Philippe Saint André s’exprime pour Var Matin
Philippe Saint André s’exprime pour Var Matin
Le mercredi 4 mai 2011 à 8:59 par David Demri
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– Est-ce plus facile pour le manager que vous êtes de préparer un tel match ?
On aurait préféré le préparer en étant sûr d’être dans les six premiers alors que là, bizarrement, au coup de sifflet final, tu peux être 2e comme 8e. On finit très bien la saison en prenant 14 points sur quinze possibles face à trois gros du championnat, le Stade Français, Toulouse et Perpignan. Le problème, c’est que l’on a laissé trop de points en route en début de saison face à Bayonne et le Racing, face à Brive et encore Bayonne à cause de deux cartons rouges, mais aussi le point de bonus offensif à Bourgoin, le défensif à Agen, le point de bonus offensif face à La Rochelle en raison d’un en-avant (de Smith, Ndlr). C’est une somme de petites choses et à un point près, les spécialistes diront si on a fait une saison exceptionnelle ou catastrophique.
– A un point près et quel que soit l’issue du match de samedi, quel est le bilan de votre saison ?
Il y a eu des avancées, mais j’ai toujours dit que pour le bien-être du club, tant sportif que financier, il faut être en H Cup pour jouer chaque année des matchs de haut niveau. Malgré tout, on termine 5e club européen, on est à 15 victoires en Top 14 et on a donné du temps à des jeunes comme Orioli, Ivaldi, Magnaval ou Sinzelle.
– Revenons à Montpellier. Quels sont les mots d’ordre ?
Mettre beaucoup d’engagement physique, énormément de discipline et de maîtrise et puis être réaliste. A l’extérieur, il faut marquer dans les temps forts. On voulait être en vie au dernier match et on est en vie. Le groupe n’a rien lâché et on se battra jusqu’à la dernière seconde du dernier match. On a gagné notre 64e de finale face au Stade Français, le 32e face à Toulouse et le 16e face à Perpignan et maintenant on a un 8e de finale à l’extérieur, qui sera le plus compliqué à aller chercher. On est capable de le faire, mais il faudra être très précis.
– Vous connaissez un problème récurrent de discipline. Avez-vous trouvé des solutions ?
On essaie, on réfléchit. On a eu des problèmes de soutiens en quart de H Cup et d’une manière générale on pèche par trop d’enthousiasme. A l’image de notre capitaine Van Niekerk, on met tellement de cœur et de passion que cela dépasse la raison. Il faut trouver le juste milieu entre l’enthousiasme et la raison pour ne pas aller au-delà, pour ne pas tomber et faire le centimètre de trop.
– Comment sentez-vous votre groupe à l’approche de ce choc ?
Les joueurs ont un niveau d’écoute et de concentration qui est très grand. Je sens qu’ils n’ont pas envie d’être en vacances. Par le passé et avec d’autres groupes, j’ai déjà ressenti l’inverse. Ils ont également envie de jouer un quart de finale à Mayol. La pression est sur Montpellier. S’ils perdent ce match, ce sera pour eux une énorme contre performance parce qu’ils jouent à domicile et à guichets fermés, mais aussi parce qu’ils ont pratiquement été dans les six premiers toute la saison et qu’à un moment donné, ils ont même été premiers (deux fois, aux 8e et 10e journées, Ndlr).
– Ont-ils le même degré d’implication qu’en janvier, face au Munster ?
C’est différent car cette fois-ci, nous jouons un match de Top 14 et à l’extérieur. Mais sincèrement, sur les quatre derniers matchs, quart de finale de H Cup compris, il y a beaucoup d’investissement et d’implication. Même ceux qui ne sont pas dans le groupe essaient d’apporter lors des oppositions en se mettant dans la situation des équipes que l’on va jouer. C’est toujours un travail de groupe. Pour que l’équipe joue bien, il faut qu’elle s’entraîne bien et que l’équipe d’opposition la mette dans de bonnes conditions durant la semaine.
– Quelle sera la clé du match ?
On ne pourra pas se permettre de faire le même début de match qu’à Castres (15-0 au bout de 22’, Ndlr). Dans la formation d’équipe, on essaiera peut-être des choses pour avoir une bonne conquête, pour être propre et hyper discipliné. On ne pourra pas se laisser distancer.
