Souvenez-vous… Toulouse – Toulon 1985

Souvenez-vous… Toulouse – Toulon 1985

30 novembre 2011 - 9:59

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Samedi 25 mai 1985 – Parc des Princes, Paris.

Quart de finale du championnat de France. Le Stade Toulousain écrase l’AS Béziers, le grand Béziers, qui a régné sans partage sur le rugby hexagonal pendant un quart de siècle (15 finales, 11 titres). Cette passation de pouvoir marque la fin d’une époque, une époque glorieuse où le géant biterrois faisait briller l’ovalie de mille feux. Et après une saison relativement morose, les observateurs les plus optimistes prédisent une période difficile pour la compétition dominicale. C’était sans compter sur la finale étincelante entre Toulouse et Toulon…

Une finale de légende

Tyrosse, Oloron, Tulle, La Voulte et de nombreux autres clubs qui fleurent bon le rugby d’antan composent en 1985 l’élite du rugby français. Un rugby que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, un rugby encore à des années lumières des affres du professionnalisme, où pas moins de quarante équipes se disputent le fameux Brennus.  Un privilège qui est finalement accordé au Stade Toulousain, tombeur de Béziers, et au Rugby Club Toulonnais, qui a gagné sa place au Parc des Princes de haute lutte face à de valeureux et coriaces Lourdais.

Les Toulousains, dont le talent de la ligne de trois-quarts n’est plus à prouver, doivent affronter l’impressionnant pack Varois qui est attendu au tournant. Seulement, le début de match est à l’avantage des Stadistes, et de ses avants qui monopolisent parfaitement le cuir. Une main mise éphémère, tant le RCT va dominer ce premier acte. Saignantes en attaque, les troupes de Daniel Herrero vont se montrer réalistes et ne vont pas se gêner pour concrétiser leurs temps forts.

Toulon, par l’intermédiaire de son arrière Bianchi, ouvre le score sur pénalité, puis, quelques instants plus tard, passe la ligne d’en-but grâce à la roublardise de son ouvreur, Cauvy, qui feinte le drop en sortie de mêlée et envoie l’ailier Fournier en terre promise. En face, les buteurs Gabernet et Lopez ne sont pas en verve avec cinq échecs face aux pagelles, mais le dernier nommé réussit tout de même à ajuster la mire avant le repos. Aux citrons, Toulon est devant sur le score de 12 à 3, grâce un essai transformé, qui valait six points à l’époque. Et paradoxe, c’est grâce aux initiatives tranchantes de sa ligne d’attaque que le RCT est en route pour le titre.

Mais les Toulousains n’ont pas dit leur dernier mot et attaquent la deuxième période pied au plancher. Une deuxième période hitchcockienne, pleine de rebondissements. Tout d’abord, la fâcheuse blessure du buteur de la Rade, Bianchi, va donner un coup de pouce au Stade, tant son suppléant Fargues va jouer de malchance en ratant une pénalité qui aurait pu, dû, sceller le sort de la rencontre, et en appréciant difficilement une chandelle de Rougé-Thomas qui accouche d’un essai de Bonneval.

Revigorés, les trois-quarts rouges et noirs envoient au large et plante une nouvelle banderille grâce à Charvet. 13-12 pour Toulouse qui a fait son retard en un éclair et prend le score pour la première fois du match. Nouveau tournant. Une rencontre qui n’en finit plus de tourner, de donner le tournis, de nous plonger dans une ivresse digne des dramaturges de la Grèce Antique, lorsque Cauvy claque un drop. Toulon reprend l’avantage, et la confiance avec, qui change de camp comme le vent tumultueux de la Rade peut changer de sens. Et lorsque le formidable demi de mêlée Gallion transperce le Capitole pour aller en terre promise (19-13), c’est toute la Méditerranée qui se prend à rêver.

Mais cette finale est loin d’être jouée. Le Stade repart à l’attaque, le troisième ligne Maset s’engouffre dans le Var et propulse Charvet, encore lui, derrière la ligne. Lopez égalise à 19-19. La balle de match est pour le RCT, mais le drop de Cauvy, en réussite quelques instants auparavant, caresse le mauvais côté du poteau, dans un stade qui retient son souffle, où la tension est, comment dire, palpable, à deux minutes du terme. Cette énième péripétie de jeu nous conduit tout droit vers les prolongations.

