Les longues révélations de Philippe Saint-André à Mourad Boudjellal

Les longues révélations de Philippe Saint-André à Mourad Boudjellal

19 mars 2019 - 19:43

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Vendredi dernier, le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal a accueilli l’ancien sélectionneur du XV de France Philippe Saint-André dans son émission de la Commission de discipline, diffusée sur Eurosport 2.

Questionné sur la lourde défaite des Bleus contre les All-Blacks en quart de finale de la Coupe du monde de 2015 (62-13), Philippe Saint-André a avoué avoir eu honte à la fin de la rencontre. Extrait:

« J’avais honte à la fin du match. Il aurait mieux valu avoir un accident de bus avant d’arriver au stade. Quand tu es dans une compétition, tu y vas pour donner le meilleur. Mais là, les Blacks… Julian Savea nous avait tué. C’est un excellent joueur mais ce n’est pas le même que celui qui est au RCT actuellement. Mais contre les Blacks, quand tu ne scores pas dans tes temps forts… Puis ce sont des magiciens les Blacks. Mais étonnamment on a eu des temps forts. On les a breaké sept ou huit fois. Mais il n’y avait aucun joueur en soutien. Eux, quand ils breakent, il y a plein de joueurs derrière. Mais c’est un moment de honte quand tu es sélectionneur et que tu prends la foudre. »

Ce-dernier dément être en froid avec ses anciens adjoints, à savoir Yannick Bru et Patrice Lagisquet. Extrait:

« Non, je ne me suis pas fâché avec Yannick Bru et Patrice Lagisquet. Je ne pars pas en vacances avec eux mais j’ai de bonnes relations avec eux. Il n’y a aucun problème. J’ai milité pour que Yannick Bru reste après moi, avec Guy Novès. Entre le rugby international et le rugby de Top 14, c’est deux rugbys différents. En arrivant en équipe de France, nous étions un staff neuf et nous avions fait des erreurs. Je pensais que la transmission et que quelqu’un qui connaît les problématiques pouvait faire gagner du temps à Guy Novès. Quand tu es sélectionneur, tu es là de passage mais tu n’es pas là que pour ta pomme. Tu es là pour le rugby Français. »

Questionné sur les problèmes du rugby Français, l’ancien sélectionneur des Bleus explique avoir été le premier à tirer la sonnette d’alarme, en 2012. Extrait:

« A l’époque, en 2012, j’avais annoncé trop tôt qu’on avait des problèmes individuels sur la technique, sur la vitesse et sur le fait que notre jeune génération ne jouait pas. Le rugby français n’était pas prêt à l’entendre. C’est dommage que l’on n’ait pas pris des décisions un peu plus tôt. Au niveau international, tu veux travailler sur la vitesse et sur la technique individuelle. Mais quand les clubs te font jouer les mecs huit matches à 80 minutes avant le Tournoi des Six-Nations, tu comprends bien que les mecs arrivent comme des grands-pères. Ce ne sont plus les mecs que j’avais eu au mois de novembre. A l’époque, certains entraîneurs ne jouaient pas le jeu. »

La pression était tellement forte en équipe de France, qu’il a réfléchi à quitter son poste avant le terme de son mandat. Extrait:

« A un moment donné, après une tournée en Australie très compliquée, je me suis vraiment posé la question de continuer ou pas. On nous avait mis un super-manager, à savoir Serge Blanco. C’était pour essayer que je prenne un peu moins de coups. Mais j’ai continué à en prendre et ce n’était pas un problème. Mais c’est normal car j’ai été le premier sélectionneur de l’équipe de France à passer sous les 50% de victoires. J’étais à 46 ou 47%. Maintenant, j’ai été battu, mais les gens ont l’habitude désormais donc ils sont plus cléments. J’ai pris énormément de coups car j’ai été le premier à descendre sous les 50%. »

Philippe Saint-André avoue que de nombreuses personnes lui ont affirmé qu’il aurait dû rester à Toulon plutôt que de rejoindre le XV de France, dont notamment sa femme. Extrait:

