Les longues confidences de Mourad Boudjellal dans l’émission « Vinyle »

Les longues confidences de Mourad Boudjellal dans l’émission « Vinyle »

11 avril 2019 - 11:47

11 Commentaires

Publicité

Le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal était récemment l’invité de l’émission Vinyle diffusée sur France O.

Ce-dernier est revenu sur de nombreux sujets dont notamment la musique, le thème initial de cette émission télé.

Voici un résumé de ses propos.

Mourad Boudjellal évoque un éventuel avenir en politique:

« Quand je prends Toulon, on est en Pro D2 et on va jusqu’à devenir champions d’Europe. Trois titres de champions d’Europe. Et comme j’ai besoin de faire des choses à côté, je me suis intéressé à la politique. Je ne suis pas un geek du rugby non plus. Maintenant, il faut que je garde la santé. Je suis dans un principe de vie où j’avance. Et on verra bien. Beaucoup de gens me voient en politique et j’irai si j’ai des idées et si j’ai un projet pour améliorer la vie des gens. Aujourd’hui, je n’en ai pas beaucoup. »

Sa rencontre avec Pierre Perret, les goûts musicaux de Cabu:

« Je n’ai jamais acheté un seul disque de Michel Sardou, et je me mets à écouter sa musique depuis très peu de temps. J’ai grandi avec Henri Salvador, avec notamment « Zorro est arrivé ». Pierre Perret je l’ai rencontré il n’y a pas longtemps. J’étais ému car c’est lui qui est venu me voir et me saluer. Il vient d’un pays du rugby. Charles Trenet était le chanteur préféré de Cabu. Il passait son temps à chanter du Charles Trenet. C’était un fou de Charles Trenet. »

La magie de la musique:

« Je me sens bien au milieu des livres. C’est sécurisant. Durant mon enfance, j’étais fasciné par les romans populaires Français. Après, j’ai lu les grands classiques, puis j’ai eu toute une période sur la science-fiction et les livres fantaisie. Mes parents ne lisaient pas beaucoup. Ils savaient lire et écrire ce qui était déjà pas mal pour une famille issue de l’immigration. Mais ils ne lisaient pas, seulement le journal. Mais chez nous, il y avait les disques, il y avait même un mange-disque. J’ai connu les 45 tours, je suis vieux. A l’époque, on s’en foutait complètement du son. J’ai ensuite connu l’arrivée des premières chaînes hifi. C’était magique. Mais j’ai aussi connu une époque où on mettait un disque, on s’asseyait et on l’écoutait. Le jour de la sortie du dernier album de Jacques Brel, je me rappelle où je l’ai acheté, je suis rentré chez moi, j’ai mis le 33 tours tout bleu magnifique et je l’ai écouté du début à la fin. La musique, c’est important. On a tous nos problèmes et la musique fait partie de ces choses qui te font oublier tes problèmes, qui te font oublier que tu vas mourir… La musique, ça donne un côté mystique à la vie. »

Son regret de ne pas avoir diffusé une musique à Mayol:

« Des fois à Mayol, on met des trucs un peu pointus. On essaie de faire des choses un peu différentes. Je culpabilise d’ailleurs parce que généralement, je rends hommage à des chanteurs à Mayol. Récemment, je voulais rendre hommage à Rachid Taha avec « Ya Rayah », et je ne l’ai pas fait. Je me suis demandé comment serait perçu de passer du raï à Mayol. C’est mon côté année 95 de Toulon qui est ressorti. Je ne l’ai pas fait et c’est sûrement une erreur. »

Il explique comment il a débuté sa carrière d’éditeur et comment il a réussi:

« Quand j’étais jeune éditeur et que ça ne marchait vraiment pas, mon seul problème était de trouver un diffuseur pour que l’on trouve mes bouquins. J’avais pris rendez-vous chez un diffuseur et on était trois. Un avait un catalogue correct, un autre qui était pour moi injouable car c’était le fils d’un très grand éditeur qui venait avec une partie du catalogue de son père, puis il y avait moi. Le mec avait dit qu’il en prendrait qu’un sur les trois. Et je me suis dit que c’était perdu. Nous avons eu chacun un entretien et j’ai senti que ça penchait vers moi. Mais ça me semblait incroyable et je pensais qu’il allait changer d’avis. Et quand il m’a choisi, j’ai dit ‘OK, mais on signe ce soir’. Il a appelé sa femme. Et finalement, on a signé le soir à 23h00 et je suis rentré à l’hôtel. Je savais que j’avais réussi le plus dur. Je savais que j’allais réussir et que j’allais le faire. Le soir, j’ai écouté « Les jours meilleurs » de Maxime Le Forestier. Et parfois je réécoute cette musique, souvent quand j’ai besoin que ça aille mieux. C’est un peu une chanson fétiche. Je me dis que l’on est tous à la recherche de jours meilleurs, tout simplement. »

L’arrivée de Tana Umaga, sa plus belle recrue:

