Si Bernard Laporte a fait de Fabien Galthié son relais sur le terrain lorsqu’il entraînait le XV de France, les deux managers, opposés samedi en Top 14 à l’occasion de Toulon-Montpellier, appliquent un style de jeu et de management différents.

Avant de s’affronter par bancs interposés, Galthié et Laporte se sont côtoyés au sein du XV de France lorsque l’actuel manager du RCT, alors sélectionneur du XV de France (1999-2007), a fait du coach du MHR son capitaine et maître à jouer durant son premier mandat. « Fabien ne décidait pas de la stratégie, mais il appliquait les consignes de Bernard, était son relais. Il avait un rôle consultatif et s’impliquait beaucoup dans la vie de groupe« , témoigne Sylvain Marconnet, qui a longtemps connu le Laporte entraîneur, ainsi que le Galthié joueur et manager, au Stade français et en équipe de France. « Il (Galthié) participait déjà beaucoup lors des séances vidéo et il venait souvent me voir pour parler tactique. On échangeait beaucoup« , se souvient pour sa part Laporte. « Entre 2000 et 2003, il m’a apporté une sorte de vision globale. J’ai préservé une lecture du jeu et une recherche stratégique qu’il m’a apportées« , abondait Galthié la saison dernière.

Marconnet: « Bernard est plus pragmatique »

Le manager du MHR affirmait cependant qu’il « ne copie pas » le jeu prôné par Laporte. Car si ces deux anciens demis de mêlée au caractère bien affirmé sont « deux garçons extrêmement passionnés qui aiment tendre vers la perfection, dans leur ADN » d’après Marconnet, leurs différences sont nombreuses. Champion de France en 1998 à la tête du Stade français dont la puissance des avants était le principal atout, Laporte a ensuite instauré chez les Bleus le fameux ‘jeu large-large’. « On avait en équipe de France un rugby qui ressemblait à l’animation qu’il propose aujourd’hui à Toulon. Avec des joueurs sur toute la largeur, avec de grandes passes, avec un neuf souvent suppléé par d’autres joueurs aux extérieurs. Son jeu a toujours ses idées de base« , analysait Galthié, davantage « attiré par le beau jeu et les belles envolées » selon Marconnet. « Bernard est plus pragmatique, préfère un jeu plus ‘à l’Australienne’: les trois, quatre, cinq premiers temps de jeu sont déterminés. C’était le cas en équipe de France, cela me semble aussi être le cas à Toulon. Fabien est lui plus instinctif même s’il s’appuie quand même sur des schémas de jeu« , poursuit l’ancien pilier.

Les deux managers ont également une approche différente de leur façon de diriger leurs troupes. Sur le terrain, d’abord, dont s’est progressivement éloigné Laporte à Toulon, d’après Marconnet: « C’est pour ça qu’il a pris Jacques Delmas (entraîneur des avants du RCT, ndlr), en qui il a une entière confiance et à qui il peut déléguer. (Il ne déléguait pas) au Stade français, un peu en équipe de France. » Galthié, qui assiste à tous les matches de Montpellier au ras de la pelouse quand Laporte prend place en tribunes, aime lui « mettre la main à la pâte, s’impliquer dans les entraînements, y compris dans le jeu d’avants« , poursuit Marconnet. Et l’ancien pilier international (84 sélections) d’estimer Laporte « un peu plus dur que Fabien dans sa relation avec les hommes, même si cela reste humain« . « Très autoritaire au début, laissant peu de place à la discussion« , l’ancien secrétaire d’État chargé des Sports a cependant fait évoluer son management: « A la fin (en équipe de France), il essayait d’impliquer plus de monde, de nous responsabiliser« . Galthié est lui « moins meneur d’hommes, un peu moins dans l’émotion et plus dans la gestion » que Laporte, dont certaines colères noires sont restées célèbres. « Fabien a un management plus ‘programmé’. Il aime beaucoup échanger avec ses troupes. »

Source: rugbyrama.fr