Thibault Lassalle a quitté sa vallée pour rejoindre la Rade du RCT

Thibault Lassalle a quitté sa vallée pour rejoindre la Rade du RCT

29 juillet 2015 - 19:56

9 Commentaires

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lassalleLe deuxième ligne, qui a signé à Toulon après s’être relancé à Oyonnax, est viscéralement attaché à « sa » vallée d’Aspe

Ce pays a une vertu. Il ramène les 2,02 mètres – pour 115 kilos – de Thibault Lassalle à de plus justes proportions. Perché au bout de la terrasse de sa maison posée à flanc de montagne, le deuxième ligne paraît (un peu) moins massif qu’aux abords des rucks. Le visage apaisé, il balade son regard sur un panorama d’exception. Ici, Thibault Lassalle contemple bien plus que le village de Lourdios-Ichère, niché dans la vallée d’Aspe au fond du Béarn.

Sur le versant opposé, à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau, c’est le toit de la maison de ses parents qu’il aperçoit entre les arbres. En levant les yeux vers l’un des sommets qui cernent son village, il peut suivre la progression du troupeau de brebis de son oncle. « Enfant, je l’accompagnais. Mais ce ne sont pas les bêtes que je préfère : elles sont trop têtues, s’amuse-t-il. Mon truc, c’était plutôt les tracteurs. »

Plus bas enfin, c’est une maison du centre de son village, aux abords du gave de Lourdios, qu’il pointe du doigt : « J’aime bien aller boire un verre avec Jean-Louis quand je reviens ici. C’est un papy de 80 ans, un ancien maquignon : on refait le monde, il me raconte comment c’était avant… On a lié une amitié forte. » Le tout pourrait être résumé en une phrase : Thibault Lassalle est ici chez lui.

« C’est le paradis. On ressent ici un véritable sentiment de liberté »

Au début du mois de juin dernier, entre les préparatifs de son déménagement d’Oyonnax à Toulon et son départ pour l’Argentine avec les Barbarians français, l’emploi du temps de l’Aspois était sous tension. Mais pas suffisamment pour rayer l’étape en vallée d’Aspe de la liste des incontournables de ses vacances : « C’est le paradis. On ressent un véritable sentiment de liberté : il n’y a pas d’horaires, ma famille et mes amis m’entourent… Pour certains, les vacances sont synonymes de destinations lointaines. Moi, je reviens ici. »

L’appel de la montagne

Au point qu’au moment d’envisager (déjà) l’après rugby, Thibault Lassalle se tourne vers sa vallée : « Ce n’est pas figé dans mon esprit. Je passe mes diplômes d’entraîneur. Je voudrais rester près du monde du rugby : j’aime réfléchir sur le jeu. Mais je rêve aussi de retourner au pays… Je ne me vois pas paysan à proprement parler, mais je pourrais travailler dans les espaces verts. » La nature, toujours.

Lorsqu’il a enchaîné deux lourdes blessures aux genoux (2009-10), qui ont hypothéqué la suite de sa carrière lors de son bail à Agen, c’est en partie sur les flancs des montagnes surplombant Lourdios-Ichère que Thibault Lassalle s’est reconstruit. « Après ma deuxième opération, même si les gens d’Agen étaient sympas avec moi, je ne pouvais plus trop entendre parler de rugby. Cet endroit m’a servi d’échappatoire. J’ai défriché les terrains qui entourent ma maison : ça m’a permis de me défouler, s’amuse-t-il, en désignant du menton les pentes escarpées de sa propriété. Et en même temps, ça faisait office de rééducation. »

Acheter cette maison en 2010 se révèle décidément être un bon investissement. « Elle appartenait à un ancien du village. Il a fallu un peu de temps pour qu’on se mette d’accord : lui me parlait en anciens francs alors que moi je lui donnais des prix en euros, s’esclaffe Thibault Lassalle. En bons paysans, on a négocié. » Le tout à 22 ans, un âge où la plupart de ses coéquipiers rêvaient d’ailleurs.