Une « troisième » mi-temps à sens unique, tant les avants toulonnais sont usés par le travail de sape des hommes du duo Villepreux-Skrela, qui vont rapidement inscrire deux nouveaux essais signés Bonneval et Portolan. La maigre pénalité de Cauvy ne change rien, et les Toulonnais boivent le calice jusqu’à la lie lorsque Charvet y va de son triplé (36-22). Cette fois-ci, le Brennus a bel et bien choisi son camp.

Retrouver le goût de la victoire

Ce samedi 3 décembre (14h05), les deux équipes se retrouvent sur la pelouse du Stadium de Toulouse avec une envie commune, effacer la déception du match précédent, qui s’est soldé par un résultat nul pour le Stade Toulousain à Brive (9-9), mais également pour le RCT à Castres (22-22). Deux résultats décevants, quand on sait que la victoire tendait les bras aux deux formations et qu’une baisse d’intensité coupable leur a fait perdre le fil. Nul doute que Guy Novès, présent sur la pelouse du Parc des Princes en 1985, aura à cœur de remotiver ses joueurs pour les mener à la victoire, eux qui devront néanmoins se méfier des coéquipiers de Matt Giteau, auteur d’une rentrée pleine de promesses à Pierre Antoine.

rugby-top.com

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  1. gg13 30 novembre 2011 à 11h

    Un grand merci au journaliste qui a écrit cet article (pour une fois qu'on ne les critique pas LOL)j'ai eu la larme à l'œil de ce souvenir et j'en ai encore les poils dressés. après les années bitéroises (décrites dans l'article) et Toulousaines (qui durent trop…bien que j'ai beaucoup d'admiration pour ce club et pour la ville de rose qui est vraiment superbe)espérons maintenant des années RCT.

    Nous n'arriverons à nos fins que grâce à une stabilité de l'effectif, un président plus discret sur le plan médiatiques, avec aussi un savant mélange entre une politique de formation dans le but d'intégrer ces jeunes en équipe première avec en complément un apport de grands joueurs sur quelques postes faibles. Il est vrai que tous ces bruits de transferts (j'achète – je vends ) me fatiguent car c'est la raison pour laquelle le foot désormais m'indiffère, et je trouve que trop souvent nous allons chercher bien loin le type de joueur que nous avons déjà chez nous !!!

  2. gg13 30 novembre 2011 à 11h

    Ville rose voulais je dire et médiatique sans s cela irait mieux !

    Ce serait chouette si un de nos 2 gentils administrateurs pouvait nous trouver des images de cette finale de légende. Merci à eux pour leur travail magnifique.

  3. Roberto 30 novembre 2011 à 12h

    Quelle époque , mais sans être nostalgique il apparait que à chacune son attrait avec des joies et des déceptions ; L'essentiel est de voir que le rugby prend de plus en plus de place .

    Si nous regrettons parfois les années 70 et la formidable passion qui animait au delà de la raison joueurs et supporteurs dans des ambiances de folie c'est sans doute parceque c'était encore de "l'artisanat " et que l'on cotoyait presque chaque jour des joueurs dans leur vie de tous les jours , dans leur travail..

    Ceci a fait place au professionalisme qui a permis d'élever considérablement le niveau même avec des régles parfois contraignantes . les joueurs de rugby sont restés cependant bien plus accessibles que ceux d'autres sports et mouiller le maillot est encore en vigueur pour la majorité d'entre eux . Ce ne sont pas quelques anicroches qui vont déstabiliser l'édifice ; édifice qu'il faut préserver car par les temps qui courrent c'est essentiel …

    allez , cette année sera bonne pour le RCT , nous le soutiendrons ; et surtout dans les mauvaises passes car c'est bien dans ces moments la qu'il faut être vraiment présents pour conforter et redonner allant et dynamisme ….

