Ce joueur Castrais qui impressionne et qui pourrait faire mal au RC Toulon !
Ce joueur Castrais qui impressionne et qui pourrait faire mal au RC Toulon !
Le samedi 14 juin 2025 à 12:38 par David Demri
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Discret, efficace, brillant. En quelques mots, voilà résumé l’impact de Vilimoni Botitu sur le Castres Olympique depuis cinq saisons. Arrivé en toute modestie en provenance du circuit mondial à 7, le centre fidjien s’est métamorphosé en pierre angulaire du collectif tarnais. Un rôle de l’ombre pour un joueur qui brille pourtant par son intelligence de jeu et sa régularité.
L’art de faire jouer les autres
Ni le plus massif, ni le plus rapide, ni le plus exubérant. Et pourtant, chaque fois que Botitu est sur le terrain, le CO change de dimension. « Quand Boti joue, Castres joue bien », résume sans détour Pierre-Henry Broncan, ancien manager du club, à l’origine de son intégration dès 2020. À l’époque, Botitu n’est encore qu’un espoir à XV, auréolé d’un titre olympique avec les Fidji à Tokyo en rugby à 7.
Ce pari, certains le jugeaient risqué. Mais très vite, le joueur a dissipé tous les doutes. Ses entraîneurs successifs ont compris qu’ils tenaient là bien plus qu’un simple centre : un maître du tempo, un visionnaire, un facilitateur. « Il est doté d’une grande technique et surtout d’une grande lecture et compréhension du jeu », détaille l’actuel manager Xavier Sadourny via L’équipe. « Ajoutez à cela la vitesse, et cela donne un joueur redoutable qui peut jouer 10, 15, 12, 13. »
Un joueur d’instinct dans un rugby codifié
Botitu, c’est un peu le poète dans un monde de chiffres. Là où d’autres appliquent les schémas à la lettre, lui les transcende. « C’est un joueur d’instinct qui parvient à sortir du cadre, à faire des choix que les autres ne font pas, n’osent pas. Et tout cela en restant dans le collectif, dans le projet », admire Sadourny. Un équilibre rare, entre liberté et discipline, qui fait de lui un électron libre… parfaitement contrôlé.
Cette saison encore, il n’a cessé de monter en puissance, notamment dans des secteurs où on ne l’attendait pas. « Je ne pensais pas qu’il pouvait être aussi constant. Je ne le voyais pas aussi fort défensivement. Et il a encore progressé durant cette saison, dans les contests, sur l’homme… » souligne Sadourny, visiblement bluffé.
Un Fidjien au cœur noir
À 27 ans, Botitu est devenu le premier joueur fidjien de l’histoire du CO à franchir la barre des 100 matchs. Un cap symbolique, franchi à Bordeaux le mois dernier. À Castres, il évolue au centre, mais chez les Flying Fijians, on le retrouve à l’ouverture ou à l’arrière. Polyvalent, adaptable, il fait l’unanimité dans toutes les lignes arrières.
« C’est un Fidjien néo-zélandais », s’amuse Pierre-Henry Broncan. « Fidjien par ses qualités de vitesse, de puissance, de vélocité et une palette technique façon Black. Une super qualité de passe notamment. Botitu, c’est le second 10 de l’équipe. Qui comprend tout au jeu, qui voit clair, qui lit les espaces pour lui ou pour les autres. »
Cette vision, ce sens du collectif, a aussi forgé une admiration dans le vestiaire. Matthias Rolland, directeur général du club, se souvient : « Nathanaël Hulleu lui avait dit avant le match contre Bayonne : “Boti, tu fais marquer tout le monde, maintenant c’est mon tour.” Et c’est ce qu’il a fait ! »
Une force intérieure née de l’adversité
Derrière le sourire calme et les fulgurances techniques se cache un homme profondément marqué par la vie. La perte d’un frère, puis celle de son coéquipier Josaia Raisuqe, ont laissé des cicatrices. Mais Botitu transforme la douleur en inspiration. Après un essai contre Clermont, il avait levé les yeux au ciel pour saluer Raisuqe. Puis, dans un moment d’émotion pure, il avait pris la parole pour lui rendre hommage, entouré de ses coéquipiers.
« On parle de sa famille, de ses parents, de cet éloignement qui est dur. Boti a aussi traversé des moments difficiles », confie Rolland. « Il est très respecté dans la communauté fidjienne. Il incarne une certaine sérénité, une sagesse, une exemplarité auprès des autres. »
Prolongé jusqu’en 2026, et bientôt de retour en sélection pour affronter l’Australie et l’Écosse en juillet, Vilimoni Botitu n’a pas fini d’écrire son histoire. Elle ne fait pas de bruit. Mais elle laisse une trace profonde, à Castres comme au-delà.
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