Dans un entretien accordé au magazine « Gens du sud« , l’ancien joueur et ex-président du RCT, Eric Champ a donné son avis sur le nouveau Rugby Club Toulonnais dirigé par Mourad Boudjellal. Il évoque également le PARC, second club de la région derrière le RCT. Enfin, il explique que le rugby a beaucoup évolué par rapport à l’époque où il était encore joueur. Extrait:

Que vous inspire le phénomène RCT sous la conduite de Mourad Boudjellal ? 

Le phénomène RCT ne date pas de maintenant. Il existe depuis plus de cent ans. Aujourd’hui, ce phénomène a retrouvé la place qui est la sienne, celle d’un des plus grands clubs de France. J’espère que celui-ci aura un rayonnement européen demain.

De manière plus générale, est-ce qu’il y a de la place pour un deuxième club provençal en élite ? 

Il y a eu des tentatives à Marseille. Malheureusement, elles n’ont pas été concluantes. Elles peuvent l’être et je l’espère fortement pour des écoles de rugby. Mais cela n’a jamais été le cas au niveau de la représentativité en élite. Dès lors, on pourrait se dire que cette région est compliquée à ce sujet précisément. En fait, est-ce que les choses ne sont tout simplement pas établies ? C’est effectivement à se demander si le football, c’est Marseille, et le rugby, c’est Toulon. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les faits et l’histoire qui me le démontrent.

Malgré tout, est-ce que le PARC, le club de rugby d’Aix qui évolue en Pro D2, peut devenir une place forte de ce sport ?

Je pense que le PARC a les moyens d’évoluer. Les dirigeants ont su bâtir une école de rugby efficace et pérenniser une équipe de Pro D2. Même si celle-ci ne joue pas les premiers rôles, elle dispute un championnat très relevé. Sur un plan économique et industriel, le contexte local est plutôt pour que ce club puisse s’installer solidement et durablement. Mais même avec de gros moyens, et on le voit avec Lyon par exemple, il faut également compter sur un public conséquent. Ceci étant, les dirigeants du PARC ont les cartes en main pour lutter au niveau national. C’est d’ailleurs ce qu’ils réussissent déjà très correctement en Pro D2.

Quel est votre regard sur l’évolution du rugby et de ses mentalités depuis l’arrêt de votre carrière, en 1994 ?

Concernant le rugby proprement dit, celui-ci connaît une évolution extraordinaire. Sur de nombreux points, on peut toujours critiquer les gens qui le dirigent. La critique est toujours facile ! Mais très clairement, on fait évoluer les règles et le jeu, ces personnes-là ont continué à transformer ce sport, lequel est devenu absolument magnifique. Personnellement, j’ai été très fier d’y jouer. Le rugby répondait complètement à ce que j’avais envie de faire dans le sport. Mais aujourd’hui, il est encore plus beau. Je trouve ainsi le rugby encore plus rapide, plus technique et plus physique qu’à mon époque. Maintenant, à mon sens, l’évolution majeure est venue essentiellement de l’argent et j’en suis plutôt content, car il est tout à fait normal que les gens, qui consacrent leur jeunesse et au moins un gros tiers de leur vie à un sport, puissent au moins en vivre. Lorsque l’argent arrive dans un environnement, on sait aussi qu’il peut y avoir certains débordements. Quelques grands sports, je pense notamment au football, ont fait entrer de l’argent massivement dans leur discipline, bien avant le rugby, et l’on peut relever des côtés positifs, mais aussi négatifs. Le rugby devrait en tirer un retour d’expérience pour éviter de faire les mêmes erreurs.