Toulon veut créer l’événement ( Source Sud Ouest )

Toulon veut créer l’événement ( Source Sud Ouest )

16 janvier 2011 - 10:16

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Toulon n’y a pas échappé. La fièvre de l’Europe a saisi une ville et un club qui étaient entrés dans la compétition sur la pointe des pieds. On comprend leur émoi. Même tardif. Cet après-midi, le RCT a l’opportunité de provoquer un petit « cataclysme » à l’échelle du rugby européen, en éliminant le Munster, l’équipe la plus régulière de la décennie, deux fois titrée et douze fois qualifiée consécutivement pour les quarts de finale.

Il y a plus d’une semaine que les dernières places du vieux stade Mayol se sont envolées. Et Mourad Boudjellal, le bouillant président du RCT, qui fait rarement l’économie d’un excès verbal, l’affirme : « Je suis en transe, Toulon est en folie. » Avant d’ajouter, mû par un accès de frousse ou de lucidité : « Mais une question me taraude. Est-ce que nous ne sommes pas des usurpateurs ? Est-ce que dimanche soir, nous n’allons pas encore une fois, nous dire : Aïe, c’est loin l’Amérique. »

Pour qui se souvient du scénario du match aller, la question mérite effectivement d’être posée. Pour leur premier voyage en HCup, les Varois avaient pris une leçon de rugby à Limerick (45-18). « Nous avons ramassé la réalité du haut niveau en pleine figure », reconnaît Boudjellal.

« Mais notre défaite à Limerick a provoqué une prise de conscience, ajoute Philippe Saint-André. C’est un match qui nous a permis de grandir collectivement. » Que trois mois et deux matches plus tard, le RCT soit toujours à la lutte pour accéder aux quarts de finale, situe à la fois les progrès accomplis par les Toulonnais, deux fois vainqueurs des London Irish, et les limites actuelles des Munstermen qui vivent peut-être une saison de transition.

Mais il faut se méfier. La « grosse bête rouge » a des ressources et elle se sent en danger. Il suffit d’écouter Donccha O’Callaghan, le rugueux deuxième ligne du Munster, pour saisir l’importance de la rencontre vue de Cork ou de Limerick. Depuis dix ans, ceux qui furent longtemps les laissés-pour-compte de l’histoire de l’Irlande, ont appris à vivre dans l’opulence. L’élimination du Munster serait comme un prolongement de la crise sur le terrain du sport.

« C’est le genre de match où la pression est trop forte pour qu’on puisse profiter de l’événement, a-t-il confié à l’Irish Times. On est contre les cordes, bloqué dans un coin et il faut à tout prix que l’on obtienne un résultat. »

Pour la première fois depuis presqu’un an, le capitaine Paul O’Connell, longtemps handicapé par des problèmes aux adducteurs, sera titulaire et son retour au sein du pack est vécu comme une bénédiction au Munster où l’immense deuxième ligne fait figure de talisman. « Paul est un leader incroyable, un type pas ordinaire », affirme encore son compère O’Callaghan qui précise à l’attention de ceux qui douteraient de la férocité de l’engagement : « Ce genre de match, c’est d’abord une bataille physique dont l’issue se décide du numéro un au numéro huit. » C’est un point de vue d’avants et si le combat des packs sera sans doute déterminant, le face à face des deux ouvreurs Jonny Wilkinson et Ronan O’Gara, pèsera lourd dans l’issue de la rencontre.

Juste un point de départ

« Le Munster a, plus que nous, l’expérience de ces matches couperet, estime Saint-André.

« Il y a évidemment de la pression mais elle ne doit être vécue que de façon positive de notre côté. On a envie de montrer qu’il n’y a pas tant d’écart entre les deux équipes. On saura cet après-midi si nous avons vraiment appris. » En gardant à l’esprit qu’une victoire ne constituera qu’un pas et qu’il faudra ensuite aller chercher la qualification au Pays de Galles, chez les Ospreys. « Je vois ce match comme un point de départ, conclut Boudjellal. Nullement comme un aboutissement. Et si nous perdons, ce sera le début d’une nouvelle aventure pour revivre de tels moments. »

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