Ses années galères, sa décision de rejoindre Toulon, le doublé avec le RCT : Les longues confidences de Mathieu Bastareaud

Ses années galères, sa décision de rejoindre Toulon, le doublé avec le RCT : Les longues confidences de Mathieu Bastareaud

21 février 2021 - 23:00

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L’ancien trois-quarts centre du Rugby Club Toulonnais et désormais troisième ligne centre du LOU Rugby, Mathieu Bastareaud s’est longuement confié via BeIn Sports, ce dimanche après-midi, pour évoquer sa carrière sportive.

Dans un premier temps, l’international Français a expliqué que l’absence des supporters dans les tribunes en cette période de crise sanitaire est quelque chose qui lui pèse particulièrement.

Il précise d’ailleurs avoir totalement modifié son approche des matches suite à l’instauration des huis clos. Extrait:

« On le voit en Top 14 : il n’y a plus de match à domicile ou à l’extérieur. Cela a redistribué toutes les cartes. Pour nous les joueurs, c’est très compliqué. Il faut se préparer autrement. Moi en tout cas, je me prépare autrement. J’aime bien sortir avant l’échauffement pour prendre l’énergie du public et se faire un peu piquer par les adversaires. J’aime bien cela donc là j’ai changé ma manière de faire et je reste plus longtemps dans le vestiaire et je sors au dernier moment avec les mecs. Mais c’est vrai que c’est particulier. »

Questionné sur sa nouvelle aventure au LOU Rugby, il indique vouloir désormais transmettre aux jeunes et aider le club grâce à son expérience. Extrait:

« Je suis plus vers la fin qu’au début. C’est un effectif très jeune à Lyon. J’essaie donc de partager mon expérience. C’est une équipe et un club très ambitieux. L’objectif est de jouer le Brennus tous les ans. J’essaie de canaliser tout cela car il ne suffit pas de dire que l’on veut être champion, il faut le faire. C’est un travail au quotidien. Mais je pense que l’on est sur la bonne voie. »

Il l’affirme : Lyon veut titiller les plus gros clubs Français et Européens. Extrait:

« La Coupe d’Europe, c’est une compétition vraiment différente. Elle n’a rien à voir avec le Top 14. La plupart des joueurs de l’équipe n’ont peut-être jamais joué de match en Coupe d’Europe. L’année précédente, ils découvraient cette compétition et cette année on a envie de faire une belle campagne. On a bien commencé puis ensuite la pandémie a arrêté la compétition. Je pense que dans les années à venir, il faudra compter sur le LOU. On ne cache pas nos ambitions : on veut titiller les plus gros clubs que ce soit Toulouse, le Racing en Top 14 ou encore le Leinster et Exeter en Coupe d’Europe. Le LOU est un club ambitieux et on veut se donner les moyens d’y arriver. Cela passe par du recrutement de haut niveau. »

Concernant la qualification pour les phases finales du Top 14, il explique que le LOU est au coude à coude avec Toulon. Extrait:

« Il va falloir se battre jusqu’au bout. Je crois qu’on est à couteaux tirés avec Toulon et il ne faudra rien lâcher. Après, c’est à la fin que l’on verra. Mais il ne faut pas s’affoler, se préparer et prendre les matches les uns après les autres. »

Il s’est ensuite confié sur William Gallas, son cousin qui a été international Français au football. Extrait:

« William Gallas, c’était un peu mon idole quand j’étais petit car c’était le premier sportif de la famille qui avait réussi. Pour moi, le voir performer c’était énorme. Le peu de fois que je l’ai eu au téléphone durant cette période, il m’a toujours dit de rester concentré sur ce que je fais, ma famille, le sport et surtout faire attention aux gens que je fréquente car ça peut te propulser en haut ou te mettre très bas. J’ai essayé de suivre ses conseils du mieux possible. »

Quand il était petit, Mathieu Bastareaud affirme avoir été fan de Jonah Lomu. Extrait:

« Quand j’étais jeune j’étais fan des All-Blacks et de Jonah Lomu. C’est le premier joueur qui m’a fait rêver. J’étais un fan. Je me rappelle, petit je me faisais la même coupe de cheveux. Jonah Lomu, Tana Umaga, c’était des joueurs que j’adorais. »

Par ailleurs, l’ancien Toulonnais a évoqué sa relation très fraternelle avec Wesley Fofana, le trois-quarts centre de Clermont. Extrait:

« Avec Wesley Fofana, on se connait depuis tout petit. On jouait l’un contre l’autre puis on a été champion de France ensemble en sélection. C’est un ami, c’est une vraie bonne personne. C’est énorme de voir tout le chemin que l’on a parcouru. Il fait une énorme carrière et je suis très content que l’on ait pu partager de bons moments ensemble tous les deux. »

Ensuite, Mathieu Bastareaud a évoqué des sujets plus sensibles avec notamment la manière dont il a vécu sa carrière de rugbyman qui va se poursuivre encore plusieurs saisons. Extrait:

« Je n’aime pas perdre. Mais j’ai toujours eu cette peur de décevoir. Cela m’a pourri la vie et ma carrière pendant un moment car je me rends compte que je n’ai pas apprécié certains moments. J’étais rongé de l’intérieur car j’avais peur de mal faire, d’autres choses que je n’ai pas dites car j’avais peur de déranger. A la base, le quotidien d’un rugbyman ou d’un sportif, c’est beaucoup de pression. Moi, je m’en rajoutais énormément. Maintenant avec le recul, je ne suis pas sûr que ça m’a forcément apporté. Parler de ce qu’on ressent, ce n’est pas mal vu mais les gens ne comprennent pas. Les gens ont l’image du sportif qui est sur un terrain, qui vit de sa passion, qui est bien payé mais ils ne voient pas ce qui se passe derrière. Ils ne se rendent pas compte qu’on peut douter, qu’on échoue parfois sur certaines choses, qu’on peut avoir des problèmes dans notre famille ou autre. Cacher cela, c’est éprouvant. »

