La famille Taofifenua aura les yeux rivés sur Romain samedi après-midi

La famille Taofifenua aura les yeux rivés sur Romain samedi après-midi

27 février 2015 - 10:32

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TAOFIFENUA-Romain_joueur_grandRomain Taofifenua, titulaire en deuxième ligne chez les Bleus demain, est le fils de Willy, premier Wallisien à avoir tenté l’aventure du rugby de haut niveau en 1988.

DUBLIN, 14 FÉVRIER, jour de Saint-Valentin. Un couple s’enlace dans une tribune de l’Aviva Stadium.« On était au milieu de supporters français, surpris de nous voir nous embrasser alors qu’on perdait (11-18). Mais c’est notre fils qui venait de marquer, pas loin de nous », raconte Willy Taofifenua. Romain, sur la pelouse, a aplati le seul essai du match. Il cherche ses parents du regard. « Mais je ne les ai pas trouvés »,souffle le deuxième-ligne, titulaire demain pour la première fois avec les Bleus, contre le pays de Galles.

Demain, ce sera plus commode pour repérer ses proches : les familles s’installeront à la droite des remplaçants français, quelques rangs plus haut. Willy Taofifenua, cinquante-deux ans, siègera avec son clan. Soana, son épouse, ne l’accompagnera pas, exceptionnellement. Elle restera à Perpignan pour garder Noé, quatorze mois, le bébé de Romain. Au Stade de France, il y aura Killian, quinze ans, le petit dernier de la fratrie. Et Sébastien, vingt-deux ans, pilier de Bordeaux-Bègles. Ce frère, ce complice, qui avait promis de monter en train samedi matin si Romain était titulaire. « Grand Tao » – le surnom de Romain – a conscience de cette agitation familiale autour de lui :« On est très soudés. On s’est toujours suivis. Quand je ne joue pas avec Toulon, j’essaie d’aller voir mon frère à Bordeaux. Mais savoir qu’ils seront dans les tribunes du Stade de France, ça me fait quelque chose. »

Ils seront encore plus de « Tao » à se lever très tôt dimanche, en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna, malgré onze et douze heures de décalage horaire. « Ils le font déjà pour les matches de Toulon ou de Bordeaux-Bègles, explique Willy. Pour l’équipe de France, ils seront tous devant la télé et chanteront la Marseillaise. » À 16 000 kilomètres de Saint-Denis…« Je ne sais pas trop ce que je représente dans les îles, admet Romain. Je n’y ai jamais vécu, je m’y rends tous les deux ans environ. Là-bas, le modèle reste mon père. »

Willy, le pionnier, qui glisse : « Moi, je n’ai jamais trop rêvé d’équipe de France. » Pour cause : il a déjà vingt-cinq ans, en 1988, lorsqu’il laisse Nouméa pour un si long voyage, quitte sa petite équipe régionale qu’il tenait à bout de bras avec ses quatre frères…

WILLY EST RETOQUÉ CHEZ LES PARAS : 115 KG, TROP LOURD !

En septembre, on avait réuni le père et le fils dans un hôtel de Toulon : le premier avait raconté d’une voix douce, le second surtout écouté, parfois chuchoté. On était très près et très loin des Bleus, quand Willy a lâché : « J’ai mis ma famille en danger pour venir jouer au rugby en métropole. J’étais marié, on avait déjà deux enfants (Fabrice et Prisca) et on partait dans l’inconnu. Je ne connaissais personne… » Romain, né à Mont-de-Marsan en 1990, glissera plus tard : « Je ne connaissais pas toutes ces histoires de mon père… »

Willy Taofifenua, militaire de carrière, débarque dans les Landes pour jouer au rugby. À Mont-de-Marsan, il est retoqué chez les paras : 115 kg, trop lourd ! Il est reversé dans l’armée de l’air, sur la base locale. Et il fonce dans l’aventure rugby. Aujourd’hui, on croise trois Wallisiens chez les Bleus – Sébastien Vahaamahina et Jocelino Suta, en plus de Romain –, on s’y est habitué. Mais, à la fin des années 1980, il n’y en avait pas un seul dans les clubs de Première Division.

