«Son cosas de la vida, no ? » Nicolas Sanchez se réfugie derrière un lieu commun équivalent, en Argentine, à notre « c’est la vie ». De fait, l’ouvreur des Pumas a toujours du mal à expliquer pourquoi il ne parvint pas à s’imposer à l’UBB, lors des deux saisons qu’il passa en Gironde. Pourquoi il fut, en réalité, le remplaçant de Camille Lopez avant d’être celui de Pierre Bernard, deux des trois ouvreurs du XV de France cet
automne. « Je n’ai pas eu la chance de démarrer un seul match au stade Chaban-Delmas. Je n’ai jamais pu enchaîner deux rencontres consécutives. À Bordeaux, on ne me faisait pas confiance. Or, j’ai besoin d’être rassuré en permanence, pour faire de bons matchs. »

Deviendra-t-il, d’ici quelques jours, la doublure de Matt Giteau sur la Rade ? Sa performance, samedi soir, laisse à penser que non. Auteur de trois drops, deux pénalités et quinze points à Saint-Denis, le joker médical de Michalak a flirté avec les 85 % de réussite que chasse le triumvirat des Bleus depuis des mois. « Je travaille énormément cette facette de mon jeu, nous confiaitil samedi soir. Mais passer trois drops dans un match, cela ne m’était jamais arrivé, même à l’école de rugby ! » Une stratégie ? Lui jure que non. Hourcade avouait pourtant : « Il ne faut pas être un génie pour comprendre que le rideau défensif des Tricolores est particulièrement dense, qui plus est lorsque l’on pénètre les vingt-deux mètres français. J’avais donc demandé à Nico (Sanchez) de se tenir prêt, dès lors que nos porteurs de balle approchaient en-but français. […] Je voulais aussi décharger notre demi d’ouverture d’une partie de l’animation défensive, afin qu’il s’affranchisse de la pression de Dusautoir. Nous avons donc démarré avec trois ouvreurs de formation (Sanchez, Hernandez, Bosch et son remplaçant Iglesias sont des numéros 10, N.D.L.R.). Le but était d’éloigner les Français des zones de ruck. »

IL AVAIT ANALYSÉ LOPEZ

Lorsqu’il est question de son meilleur ami, Juan Imhoff se marre : « Quand Nico passe un drop, je sais qu’il va en tenter dix derrière. » Marcos Ayerza, dans un élan de sincérité bravache, enchaîne : « Ses trois drops sont anecdotiques, pour moi. Nico a surtout défendu comme un chien enragé pendant quatre-vingt minutes. Il voulait prouver à tout le monde qu’il n’était pas qu’un attaquant. » Comprenez par là que Sanchez, renversé par la troisième-ligne écossaise lors du premier des trois matchs de la « Gira de noviembre » (41- 31) puis triqué par Hourcade en Italie, jouait au Stade de France une partie de son avenir en sélection nationale. « Je ne vais pas vous mentir, lâchait-il peu avant de quitter le Stade de France. Nous avions fait de ce match à Paris une priorité. Ce qui s’est passé en Écosse n’avait pas vraiment d’importance, si on battait les Bleus. » Ledit Nico avait quant à lui disséquer le jeu de Camille Lopez, à raison d’une séance vidéo quotidienne, dans une salle que lui avait spécialement dédié l’hôtel Movenpick de Neuilly. Qu’avait-il vu, au juste ? « Nous voulions étouffer Camille (Lopez) par un pressing très agressif. Nous avions dans l’idée de faire circuler des joueurs à son intérieur, à son extérieur et partout où il jetterait un oeil. » Ce n’est pas tout. « Mon ancien coéquipier à l’UBB utilise énormément le jeu au pied croisé, vers ses ailiers. El Huevo (Hourcade) avait donc exigé de la panthère (Montero) et Juan (Imhoff) de décrocher et de rester à hauteur de Joaquin (Tuculet), dans le troisième rideau. » Que rico ! *

* Que c’est bon !

Source: Midi Olympique