Conrad Barnard n’a rien contre la neige. Sauf quand elle l’empêche de s’entraîner. Hier matin, sur son jour de repos, l’ouvreur sud-africain avait prévu une séance supplémentaire de tirs au but. « Je ne vais pas tenter le coup. Je n’aurai pas de bons appuis, ce serait dangereux ».

En attendant que le soleil vienne réchauffer l’herbe d’Armandie, Conrad a raconté sa vie. Celle d’avant et sa toute nouvelle entamée en Lot-et-Garonne il y a deux semaines, là où naîtra son premier enfant, à la mi-mai. « J’ai changé de vie, oui, totalement. Ce sera une fille, on vient d’emménager à Layrac, j’ai plein de meubles à monter, je suis très occupé en ce moment. En tout cas, ici, c’est plus tranquille qu’à Toulon. Bon, c’est plus froid aussi. »

« J’étais pressé »

Conrad est venu pour jouer, en finir avec le banc toulonnais où l’arrivée de Jonny Wilkinson l’avait installé depuis le début de saison. À Agen, il gagnera moins d’argent, mais à 30 ans, « pour les deux ou trois dernières saisons » qui lui restent, il a vite choisi.

« Je n’avais pas d’autres opportunités, mais je ne me suis pas trop laissé le temps non plus. J’étais pressé de trouver un club, et du temps de jeu. » Un coup de fil de son agent, un regard sur le classement du SUA et c’était presque déjà réglé. « J’ai mangé avec le président Alain Tingaud et j’ai apprécié notre discussion, les questions qu’il me posait. On a donc convenu d’un accord. »

Une pige de cinq mois, voire mieux si le SUA monte, car il ne se voit pas prolonger en Pro D2. « J’aimerais rester ici, d’autant que le groupe que j’ai découvert est très sain. Mais ça dépendra aussi de la volonté des dirigeants… » De ses performances surtout. Jusque-là, tout va bien pour Conrad qui a réussi ses débuts à Grenoble samedi avec un 4 sur 5 au pied et une impression globale plutôt satisfaisante. « Je ne m’attendais pas à être titularisé aussi rapidement, mais j’étais content, ne serait-ce que pour avoir joué la totalité d’un match. Il y avait longtemps… »

Incassable ?

Il pourrait même remettre ça dès demain face à Dax, quitte à plonger

Romain Sola dans le doute. « Romain est jeune, c’est un bon joueur et un bon gars. La concurrence, vous savez, où que vous alliez, elle est tout le temps présente. Ça fait partie du jeu.D’ailleurs, avant de signer ici, je ne m’étais même pas renseigné sur les ouvreurs de l’effectif. »

D’Agen, il ne connaissait que l’incontournable Rupeni Caucaunibuca ainsi qu’Adri Badenhorst, contre qui il avait joué en Afrique du Sud. Conrad est originaire de Port Elizabeth, sur la côte Est du pays, et s’est fixé à l’ouverture à l’âge de 15 ans pour les besoins de l’équipe scolaire. « Ma qualité première ? Euh, je dirais que c’est plutôt un ensemble de choses : un peu de défense, la précision face aux poteaux, et aussi la technique de passes. Ah non, je sais, ma qualité essentielle, c’est de ne jamais être blessé ! »

Une pubalgie pour fêter sa majorité et depuis, plus rien, ou si peu. « Là-dessus, j’ai vraiment toujours eu beaucoup de chance. » Il touche ses épaules, ses poignets, ses genoux, ses chevilles et une table en bois, pour que ça dure.