L’omniprésente et médiatique ombre de son père, le député-maire de Lourdios-Ichère Jean Lassalle, aurait pu l’en dissuader. Il n’en fut rien. « Ça n’a jamais été un problème, recadre le deuxième ligne. J’ai toujours été proche de lui. Il est aimé ou détesté, mais c’est le jeu de l’engagement politique. […] Pendant le combat contre le tunnel du Somport, lorsque j’étais plus jeune, j’admets que ça a été des années dures : ça a canalisé tous les problèmes du coin. J’avais du mal à parler de ça à l’époque. »

De la vallée aux fastes du RCT

L’aveu est formulé avec pudeur. Atavismes familiaux… Avant d’être rugbyman, Thibault Lassalle est un fils de montagnard. « Tout le monde a besoin de se rattacher à quelque chose pendant les moments de doute : quand je trouve que c’est dur sur le terrain, je pense à ici, concède-t-il. […] Il ne faut jamais abdiquer. Je représente un peu ce petit village. »

Un étendard qu’il devra désormais brandir au sein de la constellation de stars que compose le RC Toulon. Après trois saisons à Oyonnax, dans un groupe qui a bâti ses succès sur le sentiment de revanche, le deuxième ligne s’est ouvert les portes du triple champion d’Europe en titre : « Si on me l’avait dit il y a trois ans, je ne l’aurais pas cru. »

Plus que de club, c’est de monde qu’il va changer tant les fastes du Var semblent bien éloignés des valeurs qu’il prête à la vallée d’Aspe. « Il y a les clichés… Je me ferai ma propre opinion par moi-même. C’est une chance de pouvoir s’exprimer là-bas. » La tâche sera rude au moment d’assurer la relève de monuments tels que Bakkies Botha et Ali Williams. Il secoue la tête : « Je ne raisonne pas comme ça. Je n’ai rien à voir avec de tels joueurs : je suis Thibault Lassalle. »

Ne jamais dire jamais. Thibault Lassalle le sait désormais : « Oyonnax, je ne voulais pas y aller. C’est Christophe Urios qui m’a convaincu de faire la route pour visiter les installations. » Du genre persuasif, l’ancien manager de l’USO. L’anecdote date de 2012 et l’Aspois n’a quitté l’Ain qu’au mois dernier. Un bail de trois saisons durant lequel il a décroché un titre de champion de France de Pro D2 (2012) et disputé un barrage face au Stade Toulousain en mai dernier (20-19).

Cette dernière échéance a marqué le point final d’un groupe qui s’est plu à déjouer tous les pronostics : « On s’était préparé à jouer le maintien, et on a joué à Toulouse pour une place en demie. » L’émotion, palpable sous l’œil des caméras, n’en a été que plus grande : « Ce sont trois années inoubliables. C’était très dur : ça marquait la fin d’un groupe. On a vécu des moments magiques ensemble… On savait ce qu’on perdait. »

Dans ce registre, Christophe Urios, qui a pris la direction de Castres, prend une place de choix : « Je sais ce que je lui dois. Lorsqu’il est venu me chercher à Agen, plus personne ne voulait de moi (Ndlr, après deux blessures aux deux genoux). » Un magicien ? « Non, si ça avait été le cas, il n’aurait eu besoin que de mettre un coup de baguette. Alors qu’au contraire, je n’ai jamais vu quelqu’un bosser autant : à 4 heures du matin, je recevais des mails sur la touche. » Ça n’a pas été vain.

Source: sudouest.fr

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9 Commentaires

  1. boom09 29 juillet 2015 à 20h- Répondre

    lui IL VA ASSURER ! c’est un guerrier !

  2. Pilou 29 juillet 2015 à 20h- Répondre

    Un gars simple, un gars bien, sans doute aucun.

  3. bison25 29 juillet 2015 à 22h- Répondre

    Le vrai Montagnard , quoi !… A n’en pas douter . Humble , Travailleur et Modeste comme il le dégage de lui même , ces qualités lui suffiront amplement pour nous combler sportivement de bonheur ..Toulonnais ce garçon est venu pour vous offrir de son meilleur :yes: :inlove: .

  4. Adi 1961 29 juillet 2015 à 22h- Répondre

    Surement un bon mec ce Thibault Lassale, un mec qui ne se la pète pas, avec le sens des valeurs des gens de la terre; avec le leitmotiv qu’il faut toujours lutter pour arriver. Bienvenu au RCT !

  5. Wtf 29 juillet 2015 à 22h- Répondre

    Tout simplement un terrible guerrier qui descend de la montagne vers la mer…

  6. piednoirerouge 29 juillet 2015 à 23h- Répondre

    Un vrai toulonnais du RCT « qui descend de la montagne etc… pilou pilou! « 

  7. Capelado 29 juillet 2015 à 23h- Répondre

    Un gars bien tout comme son père député Béarnais qui fait honneur à la représentation nationale.

  8. tommi 30 juillet 2015 à 10h- Répondre

    Son père…il faudrait beaucoup d’autres élus comme lui pour que les français s’intéressent à la politique !

  9. Arthur 30 juillet 2015 à 12h- Répondre

    J’apreciais le pere pour les valeurs humaines qu il dégage je pense que le fis va me plaire