Il est ensuite revenu sur ses années sombres et compliquées, notamment l’année 2009 avec l’affaire de la table de nuit qui avait fait grand bruit. Extrait:

« J’ai été immature. Mais je ne vais pas dire que j’aimerai effacer cette ligne-là de ma vie car je pense que ça a fait la personne que je suis maintenant. Cela a été un moment très compliqué pour moi et surtout pour ma famille mais ça m’a permis d’ouvrir les yeux sur pas mal de choses, sur réellement ce qu’est le rugby professionnel. C’est à ce moment-là que j’ai fait la bascule et que je me suis rendu compte que je n’étais plus à Massy ou à Créteil et que ce n’était pas le monde des Bisounours. J’ai compris que tout cela pouvait partir du jour au lendemain. J’ai eu deux ou trois ans très compliqués. »

Il a même tenté d’en finir avec la vie mais a pu être sauvé et le pire a été évité. Extrait:

« Avec le recul, je n’ai jamais vraiment réfléchi à tout cela car c’est vraiment quelque chose de difficile ne serait-ce que pour ma mère et mon père. J’ai mis tout cela très loin dans un coin de ma tête. Mais à ce moment-là, même si rugbystiquement parlant ça allait pour moi puisque je jouais en équipe de France et au Stade-Français, en fait ça n’allait pas si bien que cela. On est souvent pressé quand on est jeune joueur. On veut tout avoir tout de suite. Et je pense que j’ai eu tout trop vite. Je n’ai pas su gérer trop de choses et j’ai explosé car je ne me confis pas à mes proches. Heureusement, je m’en suis sorti mais ça a été compliqué. »

Il précise également ne pas vouloir changer sa façon d’être pour plaire à quelqu’un ou pour gratter une sélection. Il reste comme il est et il ne changera en aucun cas. Extrait:

« Je ne calcule pas vraiment et ça m’a peut-être causé du tord de trop dire ce que je pense. Mais je suis comme ça et je ne vais pas changer pour prétendre être une autre personne et gratter une sélection ou autre. Je suis comme je suis et il faut me prendre comme ça. »

Bien évidemment, Mathieu Bastareaud a été questionné sur son aventure avec le Rugby Club Toulonnais, une période qu’il n’oubliera jamais. Selon lui, signer à Toulon a été la meilleure décision de sa carrière. Extrait:

« Je pense que Bernard Laporte et Pierre Mignoni ont été des personnes qui m’ont compris. J’avais souvent l’impression d’être incompris et ils m’ont compris et m’ont fait confiance. Cela m’a permis de performer. En 2010 il y a le Grand Chelem et c’était bien mais je n’étais pas guéri. J’étais plus dans la revanche qu’autre chose. J’étais haineux envers certaines personnes, j’étais très énervé et c’est ce qui m’a fait faire un bon Tournoi. Mais en 2011, je suis retombé dans mes vieux démons et je n’étais pas fier de ma dernière année au Stade-Français. Je n’étais pas bon sur le terrain et je n’étais pas en forme. Il n’y a avait pas de concurrence donc je jouais quand même et je ne me remettais pas en question. Je me suis dit que je pouvais me laisser aller car j’avais les clés pour revenir. Mais j’allais dans le mauvais sens. La meilleure décision que j’ai eue, c’était de quitter Paris pour aller à Toulon. A Paris, j’avais mes amis et ma famille, j’étais dans le confort. A Toulon, j’étais dépaysé et j’allais connaître une grosse concurrence avec des joueurs qui avaient 30 ou 40 sélections à chaque poste. C’était vraiment risqué. Tout cela m’a fait du bien parce que le fait de ne plus être dans la lumière positivement ou négativement… cela m’a permis de bosser dans mon coin et qu’on me laisse tranquille. A un moment, quoi que je faisais, on était sur mon dos. A Toulon, il y avait Jonny Wilkinson et Matt Giteau et ils captaient la lumière. Cela m’a permis de me reconstruire. »

Pour conclure, Mathieu Bastareaud a dévoilé son plus beau souvenir avec le Rugby Club Toulonnais. Extrait:

« Mon plus beau souvenir à Toulon, c’est le Brennus. C’était un rêve de gosse de remporter le championnat et de soulever le Brennus. J’avais entendu tellement d’histoires sur ce Bouclier. Puis on avait perdu en 2012 et en 2013. En 2014, il ne pouvait pas nous échapper, en plus on fait le doublé cette année-là. Personne ne pensait qu’on pouvait le faire et on a déjoué tous les pronostics. Le Top 14, c’est 10 mois de championnat, on bataille pour se qualifier et c’est l’aboutissement d’une année de travail alors que la Coupe d’Europe, ça va beaucoup plus vite. Si tu gagnes les quatre premiers matches, tu sais que tu vas faire les matches finales. Si tu perds un match, c’est terminé et tu passes à autre chose. Le Bouclier, c’est juste énorme ! »

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2 Commentaires

  1. Oulaoula 21 février 2021 à 23h- Répondre

    Tes roulades d’entrée nous manquent !

  2. Olivier 22 février 2021 à 07h- Répondre

    Très intéressant l’interview

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