– Lundi, les supporters ont été agacés par une séance d’entraînement ouverte au public et qui s’est terminée en huis clos à Mayol. Votre réaction ?
Je m’excuse car depuis trois quatre semaines on travaille beaucoup plus à huis clos, mais avec tout ce qui s’est passé autour de nous, ce groupe avait besoin de sa bulle. Après je comprends le public, la passion, les gens qui font 80 kilomètres pour venir voir les joueurs à l’entraînement. Il faut qu’ils se rendent compte qu’à Toulouse, Clermont ou Paris, c’est pratiquement toujours à huis clos. Nous, ce n’est pas notre philosophie. On essaiera d’ouvrir le plus possible les entraînements, mais là on en avait vraiment besoin. J’espère que les supporters comprennent, même si je sais qu’ils aiment être près de leurs joueurs.
– En parlant d’extra-sportif, comment avez-vous vécu l’affaire Henson, finalement réintégré ?
Je n’ai pas l’habitude de lâcher ce genre de choses dans les médias, mais il connaît ma façon de penser. Je lui ai demandé de s’exprimer devant le groupe et maintenant c’est à lui de bien vivre au sein de ce groupe. Apparemment, les retours sont positifs. J’ai été joueur et capitaine et ce sont des choses qui doivent rester à l’intérieur du groupe. C’est pour cette raison que j’ai demandé au staff et au président de les laisser entre eux, lundi matin. Sur le terrain, il faut être capable de se faire cabosser, de se faire péter deux côtes pour faire briller un mec à côté. Aujourd’hui, dans un monde où le rugby est médiatique, trop médiatique à mon goût, il ne faut pas perdre de vue l’essence même de ce sport, qui est un combat collectif. A un moment donné, il faut leur laisser des choses qui leur appartiennent, comme leur vestiaire à Berg. Moi, je n’y rentre pas. ça ne sert à rien de gratter ou de savoir ce qui se passe. C’est à eux. Moi je suis le garant et quand on me dit que ça se passe mal, je dois taper sur les doigts. Mais ce sont de grands garçons et en premier lieu, il leur appartient de bien vivre ensemble.
– Quand vous avez pris la tête de l’équipe, il y a deux saisons, vous aviez dit : ‘attention, c’est la deuxième année la plus difficile’. Avez-vous vécu votre deuxième année la plus difficile ici à Toulon ?
Oui, c’est probablement la plus difficile car ici, dès fois, c’est Dallas. C’est un plus dur là-dessus mais après, il y a de bonnes choses que les gens ne voient pas forcément. Par exemple, on a voulu avoir une bonne équipe Espoirs qui a été première toute la saison et qui s’est qualifiée pour les demi-finales (le 15 mai face à Perpignan, Ndlr).
Le fait est que nous avons augmenté le niveau d’exigence d’une manière énorme. L’an dernier, le club n’avait jamais battu le Stade Français. Cette saison, on perd au Stade de France contre eux et c’est un drame régional et une contre performance incroyable.
– Samedi, vous croiserez les Montpelliérains Tomas et Gorgodze. Considérez-vous que ce sont des échecs dans le recrutement ?
Non, ce ne sont pas des échecs. Gorgodze a voulu rester après avoir signé. Ce sont des choses qui me dépassent. Pour le poste de demi de mêlée, je suis sincèrement content d’avoir choisi Tillous-Bordes, qui est en train de bien revenir. Il va nous amener quelque chose en plus des autres. Henjak est plus éjecteur, Cibray plus un stratège et Tillous-Bordes est quelqu’un qui a plus de puissance physique. Avec le jeune Magnaval qui est un jeune prometteur formé au club, je suis content de ma balance en ayant en plus trois français sur les quatre.
– Vous vous dirigez vers dix douze changements pour la saison prochaine. Cela vous fait-il peur ?
Oui, bien sûr. On avait tablé sur six ou sept changements, mais on a eu des impondérables en perdant des mecs qui n’étaient pas prévus, comme Smith, Wulf ou Auelua. C’était déjà le cas l’an dernier avec le départ de joueurs énormes comme Williams, Rooney et dans un degré moindre, comme Skeate. Pour rattraper les grands clubs, il faut qu’on arrive à stabiliser l’effectif pour gagner en vécu collectif, pour savoir gagner des matchs avec bonus offensif et récupérer des bonus défensifs quand on est dans le dur. Le club s’est considérablement amélioré sur les structures et les déplacements. Maintenant, on a besoin de stabilité pour régulièrement postuler à une place dans les quatre premiers dans les années futures.
