Le rugby Français tire la sonnette d’alarme concernant les commotions cérébrales !

Le rugby Français tire la sonnette d’alarme concernant les commotions cérébrales !

Le mercredi 4 juin 2025 à 11:30 par David Demri

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Alors que les images de chocs violents continuent de heurter les consciences, le syndicat des joueurs professionnels de rugby, Provale, lance ce mercredi à Paris un Grenelle consacré aux commotions cérébrales. Une initiative qui survient dans un climat de plus en plus tendu, où la vigilance sur les traumatismes crâniens semble céder du terrain aux impératifs du spectacle.

Un silence à briser d’urgence

« Ce que l’on veut, c’est que les gens sachent vraiment », alerte Malik Hamadache, président de Provale, via Le Parisien. « On veut que la parole soit libérée, que l’on se dise les choses sans tabou. Ce problème dépasse d’ailleurs le cadre du rugby. Le cyclisme, le football, la boxe ou la course automobile sont sérieusement touchés. »

Autour de la table, des figures majeures du sport viendront témoigner. L’international Paul Willemse, récemment contraint de suspendre sa carrière à seulement 32 ans, ou encore Romane Ménager, privée de Coupe du monde cet automne, donneront de la voix aux douleurs tues. Même Emmanuel Petit, champion du monde 1998 en football, partagera son expérience dans un monde où les coups laissent des traces invisibles mais durables.

Quand la gravité des chocs ne pèse plus sur les décisions

Ce rassemblement intervient alors que les règles censées protéger les joueurs sont remises en question. La scène survenue le 23 mai dernier, lors de la finale de la Challenge Cup entre Bath et Lyon, illustre le paradoxe. Sam Underhill, troisième ligne anglais, percute violemment de la tête Davit Niniashvili. Résultat : simple carton jaune. Quatre semaines de suspension seront décidées plus tard par la commission de discipline, mais le mal est fait. Le joueur lyonnais, lui, n’a même pas été soumis à un protocole commotion.

Et ce n’est pas un cas isolé. En Top 14 aussi, les arbitres semblent opter de plus en plus souvent pour la clémence. « Oui, c’est vrai, il y a une sorte de rééquilibrage », reconnaît Hamadache. « Il y a quelques saisons, il suffisait que la tête soit touchée pour que le fautif reçoive un carton rouge. Aujourd’hui, les arbitres se posent des questions, ils discutent sur ce sujet entre eux et essaient de ne pas sanctionner trop lourdement si le geste n’est pas intentionnel. Ce n’est pas facile pour eux de prendre une décision devant trente joueurs. »

Le spectre du laxisme dans l’arbitrage

Ce glissement vers davantage de souplesse inquiète. Un arbitre français confirme anonymement via Le Parisien : « Nous sommes vers une atténuation car il y a peut-être eu un peu d’exagération au début. Il faut aussi préserver l’intérêt sportif. »

À la Fédération française de rugby, on affirme pourtant maintenir une ligne dure. « La consigne donnée aux arbitres est de sanctionner durement le jeu déloyal », défend Jean-Marc Lhermet, vice-président en charge du haut niveau. « La seule règle est de protéger les joueurs. Après, c’est aux arbitres de décider de la sanction. »

Mais l’instauration prochaine d’un carton rouge de 20 minutes, prévu pour être appliqué dans toutes les compétitions cet été par World Rugby, ravive les craintes. Le joueur exclu pourrait en effet être remplacé au bout de vingt minutes, réduisant l’impact de la sanction.

« Cela nous pose problème », reconnaît Lhermet. « Le carton rouge définitif existera toujours en cas de geste inadmissible, mais le carton rouge de vingt minutes va devenir une solution de facilité pour les arbitres. Nous militons pour trois niveaux de fautes : carton jaune (10 minutes), orange (20 minutes), notamment pour les chocs à la tête involontaires, et rouge (définitif). »

Un signal dangereux pour tous les niveaux du rugby

World Rugby, pour l’instant, reste sourde aux appels des instances françaises. Une passivité qui inquiète profondément Malik Hamadache : « Qu’est-ce qu’il va se passer quand le carton rouge de vingt minutes sera généralisé ? Imaginons qu’une équipe qui affronte Antoine Dupont désigne un joueur lambda pour le cibler. Il le blesse, il est exclu puis il est remplacé par un titulaire au bout de vingt minutes. Et comment cela se passera-t-il plus tard à l’échelon amateur ? A-t-on conscience du danger ? »

À l’heure où les témoignages se multiplient, où des légendes comme Sébastien Chabal évoquent publiquement leurs pertes de mémoire, le rugby semble plus que jamais à la croisée des chemins. Protéger ses acteurs ou préserver son image ? Ce mercredi, les réponses sont attendues dans les rangs comme en tribunes.

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