  4. Godwin 30 novembre 2011 à 12h

    Il est dommage de ne pas pouvoir acheter les CD des finales perdues contre Toulouse et de la victoire sur le BO dans la boutique du RCT

  5. Georges 30 novembre 2011 à 12h

    😳 …nous étions au Parc …mais aussi en 1968…à Toulouse…Ah…si le Général avait pu siffler..un peu avant…la fin de la récréation…eussions nous pu rejouer ce match…et battre alors les Lourdais de Michel…. !!!!!! 😀 :D…ALLEZ TOULON

  6. Hellboy 30 novembre 2011 à 13h

    Interview de Wilkinson à La Provence : http://www.laprovence.com/article/sports-region/w

    La finale de 1985 ; on la perd nous-mêmes plus que Toulouse ne la gagne.

  7. Joël 30 novembre 2011 à 13h

    Beau souvenir que les moins et même de beaucoup plus de vingt ans ne peuvent en effet connaître. Et puisqu'on parle de grandes équipes du temps passé, n'oublions pas Lourdes qui fut aussi longtemps la référence jusqu'à cette année 1968 qu'évoque Georges. Oui, le grand Lourdes, c'était quelque chose et ce dès l'époque des Montarola, Saint Pastous, Taillantou (quel nom superbe quand on est arrière!), Guinle, les frères Prat, Soro et j'en oublie des tonnes!Lorsqu'il venaient à Toulon, ils avaient droit au respect total. Pourtant même si le RCT n'avait pas encore inventé le Pilou Pilon, il y avait alors des supporters à côté desquels les plus excités d'à présent passeraient pour de joyeux galopins.

    Rendons donc à César ce qui est à César. Bien sûr que je suis un fervent supporter du Rugby club toulonnais mais le serais-je autant si ces grandes équipes malheureusement oubliées ne m'avaient dès mon plus jeune âge rendu fou de rugby?

  8. Mordus83 30 novembre 2011 à 15h

    C'etait l'époque ou je pensais que nous étions maudit comme les Dacquois ou les Montferrandais , putain ,68,71 et 85 quelle douleur..:lorsque j'y repense et que je lis parfois que le rugby se footballise , nous parles de l'esprit et des valeurs,si ils avaient connu les supporter toulonnais de l'epoque ,aujourd'hui c'est la bande à Oui oui.,,lorsque j'entend hurler pour des sifflets à Mayol et que je me remémore l'accueil de Esteve à Mayol , je rigole.. enfin autre époque autres moeurs.

  9. fafane40 30 novembre 2011 à 15h

    Que ce serait bon de revoir ces matches là en intégralité !!!!!!!!!! pas seulement des extraits…

    si c'est faisable, si quelqu'un a une idée, qu'il n' hésite surtout pas !!!!!!!!!!

  10. Mordus83 30 novembre 2011 à 18h
  11. boom09 30 novembre 2011 à 19h

    il y eu 1985, que le RCT ne doit jamais PERDRE, blessure fatale de BIANCHI, au fait qu'est devenu le malheureux FARGUES ? il n'osait plus sortir , il avait fait pourtant cette année 1985 de bons matches jusqu'à la finale! je me rappelle aussi de la défaite de 1989 avec un pack énorme, et le stade qui nous prend à froid avec cet essai de LAIRLE des les premieres minutes ! une victoire à toulouse c'est toujours un EXPLOIT !

  12. Hellboy 30 novembre 2011 à 19h

    Oui… Le malheureux Fargues. Je crois que Dany le Rouge ne lui avait pas pardonné.

    C'était un peu le Lapeyre de l'époque. Il avait râté le match qu'il ne fallait pas.

    Aux dernières nouvelles il va bien.

    😀

    Fargues avait coûté le match nul à la fin des 80 min.

    Mais c'était surtout le pack qui était archi-cuit en prolongations qui nous as fait perdre.

    Les jambes de Novès et cet enfoiré de Bonneval aussi…

    Mais il n'y avait rien à dire, et l'arbitre avait été exceptionnel pour l'époque.

    C'est comme ça que se font les grands matchs et que naissent les légendes !

    Contrairement au match contre les Clermontrucs à Sainté.

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