« Moi, je n’étais pas programmé pour arriver au rugby. J’étais programmé pour faire éditeur. Depuis que je suis gamin je veux faire éditeur. Quand ça marche vraiment bien et que tu as réalisé tes rêves d’enfant, tu t’emmerdes vite. Au bout d’une vingtaine d’années, j’avais envie de faire des succès, d’avoir des prix et de réussir aux Etats-Unis. On a fait tout cela. Je me suis bien battu. Mais en arrivant à Toulon j’ai réussi une chose incroyable qui était de faire venir le meilleur joueur du monde de l’époque en Pro D2. Cela a changé le rugby Français et le Top 14. Faire venir Tana Umaga en Pro D2, c’est comme si aujourd’hui un club de Ligue 2 fait signer Neymar ou Ronaldo. Je trouve que dans la vie on s’emmerde car il n’y a jamais de choses incroyables qui se passent. Tu ne vois jamais d’extra-terrestre, de fantômes. Là, c’était un peu un miracle donc j’ai aimé. Je pensais qu’être en Pro D2 était mon point faible dans cette affaire. Mais c’était en fait mon point fort. Ce qui intéressait Tana Umaga, c’était de construire une histoire, rendre à Toulon sa grandeur. Si on avait été champions de France, il ne serait pas venu. Cela ne l’intéressait pas. Il voulait être à l’origine d’une histoire. Il est venu pour cela et il a réussi. »

Le jour où il a tenté de faire voleur:

« Brassens et Brel ce sont les mecs qui m’ont fait comprendre que le monde n’était pas aussi simple que cela. J’étais obsédé par l’injustice sociale. J’habitais dans un endroit qui était vraiment pas beau et je n’invitais pas mes copains à la maison. Je ne le vivait pas bien et je ne pouvais pas le reprocher à mes parents. Je voulais rattraper ce que la vie ne m’avait pas donné. Je ne savais pas comment faire. Au début je me suis dit que j’allais faire voleur. C’est la façon la plus simple de gagner de l’argent. J’ai fait ma première expérience de voleur avec un garçon qui est aujourd’hui est commissaire de police (rire). On avait repéré un très beau magasin de chaînes hifi. Il y avait une dalle d’égout juste à côté et en pleine nuit, on voulait casser la vitre avec cette dalle d’égout. J’étais mineur à l’époque. Mon copain a pris la dalle d’égout, il l’a jetée sur la vitre et étant donné que la vitre était très solide, la dalle d’égout a rebondi sur lui et il était en sang. Les sirènes se sont mises à hurler de partout. J’ai compris ce jour-là que si je voulais modifier mon destin, il allait falloir que je sois honnête car je n’étais pas très doué pour tout ce qui était malhonnête. J’ai eu la chance de réussir par une passion qu’est l’édition. »

Il apprécie la musique latine pour une raison précise:

« J’aime la musique latine car il n’y a aucun misérabilisme. Les latins viennent souvent de pays très très durs et il n’y a que de la joie dans leurs musiques. J’aime bien les gens qui ne se plaignent pas. Alors qu’ils en chient ! Ils dansent, ils chantent même le ventre vide. Rien n’est vraiment sérieux à part la joie. »

Son ami Bernard Lavilliers:

« Bernard Lavilliers c’est un pote. C’est un copain. On a fait beaucoup de bringues ensemble, jusqu’à Miami. C’est un vrai bringeure ! Il ne s’enlève pas. Je me souviens d’une fois où on avait bu plus que de raison sur Paris. Il s’est mis à chanter. Ensuite, on est allé chez lui et il ne dort jamais car il n’a jamais sommeil. A 3 heures du matin, il s’est mis à chanter. Lui, son truc, c’est la révolution ! »

L’ivresse des gens qu’il a côtoyé:

« J’ai rencontré beaucoup de gens très connus qui ont eu de grandes vies comme Lavilliers, Eddy Mitchell… Tous ces gens qui sont assez lucides, ont tous dévié vers l’alcool. Quand on a une forme de lucidité sur les choses, on a besoin d’avoir une forme d’ivresse. Et je peux comprendre que des gens aient besoin de s’évader en se dopant. Je ne juge personne et je ne l’encourage pas, mais je peux comprendre car la lucidité, c’est dur. »

Il estime que l’argent l’a beaucoup isolé:

« J’ai un ami d’enfance que je ne vois plus trop car la vie nous a un peu séparé, mais on s’envoie encore des textos. Mais quand tu gagnes de l’argent, tu n’as plus beaucoup d’amis. C’est compliqué l’argent. Ça isole ! Par exemple, si tu invites tes amis dans un étoilé, ils ne vont pas t’inviter dans une pizzeria car ils pensent que ce n’est pas bien. Alors que moi, ça me ferait vachement plaisir de manger une pizza. L’argent m’a éloigné de plein de gens. Les gens pensent que tu as changé. Dans l’esprit des gens, l’argent te donne un pouvoir que tu n’as pas. Moi, sincèrement, que ce soit l’argent ou la notoriété, j’ai des principes de vie. Je n’ai jamais eu de chauffeur car pour moi c’est le signe le plus complet de la bourgeoisie. Puis je vais à Carrouf avec mon caddie. »

