On a beau le connaître un peu, Mourad Boudjellal reste un type à part, surprenant. Hier, il n’a pas assisté à Clermont-Toulouse (18-14) et on n’est même pas certain qu’il ait regardé cette demi-finale à la télévision. « Je fais mon pèlerinage annuel, confie-t-il au téléphone. Je vais au cimetière de Sète où est enterré Georges Brassens. Ça me renvoie à mon enfance, à moi-même. Brassens a beaucoup compté pour moi. Il m’a empêché de mal tourner à un moment. Oh, je ne serais pas devenu voyou, mais il m’a fait découvrir la culture, m’a donné envie de devenir éditeur. » C’est donc à Sète, au lendemain de la première élimination de Toulon en demi-finales depuis 2010, face au Stade Français (33-16), que le propriétaire du RCT s’est posé. Pour réfléchir à quelques dossiers.

POURQUOI EST-IL PARTI AVANT LA FIN DE LA DEMI-FINALE CONTRE PARIS ?

« Je me suis barré car, entre les sifflets pour Bakkies Botha à sa sortie et la joie de nous voir perdre, en tribune présidentielle… », râle Mourad Boudjellal. Mais à distribuer des scuds à chacun, s’attendait-il à des félicitations samedi soir ? « J’ai juste dit des vérités, ce que personne ne faisait dans le rugby, se défend-il. Quant à Bakkies (champion du monde avec les Springboks en 2007), qu’on l’aime ou pas, comment peut-on accepter qu’un public siffle un monstre du rugby qui arrête sa carrière ? On ne siffle pas les monuments. »

« LE STADE FINANCÉ PLUTÔT QUE FRANÇAIS »

« On a été battus par plus forts que nous, on ne peut rien dire, ni râler. Je crois qu’on se rendra compte dans quelques années de ce qu’on a réalisé dans ce rugby où il y a des milliardaires. À Paris, c’est davantage le “Stade Financé” que le Stade Français. Et ça ne me dérange pas. Au contraire, c’est tant mieux si Paris est très haut, ça nous fera une délocalisation possible en plus. » Samedi, avant la rencontre, Boudjellal a eu une discussion avec Thomas Savare, son homologue parisien. « Très sympa, il m’a dit : “Pourquoi dis-tu que je suis la 10e fortune française ? Dans ce cas, il me manque 15 milliards”. D’accord… Il n’est peut-être que vers la 50e place, mais c’est très loin de ce que je peux avoir pour lutter. »

IL A TRÈS PEUR DU DÉBUT DE SAISON

Bernard Laporte qui commentera sur TF 1 la Coupe du monde (18 septembre-31 octobre), lui-même peut-être consultant sur Canal + et Europe  1, des sélectionnés avec la France, l’Australie, l’Afrique du Sud, le pays de Galles… Le RCT sera éparpillé à l’attaque de la prochaine saison. S’y est ajouté le départ pas prévu de Pierre Mignoni pour Lyon et cette impression de flou. Que partage Boudjellal. « Ce début de saison me fout la trouille. À tel point que je me pose des questions à propos de la radio. Pourrais-je tout faire ? » En revanche, il n’a pas le sentiment d’avoir vécu la fin de quelque chose samedi, en dehors des retraites annoncées de Hayman, Botha et Williams. « La défaite est un pas de recul mais, pour moi, elle est surtout un pas d’élan pour repartir. »

GITEAU ET MITCHELL EN CONGÉS SANS SOLDES POUR LE MONDIAL

En vue d’un (très probable) rappel de Matt Giteau (32 ans, 92 sél.) et Drew Mitchell (31 ans, 63 sél.) chez les Wallabies pour le Mondial, Boudjellal a reçu ses deux Australiens il y a quelques jours. « C’est très clair, explique le président du RCT. Contractuellement, ils seront en congés sans soldes s’ils vont au Mondial. » Un arrangement rendu nécessaire après la récente modification des règles de sélection australienne permettant aux joueurs évoluant à l’étranger de postuler, à condition de cumuler plus de 60 capes, ce qui est leur cas.

QUADE COOPER ET SONNY BILL BOXERONT À TOULON

« On va faire boxer Quade Cooper à Toulon à l’intersaison », dévoile Boudjellal. L’ouvreur australien (27 ans, 53 sél.), qui a signé pour deux ans aux RCT, recevra évidemment une bourse pour combattre, non pas au stade Mayol, mais plutôt au Palais des sports. Ce qui permettra de lui payer une partie de ses revenus sans empiéter sur la masse salariale du RCT. « Lors de la même réunion, il y aura également Sonny Bill Williams », précise Boudjellal. Le centre all black (29 ans, 23 sél.), champion du monde en 2011, a évolué à Toulon entre 2008 et 2010 et le patron du RCT a toujours rêvé de le faire revenir. Ce sera sur un ring.

Source: lequipe.fr