Christophe Urios demande à ses joueurs d’arrêter d’être « gentils »
Christophe Urios demande à ses joueurs d’arrêter d’être « gentils »
Le vendredi 13 juin 2025 à 11:12 par David Demri
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Longtemps cantonné à l’arrière-plan du Top 14, l’ASM Clermont Auvergne s’offre un retour fracassant sur le devant de la scène.
Trois ans après sa dernière apparition en phase finale, le club auvergnat a arraché in extremis son billet pour les barrages, et s’apprête à affronter l’Aviron Bayonnais dans l’enfer sonore de Jean-Dauger, inviolé cette saison. Une affiche aux allures de résurrection pour une équipe qui a longtemps flirté avec l’anonymat.
Une qualification à l’arraché… mais méritée
Il a fallu attendre la 26e et dernière journée pour voir Clermont valider sa place dans le Top 6, grâce à une victoire convaincante à Montpellier (10-23). Une performance qui a permis au club de griller la politesse à Castres et La Rochelle, et de boucler la saison à la cinquième place.
Un soulagement pour un groupe en quête de rachat après plusieurs saisons marquées par l’instabilité et les désillusions.
« Notre qualification est méritée même si on a eu un creux pendant l’hiver », a reconnu Christophe Urios via Le Figaro, qui a connu lui-même la tourmente, alors que Clermont sombrait dans une spirale négative inédite : cinq défaites consécutives, du jamais vu depuis les années 60.
Le manager, lucide, décrivait alors une équipe en plein doute : « J’en ai marre de voir mon vestiaire triste. Les gars sont affectés, déçus. C’est dur pour eux, quand ils dominent de cette façon ».
Une équipe schizophrène… et attachante
Clermont version 2024 n’a pas toujours été lisible. Capable d’enchaîner les prestations brillantes comme les effondrements express. Christophe Urios ne s’en cache pas : « On est tellement irréguliers. D’ailleurs ça pose problème à nos supporters, ils ne comprennent pas comment c’est possible ! On est la seule équipe du monde où, tu regardes le match, tu te dis qu’on est bien, tu vas pisser un coup, tu reviens, ce ne sont plus les mêmes mecs. Tu as pris 4 essais et tu es catastrophique ! »
Malgré cette imprévisibilité, les Jaunards ont su inverser la tendance en fin de saison, remportant cinq de leurs sept derniers matchs. Un réveil salutaire, soutenu par un public fidèle, comme l’a souligné Urios : « Quand je vois le public, sa transhumance jusqu’à Montpellier, c’est incroyable. C’est plus que de la passion, c’est de l’amour. Les gens peuvent se reconnaître dans l’équipe ».
Jean-Dauger, un volcan à apprivoiser
Vendredi, 1 500 supporters clermontois ont pris la direction du Pays basque. Mais le défi est immense : Bayonne n’a jamais perdu à domicile cette saison. Pour se préparer à cette ambiance volcanique, les joueurs de l’ASM se sont entraînés au son de la Pena Baiona, emblématique chant bayonnais.
« L’idée était de se confronter à cela, qu’on ne passe pas une semaine à se préparer tranquillement, sans bruit autour de nous, et appréhender l’ambiance des grands soirs à Bayonne », a expliqué Frédéric Charrier, entraîneur des trois-quarts.
Un test de caractère pour une équipe en reconstruction
Si cette qualification est déjà une forme de victoire pour Clermont, l’ambition est bien présente. Le jeune demi de mêlée Baptiste Jauneau, l’un des visages de cette ASM rajeunie, se dit prêt à répondre à l’appel des grands rendez-vous : « Je suis venu ici à Clermont pour jouer ce genre de match. Je vais apprendre mais je suis bien entouré de mecs avec beaucoup d’expérience ». Il évoque une forme d’appréhension, mais surtout l’excitation de tutoyer le très haut niveau.
Pour Urios, la pression pourrait bien être un levier : « On progresse sur plein de choses mais peut-être que l’on a aussi besoin d’être au pied du mur. On manque un peu d’insolence parfois. Il ne faut pas être gentil. Et parfois, je trouve qu’on l’est trop. Le fait d’être au pied du mur, ça nous a décoincés un peu ».
Verdict imminent
Dans une enceinte chauffée à blanc, face à une formation bayonnaise redoutable sur ses terres, l’ASM va devoir faire preuve de caractère, de constance… et surtout, éviter ces fameuses absences qui lui ont tant coûté. Le retour sur la scène des grands matchs est acté. Reste à prouver que Clermont ne s’y est pas invité par hasard.
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