Pour conclure, Mourad Boudjellal raconte le combat de boxe qui l’a le plus marqué:

« Quand j’étais gamin, j’étais fan d’un boxeur qui s’appelait encore à l’époque Cassius Clay. Et ce boxeur a été appelé à la guerre du Vietnam et il avait refusé de la faire en disant que jamais un vietnamien ne l’avait traité de sale nègre, par contre pas mal d’Américains oui. Il a donc été condamné à de la prison, déchu de son titre. Et au bout de quelques années quand il sort de prison, il décide de reconquérir son titre. On lui organise un premier combat contre un boxeur Italien. Derrière, il y a un autre combat pour reconquérir son titre. Un petit boxeur mais qui collait sans arrêt. Et pour la première fois, on voit Ali perdre un match, son adversaire devient champion du monde. J’étais très triste. Et là, on voit un colosse qui s’appelle George Foreman qui détruit ce nouveau champion du monde. George Foreman avait la particularité de détruire tous les mecs en moins de 5 rounds. Et là, un dictateur qui s’appelle Mobutu décide d’organiser le combat Ali – Foreman. Arrive le jour J et la première des choses que fait Ali, c’est qu’il se protège. Il laisse Foreman frapper et il attend les coups. Foreman frappe, il frappe et il frappe. Ali continue de se protéger. Et le premier sens de la vie c’est: ne donne pas des coups quand tu dois les prendre. Apprend à encaisser, soit humble et attend ton heure. Se passent ces cinq premiers rounds et c’est un exploit qu’il tienne autant de rounds. Et les coups dans les rounds suivants font moins mal car Foreman n’est pas habitué à tenir aussi longtemps. Physiquement il commence à être cuit. Et au 8ème round, il a ce geste magique, il lève son poing avec la foule qui crie « Ali ». Au 8ème round se passe l’impensable. Sur une ouverture, il faut tomber Foreman. A l’époque, on avait honte de ses origines et il m’a appris qu’il ne fallait pas en avoir honte. C’est le premier à avoir assumé sa négritude africaine. J’ai une formule que j’adore qui dit qu’il ne faut jamais faire de différence entre ses rêves et ses ambitions. Jamais. Tout ce dont on rêve, on peut le faire. »

Publicité

11 Commentaires

  1. [email protected] 11 avril 2019 à 12h- Répondre

    Dommage falais ésayé sa tue personne un peu de rai dans une vie yen’a qui euré pas aimé et alors en n’et pas obligé de tout aimé des foie ya des musique qui pas au stade jai envie de le pendre et j’en fais pas u. Flan

  2. La close 83 11 avril 2019 à 12h- Répondre

    Ça pique les yeux lol

  3. papy jacquot 11 avril 2019 à 12h- Répondre

    La close 83, ça ne te rappelle pas quelqu’un ????

  4. Reivax 11 avril 2019 à 13h- Répondre

    Je n’ai pas envie de parler politique ni de polémiquer… mais en lisant cette interview, j’ai du mal à m’expliquer son soutien à Macron. MB, malgré ses excès et ses paradoxes, me manquera quand il ne sera plus au RCT. Un vrai fonceur, passionné, intelligent et avec un bon fond malgré tout !

  5. Brique 11 avril 2019 à 13h- Répondre

    Voilà un être complexe, tourmenté, mais qui semble attachant.
    De toute façon, pour vivre avec le RCT, il faut avoir une fêlure…
    Voir, une fissure.

  6. Garamarg 11 avril 2019 à 13h- Répondre

    Moi quand je lis l’article, je me dis  » j’adore ce mec » !
    Oui,il a des travers mais qui n’en a pas !
    Il s’est construit tout seul. Sa réussite il ne la doit qu’à lui et son travail !
    Ah, la valeur du travail… On ne sait plus ce que c’est !
    Je m’ėgare…
    Quand Mourad ne sera plus prėsident du RCT, la transition sera dure…

  7. Garamarg 11 avril 2019 à 13h- Répondre

    PS : côté programmation musicale à Mayol, c’est toujours sympa. C’est au stade que j’ai découvert des groupes ou morceaux top ( cold play, notamment ). J’apprécie aussi les hommages et ou clin d’oeil!

  8. DOUSSET 11 avril 2019 à 14h- Répondre

    C’est lorsque l’on n’a plus qu’on apprécie le plus ce que l’on avait!
    Sachez apprécier ce Mec (avec un grand M) avec ses forces, ses faiblesses, ses idées, ses folies, ses réussites et ses échecs, ses certitudes et ses contradictions…..et tout ce qu’il a donné et apporté à Toulon et au RCT! Lorsqu’il ne sera plus là, vous verrez, il nous manquera!
    « Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas mais parce que nous n’osons pas que c’est difficile «.
    Lui au moins il a osé!

  9. Michel 11 avril 2019 à 16h- Répondre

    Bravo

    Un régal a lire et à écouter même quand je ne suis pas d accord avec lui j aime il est droit et vivant

  10. Pirate 11 avril 2019 à 17h- Répondre

    Bon au moins la c est clair