Mathieu Bastareaud ou l’ouverture au monde

Mathieu Bastareaud ou l’ouverture au monde

22 septembre 2011 - 18:31

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Loin de la Guadeloupe, de la Nouvelle-Zélande, de Paris… Mathieu Bastareaud, nouveau trois-quarts centre du RCT, a raconté à Var-matin son nouveau quotidien en rouge et noir.
Loin de la Guadeloupe, de la Nouvelle-Zélande, de Paris… Mathieu Bastareaud, nouveau trois-quarts centre du RCT, a raconté à Var-matin son nouveau quotidien en rouge et noir.
Sa parole est libre, décomplexée. Ses rires, francs, sa verve surprenante. Mathieu Bastareaud semble être un jeune homme bien dans sa peau. Cela n’a pas toujours été le cas. Pour combattre son introversion, il a travaillé sur lui-même, entamé une psychanalyse. Il a l’envie de vivre mieux, de profiter à fond de cette vie atypique de sportif professionnel et d’un des grands espoirs du rugby français.
Toulon, le coup de cœur
Dans cette démarche, Toulon tombe à pic. Il y goûte un style de vie plus en phase avec ce qu’il est vraiment. « C’est à mi-chemin entre Paris et la Guadeloupe. Il y a du soleil, la région est reposante et les gens prennent le temps de vivre. Quand j’entendais les Sudistes dire que les Parisiens étaient trop speeds, je répondais que c’était faux. À tort», reconnaît-il.
Aujourd’hui, « Basta » mesure son plaisir d’être là : «Je prends le temps de vivre et d’apprécier chaque instant. Je réalise la chance que j’ai. Les mauvaises langues disent qu’à Toulon, c’est trop excessif, mais ce n’est pas vrai. Les gens ne sont jamais oppressants. Quand tu perds à Mayol, tu prends la foudre, mais le lendemain, il y a une centaine de supporters qui sont présents à l’entraînement pour t’encourager.»
Pris dans le tourbillon passionnel du RCT, Mathieu s’est, un jour, amusé à compter les autocollants du RCT sur les voitures. «Il y en a partout !», s’esclaffe-t-il.
Il vit au Paradis !
Son coup de cœur pour Toulon ne date pourtant pas d’hier. Alors qu’il était encore au Stade Français, il passe trois jours à La Valette, dans la famille de son ami Morgan Martinez, troisième ligne des Espoirs à Paris et depuis cette saison à Carqueiranne-Hyères-La Crau (Fédérale 2). La découverte de ce style de vie s’avérera prépondérante dans sa volonté, farouche, de rejoindre Toulon.
Depuis son arrivée dans le Var, Mathieu vit à Carqueiranne, dans le quartier résidentiel Le Paradis, tout en haut, avec vue sur mer, à quelques centaines de mètres de la maison de Carl Hayman.
Volontiers casanier, il passe son temps libre entre repos, télévision et lecture. L’ouvrage sur le centenaire du RCT, paru en 2008, fait office de livre de chevet. «S’il y a toute cette ferveur en ville, ce n’est pas pour rien. Tu sens qu’il y a eu des personnes vraiment importantes qui ont porté le maillot, comme Champ, Loppy ou Gallion. Quand tu joues aujourd’hui à Toulon, tu n’as pas le droit de galvauder le maillot. Tu le sens. C’est quelque chose !»
Cet environnement va l’aider à revenir à son meilleur niveau et à perdre pas moins de douze kilos. « J’avais perdu l’envie de me faire mal. Je l’ai retrouvée et ça m’a fait beaucoup de bien. J’étais attendu mais le staff et mes coéquipiers ont fait parapluie. Ils m’ont protégé.»
Créteil, Massy, Paris
Toulon est la dernière des trois familles de Mathieu Bastareaud. La première, c’est la région parisienne. Créteil d’abord, son lieu de naissance et de résidence, «la maison», comme il l’appelle.
Il a 5 ans quand tous les mercredis après-midi, il se rend au centre aéré pour y pratiquer des activités. De balle, de ballon, de batte et puis un jour d’ovalie.
Une révélation. Il en parle à sa mère qui connaît un éducateur au club de Créteil. Ni une, ni deux, il rejoint le club francilien en cours d’année. Il n’a pas encore 6 ans, l’âge révolu pour prendre sa première licence. L’ami de sa mère ferme les yeux. «Avec mon gabarit, cela ne se voyait pas trop !», rigole le mini mais déjà costaud poussin de l’époque.
Dix ans plus tard, Bastareaud est devenu un joli coquelet, prêt à prendre son envol dans d’autres basses-cours. «J’avais le choix entre Massy, le PUC et le Stade Français. J’ai choisi Massy pour la formation. C’était la référence et puis je ne vivais qu’à trois arrêts de train du Pôle Espoir», se souvient-il.
Il fait partie de la génération 1 988 (comme Wesley Fofana et Henry Chavancy) avec laquelle il décrochera son premier titre Taddéï en 2005, après avoir essuyé un échec en finale, l’année d’avant. « L’ambiance était énorme !», salive Mathieu. De ces années juniors, il va faire une rencontre prépondérante, celle d’Eric Lamarque, aujourd’hui entraîneur de l’Espagne. «Le premier jour où je l’ai vu, il m’a remonté les bretelles car j’avais les mains dans les poches.» L’homme est pointilleux, rigoureux. Le dilettante Bastareaud va apprendre à se discipliner. Pour Mathieu, ces années franciliennes riment avec croissance et éclosion.
Appelé en équipe de France à 18 ans
Mai 2007. « Basta » dispute un match de phase finale de Fédérale 1 face à Lannemezan. Plusieurs caméras sont en bord de pelouse à son grand étonnement. « Je m’échauffais, ils me suivaient…», raconte-t-il encore aujourd’hui étonné. Revenu blessé au CNR de Marcoussis, il croise des regards inquiets et le manager des Bleus, Jo Maso, qui lui lâche : «Soigne-toi bien car tu pars en tournée en Nouvelle-Zélande.» Mathieu n’a que 18 ans, mais il ne pourra pas honorer sa première cape sous l’ère Laporte.
À la reprise, il rejoint le Stade Français des Hernandez et autre Liebenberg dont les posters tapissaient encore les murs de sa chambre d’ado. « C’était très impressionnant de les côtoyer. Ils étaient hyper sympas et simples. J’ai beaucoup appris à leurs côtés.»
Sa vie en bleu, il l’entamera finalement lors du Tournoi des Six Nations 2009. Neuf capes depuis, mais sans le costume de Zorro.
La Guadeloupe dans le sang
Si Mathieu Bastareaud a été élevé à la mamelle du rugby francilien, il n’en demeure pas moins un enfant des îles. Dans l’âme et les attitudes. « J’aime bien lézarder», sourit-il. Alors quand il va rendre visite à ses nombreux cousins, dont le footballeur William Gallas, dans sa Guadeloupe originelle, à Sainte-Anne, il se fond naturellement dans le moule. «Je m’adapte à la vie locale. Ça ne va pas très vite…»
Aujourd’hui, Mathieu Bastareaud a cessé de courir après ses vieux démons. Il vit d’instant présent et de petits plaisirs. La voie royale pour rattraper son destin égaré.

