Les Toulonnais ne savent pas où ils vont mettre les pieds. Pour une raison simple : ils n’ont jamais foulé la pelouse de Welford Road, l’antre des Tigres de Leicester. En revanche, ils connaissent bien ces derniers. Leur dernière opposition n’est d’ailleurs pas si vieille que ça : elle remonte au mois d’avril 2013, à l’occasion d’un quart de finale. Ce jour-là, Jonny Wilkinson avait (encore) inscrit la totalité des points de son équipe (21-15) et (encore) endossé le costume de sauveur. Mais le public de Mayol avait longtemps tremblé… Aujourd’hui, rien ou presque n’a changé. Les Tigres restent cette équipe « typiquement anglaise, très performante sur les bases », dixit le talonneur Guilhem Guirado qui a analysé de près les dernières sorties de la formation anglaise.

CONQUÊTE : ATTENTION DANGER

Qu’entend par là le talonneur du RCT ? Tout simplement que Leicester a toujours eu une forte culture de la mêlée fermée et une expertise reconnue dans le domaine de la touche. Deux secteurs dans lesquels l’équipe varoise montre moins de régularité. La semaine dernière encore la mêlée toulonnaise n’a, du propre aveu de l’entraîneur des avants, Jacques Delmas, pas vraiment pris le dessus sur son homologue clermontoise. Lors du dernier quart européen, la première ligne du RCT (pourtant composée de Sheridan-Bruno-Hayman) avait souffert le martyre face au trio anglais Ayerza-Youngs-Cole (cinq pénalités et un coup-franc concédés). Réuni la semaine dernière dix mois après sa dernière titularisation ensemble en raison des blessures des uns et des autres, le triumvirat de la première ligne des Tigres a broyé les Wasps. Et même si le puissant pilier samoan Logovi’i Mulipola ne sera pas du déplacement (il a été opéré d’un talon d’Achille au mois d’octobre), le manager Richard Cockerill pourra encore compter, en cours de partie, sur l’apport de ses deux Italiens, le talonneur Leo Ghiraldini et le gaucher Michele Rizzo. Sacré programme en perspective…

En touche, les Toulonnais devront se méfier. Si Cockerill crie à qui veut bien l’entendre que ses deux meilleurs sauteurs (le deuxième ligne Geoff Parling et le flanker Tom Croft) ne seront pas titulaires parce qu’il estime qu’ils « n’ont pas joué au rugby pendant des mois avant la semaine dernière », les Tigres ne sont pas à cours de solutions : ils comptent dans leurs rangs l’inusable All Black Brad Thorn, ainsi que le jeune deuxième ligne Graham Kitchener (25 ans, 1,98 m, 121 kg) qui n’est autre que le joueur qui a gagné le plus de touches cette saison sur la scène européenne (17 prises).

TROIS-QUARTS : FAIRE PARLER LA PUISSANCE

Si les Tigres possèdent de solides arguments en conquête, les Toulonnais seraient en revanche bien inspirés de faire parler la puissance de leur ligne d’attaque. En effet, les Tigres seront privés de leurs perce-murailles, le centre anglais Manu Tuilagi (absent jusqu’à fin décembre) ainsi que de l’ancien Toulonnais Christian Loamanu à l’aile et de l’ex-Castrais Seremaïa Baï au milieu du terrain.

Trois absences qui risquent de peser lourd face à la puissance de Mathieu Bastareaud, David Smith, Drew Mitchell et de Delon Armitage… sans oublier les troisième ligne Chris Masoe et Steffon Armitage qui, selon le système de jeu en cellule prôné par le manager Bernard Laporte, se retrouvent toujours dans la ligne à imposer leur densité physique face aux trois-quarts adverses. Voilà pourquoi les Varois auront tout intérêt à conserver le ballon dans les limites du terrain pour mieux effectuer le travail de sape qui, à la longue, fait si souvent sauter le verrou des défenses adverses. À condition de conquérir et de conserver le ballon bien sûr…

Source: Midi Olympique