Au coup de sifflet final, il a laissé éclater sa joie en sautant dans les bras de ses entraîneurs. Mourad Boudjellal est un président heureux. Pour la première fois depuis 1993, Toulon s’est imposé à Toulouse (3-6) samedi au terme d’un petit match mais d’une grande victoire. « Gagner à Toulouse n’était vraiment pas programmé, avoue l’homme fort du RCT qui avait encore forcément en tête la courte défaite (19-18) de l’année dernière. Je suis vraiment très fier de mes joueurs. C’est la plus belle chose qui soit arrivé au club depuis son titre en 1992. Notre joie est immense car elle est proportionnelle à la taille de l’adversaire. Je suis vraiment ému car c’est le genre de chose dont on rêve. C’est vraiment émouvant, oui…» Après avoir dominé les Toulousains à Marseille lors du match aller, les Toulonnais ont frappé encore plus fort. Certes, les Toulousains étaient privés de leurs internationaux, actuellement retenus à Marcoussis pour préparer le déplacement au pays de Galles, mais l’exploit est retentissant. 

C’est grâce à deux pénalités de l’ouvreur argentin Felipe Contepomi que le RCT a fait la différence. Mais aussi une stratégie simple et efficace : tout miser sur une grosse défense. « Ce qui était important était de bien défendre, souligne Philippe Saint-André. On a fait un début de match catastrophique avec un mauvais jeu au pied et une mauvaise discipline. Cela n’a pas été le plus beau match de l’histoire du rugby mais pour l’histoire de mon équipe peut-être. J’avais dit qu’il fallait travailler dur, rester discipliné, bien organisé défensivement et ne rien lâcher. Ils l’ont fait, félicitation aux joueurs. Ensuite on domine la deuxième mi-temps, nous étions bien en place. » Solidaires aussi. Présents dans l’engagement, les Varois n’ont rien lâché tout au long de la rencontre. Ce que résume Saint-André par : « les mecs ont remué la viande pendant 80 minutes. »

Du côté des joueurs, français et étrangers, le bonheur est à la hauteur de l’exploit. « C’est mon plus grand jour à Toulon », lance le capitaine sud-africain Joe Van Niekerk. « C’est quelque chose d’exceptionnel », savoure le talonneur Sébastien Bruno. Contepomi, aligné en numéro dix et chargé de buter en l’absence de Jonny Wilkinson, est lui aussi aux anges. « C’est une superbe victoire face à un adversaire prestigieux. Nous étions venus ici pour faire un gros match et tenter l’exploit. Nous y sommes parvenus et c’est quelque chose de formidable pour le club. Ce n’était pas un très beau match à voir mais, pour nous, le plus important c’est de prendre quatre points ici. » Accroché à la cinquième place avec six points d’avance sur le Stade Français, premier non-qualifié, le RCT lance un signe fort au reste du Top 14. Et ce n’est peut-être qu’un début.