Le rugby aime les retours de bâton. Cheslin Kolbe, qui avait glacé le Stade de France en surgissant devant Thomas Ramos lors du quart de finale de la Coupe du monde 2023, a vécu samedi au Japon une mésaventure presque miroir. Non pas sauveur, mais victime. Non pas le contreur, mais celui dont le dégagement termine dans le dos, accélérant un naufrage collectif sans précédent.

Suntory explosé en plein vol

Face aux Kubota Spears, les Suntory Sungoliath ont implosé (79-20). Une nuit qui restera comme l’une des pages les plus lourdes encaissées par le club. Et l’image forte, la 23ᵉ minute : Kolbe dégage sous pression dans ses cinq mètres, ballon contré, action qui s’étire, Tyler Paul conclut. Essai, bascule, spirale fatale. Tout ce qui suit n’est que confirmation : Suntory est dépassé, asphyxié, sans réponse.

Là où son geste avait fait chavirer un pays en octobre 2023, figé un stade entier et refermé la porte des demi-finales pour les Bleus, il traduit aujourd’hui une impuissance criante. Un symbole : même les héros tombent, et parfois de la même manière qu’ils ont fait tomber les autres.

Kubota déroule, Foley frappe fort

Après ce tournant, les Spears ont déroulé à un rythme étourdissant. Bernard Foley a pris le jeu à son compte, empilant 29 points, guidant une ligne arrière qui a franchi onze fois la ligne. Shaun Stevenson, tranchant, distribue les coups. Malcolm Marx, lui, brille dans l’ombre, multiplie les charges, colle à chaque ruck.

Kolbe inscrit bien deux pénalités en ouverture, mais le sursaut n’aura pas de suite. L’ex-Toulousain se débat, touche peu le ballon, subit davantage qu’il n’éclaire. Son soir, autrefois associé à l’éclair de génie, restera marqué par une ironie cruelle : l’histoire se rejoue, mais dans le rôle inversé.