Loin de la Guadeloupe, de la Nouvelle-Zélande, de Paris… Mathieu Bastareaud, nouveau trois-quarts centre du RCT, a raconté à Var-matin son nouveau quotidien en rouge et noir.

Sa parole est libre, décomplexée. Ses rires, francs, sa verve surprenante. Mathieu Bastareaud semble être un jeune homme bien dans sa peau. Cela n’a pas toujours été le cas. Pour combattre son introversion, il a travaillé sur lui-même, entamé une psychanalyse. Il a l’envie de vivre mieux, de profiter à fond de cette vie atypique de sportif professionnel et d’un des grands espoirs du rugby français.

Toulon, le coup de cœur

Dans cette démarche, Toulon tombe à pic. Il y goûte un style de vie plus en phase avec ce qu’il est vraiment. « C’est à mi-chemin entre Paris et la Guadeloupe. Il y a du soleil, la région est reposante et les gens prennent le temps de vivre. Quand j’entendais les Sudistes dire que les Parisiens étaient trop speeds, je répondais que c’était faux. À tort», reconnaît-il.

Aujourd’hui, « Basta » mesure son plaisir d’être là : «Je prends le temps de vivre et d’apprécier chaque instant. Je réalise la chance que j’ai. Les mauvaises langues disent qu’à Toulon, c’est trop excessif, mais ce n’est pas vrai. Les gens ne sont jamais oppressants. Quand tu perds à Mayol, tu prends la foudre, mais le lendemain, il y a une centaine de supporters qui sont présents à l’entraînement pour t’encourager.»

Pris dans le tourbillon passionnel du RCT, Mathieu s’est, un jour, amusé à compter les autocollants du RCT sur les voitures. «Il y en a partout !», s’esclaffe-t-il.

Il vit au Paradis !

Son coup de cœur pour Toulon ne date pourtant pas d’hier. Alors qu’il était encore au Stade Français, il passe trois jours à La Valette, dans la famille de son ami Morgan Martinez, troisième ligne des Espoirs à Paris et depuis cette saison à Carqueiranne-Hyères-La Crau (Fédérale 2). La découverte de ce style de vie s’avérera prépondérante dans sa volonté, farouche, de rejoindre Toulon.

