernard ­Lapasset.

Depuis l’annonce de sa candidature, en avril 2014 dans ces colonnes, Laporte multiplie les sorties incisives contre le pouvoir en place, des élus qu’il juge « égoïstes », pas à l’écoute des licenciés. Les hommes de Pierre Camou, l’actuel président, ne répliquent pas et observent de loin la caravane de l’ancien sélectionneur s’ébrouer. « Il mène un gros travail d’information, soutenu par une bonne équipe », juge un élu. « Il est à prendre au sérieux, c’est sûr, ajoute un autre. Il y a toujours des déçus d’une politique, Bernard va chercher à rallier ces mécontents. »

LA CAMPAGNE S’ANNONCE DURE

Seront-ils assez nombreux pour porter Laporte à la présidence ? Depuis son élection en 2007, Pierre Camou a mené des réformes (sur les licences ou l’organisation des Championnats notamment) qui ont soulevé un vent de contestation au sein du monde amateur. Les résultats de l’équipe de France ne l’aident pas. Et même le comité directeur n’a pas toujours suivi son patron, ­refusant notamment sa réforme de la gouvernance (14 voix pour, 21 contre). Un de ses membres, le président du comité des Alpes Christian Dullin, a déjà annoncé à ses collègues, par courrier, qu’il rejoignait l’équipe Laporte. Une prise de guerre qui pourrait être suivie d’une autre, avec le ralliement possible d’Henri Mondino, président du comité Côte d’Azur. « Samedi, avant France-Écosse, il y a un comité directeur de la FFR, on devrait en parler, glisse un élu. Et la veille, vendredi, il y a une réunion de tous les présidents de comités. Il va falloir que ces gens se déclarent pour un camp… » Ambiance. « Et certains vont faire monter les enchères », glisse une source proche de la FFR, annonçant déjà les intrigues pour s’assurer d’un bon poste dans le futur bureau.

Mais, plus que cette guerre au sommet, c’est la capacité de Bernard Laporte à convaincre les dirigeants de clubs qui inquiètent le pouvoir actuel. « Il est capable de retourner une foule », note une source. À Marcoussis, comme un signe de cette méfiance, on voit même dans l’omniprésence médiatique de l’ancien sélectionneur un signe qu’une partie de la presse a choisi son camp. On a compris par ailleurs, à travers ses saillies récentes, qu’il était prêt à mener une campagne dure, susceptible d’écorner les ­dirigeants actuels. « Si ça commence à dégainer dans un sens ou dans l’autre, note un observateur, ça peut faire du sport. » La preuve avec cette petite phrase en forme d’avertissement d’un élu : « Comme disait Jacques Fouroux, quand on veut monter au mât, il faut avoir le cul propre. »

QUEL ADVERSAIRE FACE À LUI ?

Pour l’instant, en tout cas, Bernard Laporte n’a pas d’adversaire direct sur qui taper. Ce soir, il sera le seul candidat déclaré à la présidence, et l’identité de son prochain adversaire n’est pas certaine. Pierre Camou ? Fidèle à sa réserve, il ne laisse pas filtrer grand-chose de ses intentions et de ses sentiments vis-à-vis de Laporte. Est-il stressé par la présence d’un opposant si habile ? « C’est dur de savoir, avec lui, ­répond une personne de son entourage. Mais il est bileux par rapport au comportement de l’équipe de France à la Coupe du monde. Son comportement, dans un sens comme dans l’autre, peut débloquer des gens, des langues. » Il ajoute : « Mais j’ai l’intime conviction qu’il sera candidat. C’est le plus fédérateur. » Et Serge Blanco ? Le vice-président de la FFR a laissé filtrer son envie de se jeter dans la bataille, mais plusieurs sources estiment sa candidature éventuelle risquée. « Laporte serait plus à l’aise face à lui, parce qu’il a moins d’entregent et d’aura que Camou auprès du monde amateur », estime un proche du dossier. Alors qu’un élu ajoute : « Si ce n’est pas Pierre ­Camou, il faudra bien un candidat. Mais ça ne sera pas Serge Blanco. Il a trop de casseroles, à son grand regret. » Il faudra au moins attendre la fin de la Coupe du monde pour connaître le candidat de l’équipe sortante. D’ici là, Laporte aura déjà bien occupé le terrain.

LA CLÉ DU VOTE

Comment votera-t-on en 2016 ? Dans la procédure en vigueur jusque-là, un représentant par club était appelé à élire le président de la FFR, son nombre de voix dépendant de la taille du club. Ceux – majoritaires – qui ne se rendaient pas à l’assemblée générale de la FFR confiaient leur pouvoir à d’autres, sans garantie de leurs votes. Pour démocratiser le système, Pierre Camou a fait passer en 2013 une réforme permettant un vote électronique. Le ministère de l’Intérieur a invalidé cette décision, avis ensuite retoqué par le Conseil d’État. Bernard Laporte, conscient que cette procédure rendrait l’élection plus ouverte, a révélé hier, dans Midi olympique, avoir écrit à Camou pour qu’il aille au bout de son idée.

Source: lequipe.fr

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1 Commentaire

  1. MG 1 septembre 2015 à 14h- Répondre

    ce serait impensable que le comité PACA supporte CAMOU apès tout ce que BL a apporté à cette région sur le plan rugby.
    Ce n’est pas CAMOU qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de TOULON,
    ce n’est pas CAMOU qui remplit le vélodrome avec 60 000 spectateurs
    Ce n’est pas CAMOU qui mouille le maillot
    Ce n’est pas CAMOU qui a été secrétaire des sports
    Ce n’est pas LAPORTE qui profite de toutes les buffets d’avant ou d’après match et autres pots organisés par la FFR!!!