Qu’est-ce qui vous a manqué ?

De l’efficacité. Le RCT n’est pas champion d’Europe pour rien : c’est l’équipe qui encaisse le moins d’essais. À la pause, on était déjà heureux d’en avoir inscrit deux et c’était logique : on a fait preuve de brillance dans le collectif, il y avait de la détermination, du panache, tout ce qui correspond à l’identité de l’équipe. Peut-être que dans la transformation du jeu, on aurait dû être plus patient, passer un peu plus par l’axe, avec un ruck de plus. Dans le vestiaire, j’ai demandé aux joueurs de maintenir cette intensité. Mais, vous savez, je leur ai demandé beaucoup, et cela déjà fait plusieurs mois qu’on leur demande beaucoup et qu’ils le rendent avec générosité. La frustration est énorme car on s’arrête à deux points mais je suis fier de leur comportement.

Le tournant est là, dans cette entame de seconde période ?

Oui. Il y a quelques décisions qui tournent en la faveur de Toulon ; on commet quelques en-avant, un renvoi est mal négocié, le jeu au pied n’est plus aussi précis. Cette accumulation de petites fautes a remis l’adversaire dans le match et nous a fait perdre de notre brillance. On manque aussi d’expérience et de réussite sur ce drop bien amené qui passe juste à côté. C’est ce qui amène cette fin étouffante où on sent que les joueurs n’ont plus le ressort physique, et mental pour faire la différence. J’ai senti qu’ils étaient au bout.

Quand vous parlez de manque d’expérience, à quoi pensez-vous ?

Dans le camp adverse, l’option stratégique était claire : conserver le ballon, ne pas le rendre au pied pour ne pas s’exposer à leurs contres. Il y a eu aussi chez eux une réflexion stratégique positive, ils ont mis plus de puissance sur la ligne d’avantage avec des joueurs qui savent manœuvrer. Alors que nous, on perd très vite des leaders de jeu et la mêlée a été fragilisée par les circonstances et les blessures. J’ai le sentiment qu’on a tenté d’exploiter toutes nos ressources sur ce match.

Comment rebondir pour les deux derniers matchs ?

On va se resserrer. Les joueurs sont très touchés moralement, mais au sens propre aussi. Il est évident que c’est à moi, au président, au staff, de trouver les mots. Dans l’immédiat, on va les laisser digérer puis on va regrouper nos forces valides et on va tout jeter dans la bataille. Ce qui est sûr, c’est que je vais combattre jusqu’au bout. Il ne reste que deux journées, ça reste très serré alors pourquoi pas ? Je vais m’appuyer sur ce pourquoi pas. Ils peuvent encore décrocher cette récompense qu’ils méritent.