Dans un Michelin d’abord silencieux, puis grondant d’impatience, un homme a rallumé la flamme des Jaune et Bleu : Baptiste Jauneau.

Le jeune demi de mêlée clermontois a signé contre le Stade Français ce qui restera, à ce jour, comme la prestation la plus aboutie de sa jeune carrière. À 21 ans à peine, il a incarné la révolte d’une équipe d’abord engluée dans une rencontre morose, avant d’en devenir l’irrésistible chef d’orchestre.

L’étincelle venue du numéro 9

Jusqu’à la 55e minute, l’ASM semblait promise à une désillusion. Brouillonne, inefficace, prise dans l’étau parisien, l’équipe auvergnate traînait ses errements sous les sifflets nourris du public. Puis Jauneau a déclenché la mèche. Une percée fulgurante de 40 mètres, pleine de culot et d’intelligence, a ouvert le rideau défensif du Stade Français. Dans la foulée, Bautista Delguy a aplati, remettant Clermont à hauteur.

À partir de cet instant, Jauneau a dicté le tempo d’un second acte renversant. En quelques minutes, il a envoyé Raka à l’essai grâce à un coup de pied rasant millimétré, puis a combiné en « une-deux » avec Sowakula pour offrir un nouveau franchissement fatal à la défense parisienne. Et comme si cela ne suffisait pas, il a délivré un ultime bijou : un coup de pied par-dessus parfaitement ajusté pour servir Fouyssac et sceller définitivement le sort du match.

Une performance qui marque les esprits

À lui seul, Jauneau s’est montré décisif sur quatre essais.

Ce feu d’artifice n’a pas échappé à un certain Morgan Parra, présent en tribunes. Il s’est confié via Midi Olympique :

« Le petit Jauneau a fait un énorme match et a bonifié tous les ballons et il les a remis en confiance. On connaît sa qualité individuelle donc c’est frustrant. »

L’ancien stratège de Clermont, aujourd’hui au Stade Français, a vu son successeur naturel s’illustrer dans les grandes largeurs. Jauneau, capitaine malgré son jeune âge, n’a pas oublié ceux qui l’ont guidé :

« C’est parce que j’ai bien été entouré. Seul, on ne peut jamais rien faire. Les mecs m’ont porté. Je pense que j’avais aussi à cœur de le faire pour Fritz (Lee) quand même. Parce que prendre ce rôle de capitaine n’a pas été simple pour moi et il m’a beaucoup aidé. »

Une confirmation plus qu’une révélation

Si la performance de Jauneau frappe par son éclat, elle ne doit rien au hasard. Depuis plusieurs semaines, le jeune numéro 9 monte en puissance, affirmant une maturité rare et un flair de plus en plus tranchant. Ce match contre Paris pourrait bien marquer un tournant, non seulement pour lui, mais pour une ASM en quête de leaders pour rebâtir.

Et au vu de ce qu’il a montré, Clermont tient sans doute là bien plus qu’un simple successeur à Parra : une figure autour de laquelle construire son avenir.