Willy « Tao » ? Un ovni. Un choc. David Darricarrère, actuel entraîneur de Castres, a dix-huit ans lors de la saison 1989-1990. Il joue à l’aile du Stade Montois, pour les débuts de Taofifenua contre Brive, au centre : « Willy plaque deux mecs en même temps sur une de leurs attaques ; le joueur en face jette le ballon et je file marquer ! On n’avait jamais vu ça à l’époque, un centre physiquement hors norme (1,92 m, 115 kg). Max Godemet (entraîneur montois et ex-DTN adjoint) l’avait amené à l’entraînement, mis à l’arrière : trois ballons, trois traversées de terrain ! »

Venu plus jeune au rugby de haut niveau, Willy aurait-il connu la sélection ? Pour Darricarrère, zéro doute :« Bien sûr ! C’était le premier joueur de ce gabarit avec cette explosibilité et cette dextérité. Si longtemps après, ça fait bizarre, mais je reconnais les qualités du père dans le fils. » Romain, qui se rêvait ailier mais a vite abandonné ce fantasme, avec ses 2,03 m et 135 kg, évoque ce mimétisme : « Ça s’est fait naturellement, sans qu’on ait à en parler. Depuis tout petit, on jouait sans arrêt à se faire des passes, avec mon père et mes frères. On était tous adroits. »

ROMAIN : « JE VEUX PROUVER QUE J’AI LE NIVEAU »

Romain débute à Fontaine, en banlieue grenobloise, quand son père devient la légende vivante du FCG. On exagère ? Non, assurent les supporters grenoblois qui le racontent quittant le stade Lesdiguières porté en triomphe par ses coéquipiers. Willy « Tao », que Jacques Fouroux rêvait d’accompagner jusqu’à l’équipe de France, joue centre dans l’équipe des « Mammouths », finaliste du Championnat en 1993 contre Castres (11-14). Puis troisième-ligne. À la fin des années 1990, voilà les Pacific Highlanders de l’Isère : cinq Wallisiens, deux Maoris… Et un chef, un : lui, Willy, petit-fils de roi de Wallis – un de ses oncles et un de ses frères font toujours partie du conseil en droit coutumier. En 1999, cette phalange colorée se hisse jusqu’en demi-finales. Romain (alors 8 ans) et Sébastien (6 ans) ne manquent rien. Ils suivent leur papa, leur oncle Jean-Jacques, une terreur de talonneur. Jean-Jacques a rejoint Willy en métropole, y est resté, aujourd’hui entraîneur de Saint-Junien (Haute-Vienne, Fédérale 3). Ce n’était pas gagné, pourtant. On le revoit, à peine âgé de vingt ans, pleurer le dimanche soir, à Mont-de-Marsan. « Ah oui. Il voulait voir notre mère, c’était dur », se rappelle Willy. Romain, assis sur une banquette, enregistre tout. Depuis, Jean-Jacques a séché ses larmes. Retour à Grenoble. « Romain et Sébastien étaient dans les vestiaires et chantaient avec nous »,sourit Willy. « Les enfants se sont vraiment nourris de cette culture des îles à ce moment-là, rapporte un témoin de cette époque. Abraham Tolofua lançait leur “haka“, puis Romain et Sébastien reprenaient avec les joueurs. »

« Je m’en souviens très bien, dit Romain. Avec Sébastien, c’était un peu nos idoles. Après, vous savez ce que c’est quand on est petit, on s’en vantait à l’école. » Sûrement à sa manière, davantage murmurée que hurlée. « Romain ne parle pas beaucoup, c’est certain, mais c’est un joueur très agréable à coacher, assure Bernard Laporte, le manager de Toulon. Son père n’est pas un grand bavard non plus. J’ai connu Willy en 1992, on a joué un tournoi à 7 ensemble à Dubaï, avec les Froggies (1) et on est devenus de bons copains. »

La saison dernière, Willy avait jugé Romain « trop installé à Perpignan, son potentiel s’était un peu endormi ». Il l’imagine alors partir pour reprendre sa progression. « Je me suis battu avec lui pour ça. Il a bien fait d’aller à Toulon. » Où Laporte a pris peur en lisant son poids la première fois – pas loin de 150 kg.« J’ai perdu 10 kg depuis cet été, reconnaît Romain. Je ne voulais pas parler de ça, plus tôt, parce que je trouvais que ce sujet revenait trop souvent. Maintenant, je me sens mieux et, samedi, je veux prouver que j’ai le niveau. » Sous le regard des siens, ici et là-bas.

Source: lequipe.fr – Arnaud Requenna

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2 Commentaires

  1. CaptSpaulding83 27 février 2015 à 11h- Répondre

    Qu’on parle de surpoids pour un joueur professionnel qui est la base de chez base pour un sportif de haut niveau(moi amateur adepte de la muscu je fais gaffe a ce que je bouffe!) ça me fais tilter a chaque fois.

    • Ongbak83 27 février 2015 à 11h- Répondre

      Tout a fait d’accord avec toi ! Depuis que je ne fait plus de sport je sent de l embonpoint et c vrai que c très désagréable ! Je me demande comment fait chiocci pour courir (sans lui manquer de respect ) ils sont professionnel , ils doivent géré leur alimentation ! Mais bon peut être que je ne suis plus a niveau pour pouvoir dire cela ! Que l on m explique alors!