Maxime Mermoz, le centre international de Toulon depuis 2012, raconte les efforts accomplis pendant quatre ans pour séduire les sélectionneurs de l’équipe de France avant le Mondial. En vain…

«Vous auriez pu être actuellement en Angleterre avec les Bleus. Avec le recul avez-vous accepté votre mise à l’écart?

Ce n’est pas moi qui fais le groupe. J’avais l’impression d’avoir donné le meilleur de moi-même toute la saison. Que ce soit dans l’intensité, dans la régularité, et au vu de mes dernières prestations avec le maillot bleu et aussi des retours du staff qui étaient plus que positifs. À la fin du Tournoi (il a joué les deux derniers matchs contre l’Italie, 29-0, et l’Angleterre, 35-55), j’avais le sentiment de m’être impliqué. À ce moment-là, je ne pouvais qu’imaginer un scénario positif. Pendant quatre ans, je me suis battu contre moi-même pour séduire les sélectionneurs. Je sais que je n’ai jamais été le choix numéro un, c’est aussi pour cette raison que je n’avais pas de certitudes.

Mais avez-vous compris le choix du sélectionneur?

Oui, je le comprends. Mais je fais une différence entre comprendre et admettre. Je trouve ça plutôt marrant car c’est quand j’ai l’impression d’être le plus performant qu’on me met sur la touche. Je ne suis pas fâché avec l’équipe de France. Je ne suis pas contre. Je suis avec. Je pense que les plus belles années sont à venir. Tant que je reste joueur, l’équipe de France est un objectif. Elle me fait toujours rêver.

Avez-vous vécu ça comme un sentiment d’injustice?

Je ne sais pas…De la déception peut-être… Est-ce que c’est un échec ? J’ai tout donné, j’ai pris du plaisir toute la saison. Je suis heureux. En quoi j’ai échoué ? En rien. J’ai passé de très bonnes vacances. J’ai un sentiment de plénitude par rapport à la saison qui s’est passée. Ça me donne le sourire quand j’y repense. C’est même une de mes meilleures saisons.

«Je me sens de plus en plus fort»

Vous pensez avoir progressé?

Oui, je me sens de plus en plus fort. Plus les années passent et plus les saisons sont bonnes. Techniquement, mentalement, physiquement, je découvre des façons de travailler qui me permettent de progresser. La marge de progression est tellement énorme. Un gars comme Wilkinson, même en fin de carrière, il travaillait comme un fou. Car on sait qu’il y a un potentiel derrière pour faire encore mieux, encore plus. C’est ça qui m’anime et qui m’excite.

Vous serez devant votre télé?

Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? (Il rigole). Bien sûr que je vais regarder les matches. J’adore le rugby. J’adore l’équipe de France. J’adore ce maillot bleu et j’apprécie pas mal de gars qui sont dans le groupe. Je ne peux pas leur souhaiter des mauvaises choses, mais je ne peux pas être le plus enthousiaste possible. C’est leur histoire, moi j’ai la mienne à vivre.

«Je suis spectateur mais je suis aussi acteur.»

Entre le début de saison poussif, Bernard Laporte candidat à la présidence de la FFR et, maintenant, des soupçons de dopage autour du club, ce ne doit pas être simple d’être joueur à Toulon?

Oui et pour plein de raisons. Je le vis un peu comme tout le monde. Je suis spectateur mais je suis aussi acteur. On découvre tout ça dans les médias. On se dit : « Tiens, il se passe encore quelque chose ». C’est un peu comme si on était dans une série télévisée avec des feuilletons.

Vous en avez parlé entre joueurs de ces soupçons de dopage?

Franchement pas trop car on n’a pas eu le temps. On a juste chambré les joueurs qui étaient en photo dans les journaux. Quand on est sorti de l’entraînement, mardi dernier, il y avait pas mal de journalistes avec les camionnettes et les paraboles. Ce n’était pas vraiment comme d’habitude. Comme s’il y avait quelque chose de grave. Je pense que cette affaire relève plus du fantasme.»

Source: lequipe.fr