– Que faut-il faire évoluer ?
Il faut que l’on change un peu l’image du RCT axée sur les joueurs étrangers. Le bon exemple est quelqu’un comme Samson qui n’avait pas trop de temps de jeu avant de venir chez nous et qui, cette saison, a dépassé les 1000 minutes (1138 mn exactement, Ndlr). Benjamin Lapeyre est en train d’avancer, Fabien Cibray est revenu en moins de quatre mois. Ce sont des choses positives. On voulait garder Barthélémy pour cette période là, mais il a voulu jouer toute de suite. Je n’irai jamais contre ça. Maintenant, on a quand même des jeunes à fort potentiel comme Bonnet, Martin, Ben Letaïef, sans parler de Tussac, des deux talonneurs, de Gunther ou de Bruni qui vont faire la préparation et les matchs amicaux avec nous et pourront intégrer l’équipe première. On espère finir la saison le plus tard possible, mais si on termine tôt, les mecs partiront quatre semaines en vacances avant de reprendre pour une grosse préparation.
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Comments are closed.
Je n'ai pas le souvenir d'avoir lu une interview de cette sorte de la part de PSA.
Pas de langue de bois , c'est clair, net et ptécis;
Je le sens à l'aise, avec une bonne vision de l'avenir du RCT.
En plus à travers cette interview je sens que l'on va gagner à montpellier; Et je parierai bien mon vélo!!
merci Manager !
PSA, c'est du lourd.
Bonne sortie de PSA.
C'est clair net et précis. Avec une vision qui me plait.
Mais il ne faut pas croire pour autant que ça va être de la tarte. Nous n'avons pas gagné à l'exterieur depuis longtemps…
🙂 Le doigt du Goret…pointé vers la Victoire…ressemble un peu à celui de notre..CUVERVILLE..statue sur notre Port..ce vice-amiral incarnant le génie de la navigation…vers la seule rive de la certitude d'un triomphe en Terre Héraultaise !!!.." ce que les hommes veulent en fait , ce n'est pas la connaissance , c'est la certitude ! " — Bertrand Russell — ALLEZ TOULON 🙂
Le RCT ne peut pas se passer d'un tel manager, il a d'une part l'expérience et d'autre part le flegme et l'intelligence pour s'adapter à
lambiance et à la pression toulonnaise . On pourrait toujours citer des noms pour le remplacer sur le 1° plan mais sur le second plan c'est autre chose. Quand a trouver un manager qui remplisse les 2, franchement je ne vois pas qui. Alors oui,,il faut que GALTHIE fasse des ronds de jambe à la FFR pour remplacer LIEVREMONT , et le RCT sera alors soulagé
C'est parfait comme sortie, surtout à un moment aussi crucial de la saison.
Rien à ajouter, c'est clair, net, sans faux-semblants.
Voilà un homme droit dans ses bottes, qui a une vision précise du projet qu'il veut mettre en place, où les jeunes joueurs formés au club vont faire petit à petit leur trou, auprès de mecs en or massif, comme JVN, JW et j'en passe.
Quand je repense à certains qui ont clamé haut et fort que PSA n'est pas un bon entraîneur mais qu'il bénéficie uniquement de son aura d'ancien international et capitaine du XV de France, comment dire…
Je pense que c'est probablement la meilleure recrue de MB, qu'ils sont complémentaires et chacun excellents dans leur domaine respectif.
Après, c'est certain, on ne vit pas dans le monde des bisounours. Des tensions ou des points de vue divergeants peuvent parfois voir le jour… Mais c'est partout pareil, dans tous les clubs, dans toutes les entreprises, dans la "vraie vie" quoi… C'est normal de débattre et d'arbitrer des décisions pas toujours facile à prendre !
Je crois que c'est comme ça qu'on fait avancer les choses dans le bon sens, même si comme il le dit fort bien, à Toulon, on a parfois l'impression de vivre un remake de Dallas ^^ 🙂
Pour finir, j'espère sincérement que la FFR ne viendra pas le "draguer" pour succéder à Liévremont… On pourra ainsi envisager le court et le moyen terme assez sereinement.