C’est donc ça, un triple champion d’Europe ? Une équipe qui se fait marcher dessus, dans son antre de Mayol, par le Racing 92 (22-27), un concurrent direct pour les places qualificatives. Une équipe sans imagination, sans leader, sans rien. Le constat est terrible pour Toulon, qui présentait tout de même dix internationaux sur la pelouse : « Peut-être, mais je ne les ai pas vus, déplore Mourad Boudjellal. En revanche, j’ai vu un des plus mauvais matches de Top 14 du RCT à Mayol. »

Jamais avare en coups de gueule, le président du club varois crie déjà au loup avant les deux prochains déplacements, à Castres, dimanche, et à Paris, le 6 septembre : « Après trois journées de Championnat,je vais regarder le classement à l’envers. Ça me rappellera la saison dernière, quand on était en tête. Car là, je vous assure, on va perdre les trois premiers matches. » Boudjellal a toujours tendance à noircir le tableau, à penser que son équipe peut perdre contre les cadets de Six-Fours-les-Plages. « Non, ce n’est pas du cinéma, jure-t-il. Je ne me fais aucune illusion. À Castres, David Smith et Rudi Wulf (deux anciens Toulonnais) vont faire un festival contre nous. Après, contre le champion de France, je n’en parle même pas. La seule chose qui peut nous sauver, c’est que ces deux matches ont lieu un dimanche. C’est le jour du Seigneur, alors il y aura peut-être un miracle. »

L’inquiétude du président s’explique aussi par le passé récent du RCT. La dernière fois que Toulon s’est incliné à domicile d’entrée, contre Bayonne (22-26), lors de la saison 2010-2011, il ne s’était pas qualifié pour la phase finale. On n’en est pas encore là mais la menace plane en cette saison de Coupe du monde, qui prive le club de dix-sept joueurs et quasiment d’un quinze type (voir par ailleurs). « Des solutions, j’en ai,mais elles sont en train de préparer le Mondial, explique le président, qui a récemment fait son mea culpa dans les colonnes de la Provence. J’ai sous-estimé l’effet Coupe du monde et j’ai surestimé certains joueurs. De plus, je n’ai pas bien préparé le mi-temps de Bernard Laporte. » Consultant pour TF 1 pendant le Mondial puis en campagne pour la présidence de la Fédération française, le manager du club sera absent cette saison les lundi et mardi.

MERMOZ : « TOUT LE MONDE DOIT PRENDRE SES RESPONSABILITÉS »

Laporte, justement, refuse de se réfugier derrière l’excuse des absences : « On savait que ça allait être compliqué alors on ne va pas commencer à se plaindre. » Ce qui agace le manager, en revanche, c’est le comportement des joueurs présents : « Il y a un manque de puissance, c’est une évidence. Contre le Racing, on n’a pas été assez soldats. L’agressivité est primordiale. On attend beaucoup plus de certains joueurs confirmés. À eux de se faire violence. »

Parmi eux, le centre international Maxime Mermoz (29 ans, 30 sélections), un des tauliers du groupe. « J’essaye de m’investir, assure-t-il. En match, je peux prendre la parole mais je dois aussi penser à ce que j’ai à faire sur le terrain. Tout le monde doit prendre ses responsabilités. » Cette saison, l’équipe ne peut plus s’appuyer sur trois de ses monstres sacrés – Carl Hayman, Bakkies Botha et Ali Williams, partis à la retraite en juin – et la défaite face au Racing a mis en lumière leur difficile succession. « On ne remplace pas des mecs de ce calibre comme ça, convient le jeune troisième-ligne centre Charles Ollivon (22 ans), arrivé de Bayonne (relégué en Pro D 2). C’est vrai, il y a une forte pression ici et c’est normal. Maintenant, on doit penser à faire notre job, sans se mettre la tête au fond du seau. »

Pour Jacques Delmas, l’entraîneur des avants, les semaines qui arrivent vont en dire long sur l’état d’esprit et l’implication des joueurs : « On va voir si on a les ressources. Je ne connais qu’une seule solution pour s’en sortir : le travail. » Alors, depuis lundi, les avants toulonnais ont fait des mêlées, encore des mêlées et toujours des mêlées. En attendant des jours meilleurs, peut-être dès la fin de la Coupe du monde, après sept journées de Top 14. Mais où en sera alors Toulon au classement ? Boudjellal connaît la réponse :« Relégable. »

Source: lequipe.fr