Après sa victoire contre le champion d’Europe 2006 et 2008, Philippe Saint-André évoquait dans nos colonnes la venue du Stade Rochelais, « un autre Munster » (notre édition du 18 janvier). Depuis, le discours du manager toulonnais n’a pas changé. Le week-end dernier, en H Cup, il laissait dans le Var 14 des 15 titulaires vainqueurs des Irlandais avant d’aller affronter les Scarlets de Llanelli, dans un match sans enjeu. « Cette mise au repos était très importante, explique l’ancien capitaine des Bleus. Nous avons besoin de points et La Rochelle surfe sur une belle dynamique. Les joueurs sont en pleine confiance et ne lâchent rien. On respecte vraiment cette équipe, chez qui on avait eu énormément de mal et qui avait failli l’emporter à la dernière seconde. »

Le collectif doit compenserCe match aller, les entraîneurs maritimes ne l’ont pas oublié, même si ce sont plus les coups de sifflet et les points perdus que l’adversaire qui leur restent en mémoire et en travers de la gorge. Pas question, donc, de s’en servir pour mobiliser leur troupe. D’ailleurs, la simple idée de faire un coup à Mayol suffit. Car non, les Jaune et Noir ne se déplacent pas dans le Var en victimes expiatoires.

Les cadres Toulonnais ont été mis au repos ? Qu’à cela ne tienne, leurs homologues n’ont pas eu à forcer leur talent, jeudi, contre Rovigo, la plupart ne jouant pas plus d’une mi-temps. Sur le papier, les noms sont moins ronflants, certes. Mais le poids du collectif rochelais doit permettre, comme en septembre dernier, de compenser. Toulon, c’est tout simplement le meilleur alignement en touche du Top 14, avec 86,21 % de réussite, un pourcentage inconnu en Charente-Maritime cette saison. Cette donnée explique la présence de Romain Sazy, longtemps blessé, dans le quinze titulaire. L’ancien Montalbanais (1,99 m), remis en confiance en Challenge, devra contenir la science du contre de l’Argentin Fernadez-Lobbe.

Le « bourreau » est absentEt si le club de la cité portuaire est le moins sanctionné du championnat, avec 148 pénalités sifflées contre eux, Serge Milhas et David Darricarrère savent qu’ils affrontent le club qui « claque » le plus de drop (42 points marqués cette saison grâce à cette arme). La défense devra donc ne pas s’exposer au moment d’endiguer les vagues toulonnaises. Et ce, même si Wilkinson, le bourreau du match aller, en stage avec sa sélection, ne sera pas de la partie, pas plus que Van Niekerk et Bruno, blessés.

En face, un autre joueur profite de ses belles sorties en Challenge. Greg Goosen remplace ainsi Benjamin Dambielle (touché à l’épaule) au poste d’arrière et dans son rôle de buteur. Le Sud-Africain compte bien s’appuyer sur les dernières performances rochelaises à l’extérieur (Gloucester, Agen et Bourgoin) pour faire un coup dans la Rade : « Ça peut passer avec notre jeu. De toute façon, on ne va pas là-bas pour perdre, surtout dans un aussi beau stade. »

Félix-Mayol. L’enceinte mythique aura aussi son rôle à jouer dans ce match, car tout le monde a encore en mémoire l’ambiance de folie qui avait accompagné la défaite du Munster. Et certains se souviennent encore du 36-0 encaissé ici, en janvier 2008, quand les deux clubs étaient encore en Pro D2.

« Nous n’évoquerons l’ambiance que la veille ou le matin du match (hier ou ce matin, NDLR), explique « Darri ». Il ne faut pas que cela inhibe les joueurs. Au contraire, le contexte devra être euphorisant. »