En pleine montée en puissance, un Toulousain raconte ses difficultés : « C’est très compliqué, mais je m’accroche »
En pleine montée en puissance, un Toulousain raconte ses difficultés : « C’est très compliqué, mais je m’accroche »
Le jeudi 19 juin 2025 à 1:54 par David Demri
0 Commentaire
Publicité
Alors que Toulouse se prépare à affronter Bayonne ce vendredi 20 juin au Groupama Stadium de Lyon (21h05) en demi-finale du Top 14, un joueur japonais fait de plus en plus parler de lui : Naoto Saito.
Confronté à la rude concurrence d’Antoine Dupont et Paul Graou, le demi de mêlée nippon impressionne surtout par son acharnement au travail, peaufine ses lacunes et arrive dans une forme optimale à ce rendez-vous crucial.
Arrivé à Toulouse en juillet 2024, il aura fallu attendre plusieurs mois avant que Saito ne trouve pleinement ses marques.
« Bon, ce n’était que la cinquième fois que je démarrais en tant que titulaire… », nuance-t-il via La Dépêche, relativisant ses débuts encore limités. Mais son éclat s’est enfin révélé lors d’une large victoire toulousaine au Vélodrome contre Toulon (50-10), le 10 mai dernier. Ce jour-là, il a marqué son premier essai en « rouge et noir » et a été élu joueur du week-end en Top 14.
Ce succès a aussi été une source d’encouragement pour ses proches, nombreux à lui témoigner leur soutien depuis le Japon.
S’adapter à un nouvel univers a été un défi de taille pour Saito, qui a dû apprivoiser un pays, une langue et un style de jeu très différents. « Je découvre une nouvelle langue, une nouvelle façon de jouer, des stratégies très loin de ce que je connaissais », explique-t-il, toujours via La Dépêche. Mais le Japonais assure avoir bien progressé depuis ses débuts : « Je pense avoir progressé au niveau du jeu au pied, de la confiance… Je comprends mieux la tactique, la philosophie du club, les combinaisons, et mes partenaires. »
Pour faciliter cette intégration, il suit des cours de français une à deux fois par semaine à Colomiers. « C’est très compliqué, mais je m’accroche », plaisante-t-il, fier d’avoir appris à dire sans faute « je ne sais pas » en français.
Sur le plan sportif, Saito fait preuve d’une rigueur exemplaire. En plus des entraînements collectifs, il s’entraîne individuellement avec l’entraîneur David Mélé pour améliorer son jeu au pied, « un des points que je travaille le plus car en France, le gain de territoire avec les coups de pied du 9 est essentiel. » Il s’appuie aussi sur Paul Graou, son concurrent et partenaire d’entraînement, pour progresser.
Son intégration au sein du vestiaire toulousain est complète. Ses coéquipiers louent son sérieux, sa politesse et sa bonne humeur permanente. Paul Graou témoigne : « Naoto comprend très bien l’anglais, un peu de français, les mots de rugby, donc la communication se passe bien. C’est quelqu’un de très sérieux, respectueux, toujours souriant. »
Malgré cette nouvelle famille sportive, le Japonais vit parfois la solitude, sa femme ne pouvant le rejoindre en France en raison de ses engagements professionnels au Japon. Les appels vidéo sont leur principal lien : « On s’appelle trois ou quatre fois par semaine. C’est compliqué mais dans quelque temps ce sera de très bons souvenirs et une bonne expérience pour nous deux. » Il prévoit d’ailleurs de rentrer au Japon cet été, avant de revenir pour sa deuxième saison à Toulouse.
Alors qu’Antoine Dupont est blessé, c’est désormais sur les épaules de Saito et Graou que reposera la construction du jeu toulousain. Un rôle qu’il assume sans crainte : « Quand j’ai appris la blessure de Toto, j’étais vraiment triste. Je me sentais désolé pour lui, pour moi aussi car j’adorais apprendre à ses côtés, mais aussi pour l’équipe. Cependant, je n’ai pas vraiment senti de pression supplémentaire. »
Le staff toulousain l’a encouragé à rester lui-même : « Naoto n’essaie pas de ressembler aux autres. Tu es Naoto, tu n’es pas Paul, tu n’es pas Antoine, donc reste toi-même. » Une philosophie que Saito adopte malgré son tempérament naturellement anxieux : « Avant tous les matchs, je suis nerveux, anxieux. Qu’on joue au Vélodrome ou ailleurs, ça ne change rien. »
Vendredi soir, au moment de fouler la pelouse de Lyon, ce tempérament de battant sera une nouvelle fois mis à l’épreuve. Mais le Japonais a déjà prouvé qu’il pouvait compter sur son travail, sa persévérance et sa détermination pour faire face aux défis.
Publicité
0 Commentaire