Depuis son arrivée dans le Var, Mathieu vit à Carqueiranne, dans le quartier résidentiel Le Paradis, tout en haut, avec vue sur mer, à quelques centaines de mètres de la maison de Carl Hayman.

Volontiers casanier, il passe son temps libre entre repos, télévision et lecture. L’ouvrage sur le centenaire du RCT, paru en 2008, fait office de livre de chevet. «S’il y a toute cette ferveur en ville, ce n’est pas pour rien. Tu sens qu’il y a eu des personnes vraiment importantes qui ont porté le maillot, comme Champ, Loppy ou Gallion. Quand tu joues aujourd’hui à Toulon, tu n’as pas le droit de galvauder le maillot. Tu le sens. C’est quelque chose !»

Cet environnement va l’aider à revenir à son meilleur niveau et à perdre pas moins de douze kilos. « J’avais perdu l’envie de me faire mal. Je l’ai retrouvée et ça m’a fait beaucoup de bien. J’étais attendu mais le staff et mes coéquipiers ont fait parapluie. Ils m’ont protégé.»

Créteil, Massy, Paris

Toulon est la dernière des trois familles de Mathieu Bastareaud. La première, c’est la région parisienne. Créteil d’abord, son lieu de naissance et de résidence, «la maison», comme il l’appelle.

Il a 5 ans quand tous les mercredis après-midi, il se rend au centre aéré pour y pratiquer des activités. De balle, de ballon, de batte et puis un jour d’ovalie.

Une révélation. Il en parle à sa mère qui connaît un éducateur au club de Créteil. Ni une, ni deux, il rejoint le club francilien en cours d’année. Il n’a pas encore 6 ans, l’âge révolu pour prendre sa première licence. L’ami de sa mère ferme les yeux. «Avec mon gabarit, cela ne se voyait pas trop !», rigole le mini mais déjà costaud poussin de l’époque.

Dix ans plus tard, Bastareaud est devenu un joli coquelet, prêt à prendre son envol dans d’autres basses-cours. «J’avais le choix entre Massy, le PUC et le Stade Français. J’ai choisi Massy pour la formation. C’était la référence et puis je ne vivais qu’à trois arrêts de train du Pôle Espoir», se souvient-il.

Il fait partie de la génération 1 988 (comme Wesley Fofana et Henry Chavancy) avec laquelle il décrochera son premier titre Taddéï en 2005, après avoir essuyé un échec en finale, l’année d’avant. « L’ambiance était énorme !», salive Mathieu. De ces années juniors, il va faire une rencontre prépondérante, celle d’Eric Lamarque, aujourd’hui entraîneur de l’Espagne. «Le premier jour où je l’ai vu, il m’a remonté les bretelles car j’avais les mains dans les poches.» L’homme est pointilleux, rigoureux. Le dilettante Bastareaud va apprendre à se discipliner. Pour Mathieu, ces années franciliennes riment avec croissance et éclosion.

Appelé en équipe de France à 18 ans

Mai 2007. « Basta » dispute un match de phase finale de Fédérale 1 face à Lannemezan. Plusieurs caméras sont en bord de pelouse à son grand étonnement. « Je m’échauffais, ils me suivaient…», raconte-t-il encore aujourd’hui étonné. Revenu blessé au CNR de Marcoussis, il croise des regards inquiets et le manager des Bleus, Jo Maso, qui lui lâche : «Soigne-toi bien car tu pars en tournée en Nouvelle-Zélande.» Mathieu n’a que 18 ans, mais il ne pourra pas honorer sa première cape sous l’ère Laporte.

À la reprise, il rejoint le Stade Français des Hernandez et autre Liebenberg dont les posters tapissaient encore les murs de sa chambre d’ado. « C’était très impressionnant de les côtoyer. Ils étaient hyper sympas et simples. J’ai beaucoup appris à leurs côtés.»

Sa vie en bleu, il l’entamera finalement lors du Tournoi des Six Nations 2009. Neuf capes depuis, mais sans le costume de Zorro.

La Guadeloupe dans le sang

Si Mathieu Bastareaud a été élevé à la mamelle du rugby francilien, il n’en demeure pas moins un enfant des îles. Dans l’âme et les attitudes. « J’aime bien lézarder», sourit-il. Alors quand il va rendre visite à ses nombreux cousins, dont le footballeur William Gallas, dans sa Guadeloupe originelle, à Sainte-Anne, il se fond naturellement dans le moule. «Je m’adapte à la vie locale. Ça ne va pas très vite…»

Aujourd’hui, Mathieu Bastareaud a cessé de courir après ses vieux démons. Il vit d’instant présent et de petits plaisirs. La voie royale pour rattraper son destin égaré.

Source: varmatin.com

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  1. Romain rct 22 septembre 2011 à 19h

    Allez Mathieu fait monter tout le peuple toulonnais a Paris cet saison et redescent nous le bouclier

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