Le demi de mêlée béarnais a étoffé son jeu pour devenir un élément-clef du RC Toulon.

Sébastien Tillous-Borde nous a confié un jour : « J’ai envie de vivre un truc, et rien ne vaut les phases finales. J’y ai goûté avec Biarritz pour la demi-finale de 2006 contre Perpignan, mais j’étais sur le banc… » Six ans après ce succès biarrot (12-9) au cours duquel il n’était pas entré en jeu, le demi de mêlée béarnais a sans doute vécu le « truc » dont il rêvait. Avant-hier au Stadium de Toulouse, le Béarnais a gagné une demi-finale avec son nouveau club, le RC Toulon. Et non seulement il était titulaire, mais il a aussi été l’un des acteurs principaux de la rencontre (victoire sur Clermont, 15-12).

«  »Titi » a pesé sur le match », applaudit Imanol Harinordoquy. Opéré d’une épaule la semaine dernière, le troisième ligne international du Biarritz Olympique a regardé le match à la télévision, attentif à la prestation de son ancien partenaire au BO, avec qui il est resté proche. « Il m’a semblé en pleine confiance, poursuit le Basque. Je l’ai trouvé solide défensivement, avec quelques plaquages pas loin d’être décisifs. Il a aussi collé au ballon, il a su éjecter rapidement et faire jouer, prendre le jeu au pied à son compte quand il le fallait, que ce soit pour du jeu au pied long de pression ou pour trouver des touches. Il a vraiment progressé dans la gestion des temps chauds. »

Longtemps considéré comme un « neuvième avant » au registre limité, accusé de manquer de variété dans ses choix et d’abuser du jeu au près, Sébastien Tillous-Borde, jadis surnommé « le Kelleher français » en référence à l’ancien All Black, a fait sa mue. Quatre saisons à Castres, huit sélections et un transfert chez l’ambitieux RC Toulon ont fait grandir celui qui avait fait ses débuts professionnels dans l’ombre de Dimitri Yachvili et de Julien Dupuy au BO.

« C’est vrai qu’au début, il gardait beaucoup le ballon, sourit Imanol Harinordoquy. Mais il a bien étoffé sa panoplie. Aujourd’hui, il alterne beaucoup plus et il a une meilleure passe. Il aime toujours le défi, mais il a progressé dans les domaines où il était plus faible sans perdre ses qualités de départ. Honnêtement, je connaissais son potentiel, mais il me surprend quand même cette saison. Bernard (Laporte, le manager de Toulon, NDLR) doit être sacrément exigeant avec lui ! »

Briller au poste de demi de mêlée quand Morgan Parra est dans l’équipe adverse, comme Tillous-Borde l’a fait dimanche, n’a rien d’anecdotique quand on mesure le niveau de la concurrence pour le numéro 9 du XV de France (Parra, Yachvili, Dupuy, Tomas, Tillous-Borde, Michalak et désormais Machenaud et Cazenave peuvent postuler).

Retrouvailles avec Beauxis

Le joueur originaire de Monein n’a plus jamais été rappelé en bleu depuis la fameuse « déroute de Twickenham » (défaite contre l’Angleterre 34-10, le 15 mars 2009), où il avait pourtant envoyé Julien Malzieu à l’essai juste après son entrée en jeu, en fin de match. Une opération à l’épaule à l’automne 2009, qui avait coïncidé avec l’éclosion de Julien Dupuy, l’avait écarté des choix du sélectionneur de l’époque, Marc Lièvremont. Au début du Tournoi des Six Nations 2009, pourtant, il avait fait la démonstration avec l’ouvreur Lionel Beauxis d’une complicité née dans les sélections de jeunes du Béarn et en équipe de France des moins de 21 ans. Ensemble, Tillous-Borde et Beauxis ont joué – et gagné – la finale mondiale avec les Bleuets de 2006. Pour celle de Top 14, samedi au Stade de France, ils seront adversaires.

Source: sudouest.fr