« Étonnamment, énormément de personnes me disent que j’aurais dû rester à Toulon plutôt que d’accepter le poste de sélectionneur de l’équipe de France. Ma femme me dit cela aussi. Mais je ne suis pas comme cela. Je ne suis ni jaloux ni aigri. Puis quand je prends une décision, je l’assume pleinement. J’ai pris une décision. Après, mon passage en équipe de France a été beaucoup plus douloureux de ce que je pouvais espérer. Mais je ne regrette pas. Être sélectionneur, c’est fatiguant, c’est usant. Mais après tu sais avec qui tu pars en vacances et ceux avec qui tu ne partiras jamais en vacances. Tu connais tes vrais amis. »

Par ailleurs, l’ancien sélectionneur des Bleus a annoncé que Montpellier ne lui a jamais ouvert la porte à l’époque, pour une raison ahurissante. Extrait:

« Montpellier ne nous a pas ouvert la porte quand j’étais sélectionneur. C’était un problème entre Fabien Galthié et Yannick Bru. Ils nous avaient dit que l’on n’était pas les bienvenus. Leur problème ? Une bagarre survenue dix ans auparavant lors d’un derby entre le Stade-Toulousain et Colomiers. Mais je crois que si on veut avancer, il faut une osmose en la Fédération et la Ligue. »

Par rapport à son époque, il estime qu’une seule chose a bien évolué depuis: la disponibilité des joueurs. Extrait:

« La seule bonne chose, c’est que les joueurs sont plus disponibles. Dans le Tournoi des Six-Nations à mon époque, on gagnait les deux premiers matches puis les gars allaient rejouer en club. On trouvait cela normal, on disait que c’était bien qu’ils puissent revoir les copains. Non, sincèrement ça ne pouvait pas marcher. Mais actuellement, je ne reprendrais pas l’équipe de France, sauf peut-être pour entraîner les trois-quarts et avec Eddie Jones en tant que sélectionneur (rire). Je pense qu’il faut changer et je pense qu’il faut une vraie discussion entre la Fédération, la Ligue et les joueurs. »

Pour l’avenir du XV de France, il réclame un sélectionneur étranger. Il s’explique. Extrait:

« Je suis favorable à un entraîneur étranger en équipe de France, pour l’après Coupe du monde. On a besoin d’une prise de conscience, on a besoin de travailler différemment. On a besoin de travailler la vitesse car c’est la base du haut-niveau et nous, on ne travaille plus la vitesse. Je prendrais Eddie Jones ou le coach Irlandais Joe Schmidt. Pour moi, ce sont les deux à privilégier. Je me souviens qu’on avait fait des tests de vitesse et on avait eu la malchance de blesser un joueur. Je m’étais fait assassiner en me faisant traiter d’incapable. Tu te rends compte que pour les trois-quarts, la vitesse est très importante. Si les joueurs ne font pas de la vitesse, tu es en difficulté. »

Pour sa part, il serait capable d’accepter un poste de directeur de rugby dans un club. Extrait:

« Je me verrais en tant que directeur de rugby, c’est-à-dire sur l’organisation entre les professionnels et les jeunes, sur le fonctionnement d’un club, sur aider un président à bien recruter et essayer d’avoir une vraie philosophie du club. Il ne faut pas perdre l’ADN du club. Je n’ai jamais entraîné à Toulon comme j’ai entraîné à Sale ou comme j’ai entraîné à Gloucester. Il ne faut pas oublier l’essence même du club. A Mayol, ils aiment des avants conquérants et les grosses mêlées. A Sale, ils aiment les passes sur les ailes. »

Pour conclure, Philippe Saint-André a avoué – en se marrant – avoir bénéficié d’une belle rémunération lorsqu’il était manager du RCT. Extrait:

« Si, vous aviez été gentil avec moi. Vous m’aviez fait venir et ça allait, j’étais bien (rire). »

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1 Commentaire

  1. Domi83 20 mars 2019 à 13h- Répondre

    Le problème majeur du rugby en France c’est que chacun pense a sa gueulle et non à l’équipe de France qui devrait être une priorité.
    Les anglo-saxons eux l’on Compris et font passer l’équipe nationale au premier plan même si il y des désaccords en interne même au foot en France ils l’ont compris.