Les vérités de Jonny Wilkinson. Dans un ouvrage sobrement intitulé Jonny : My Autobiography et paru lundi, le maître à jouer du Rugby Club Toulonnnais se livre comme jamais sur sa carrière et son parcours. Les bonnes feuilles de son bouquin ont été publiées dans les colonnes du Times. Le demi d’ouverture de XV de la Rose révèle par exemple qu’il a songé à se retirer de la scène internationale à l’automne 2010. Amer d’avoir perdu sa place de titulaire en numéro dix au profit de Toby Flood, il a rencontré le sélectionneur Martin Johnson le 12 octobre pendant une réunion de quatre heures pour mettre les choses au clair. « Avec l’Angleterre, ma confiance a juste disparu, confie-t-il alors au capitaine des champions du monde en 2003. Je me sens plus faible que jamais. L’éventualité de ne plus jamais jouer pour l’Angleterre me rend malade mais je ne sais tout simplement pas si je peux continuer ainsi. » Très critiqué par les journalistes après avoir été encensé pendant des années, « Wilko » est touché par l’acharnement médiatique dont il est victime.

Il pointe du doigt le peu de soutien dont il a bénéficié à cette époque compliquée. « Dans les medias, j’étais devenu un bouc émissaire pour nos performances dans le Tournoi des VI Nations. Et il me semblait que les gens étaient assez contents que les choses soient ainsi. » Sur le Mondial en lui-même, l’ancien joueur de Newcastle (1997-2009) évoque ses performances personnelles, notamment au pied. Gêné par le ballon utilisé exclusivement lors de la compétition, il a connu une véritable faillite dans l’exercice, avec un 48% de réussite (10/21) bien loin de ses standards. « Cela me fait mal à l’estomac de penser combien je me suis entraîné dur pour travailler mes coups de pied ces dernières années et le peu de bénéfice que j’en ai retiré à un moment si important, regrette Wilkinson, stigmatisant les défauts du ballon. Cela me rend fou. » Avant l’élimination en quarts de finale contre le XV de France (12-19), il avait été aussi irrité par la prestation de son équipe en phase de poules face à la Géorgie. Il n’a alors pas hésité à prendre la parole dans le vestiaire pour recadrer ses partenaires.

« Il y a des individus qui jouent pour eux-mêmes, sans montrer aucun respect pour l’adversaire, en lançant des passes pour le spectacle sans que ça ne soit nécessaire et en ne jouant pas les uns pour les autres. Je dis qu’il y a des choses que nous faisons à l’entraînement et que nous n’exécutons pas en match, des erreurs que nous commettons sans les corriger. Malheureusement, cela signifie que les 29 autres joueurs du groupe ne comptent pas assez à vos yeux. » Il est enfin revenu sur les nombreuses polémiques autour des joueurs du XV de la Rose, avec notamment l’affaire Tindall ou encore celle impliquant Dylan Hartley, James Hakell, Chris Ashton et une employée d’hôtel. « Ce que je ne peux comprendre est la naïveté de personnes sortant pour faire la fête sans que la possibilité que leurs actes soient relatés dans les medias ne leur effleure l’esprit. Nous avons déjà été avertis à plusieurs reprises sur ce sujet, surtout pendant une Coupe du monde. Nous devons être un peu attentionnés, précautionneux, attentifs. Avec une caméra sur quasiment tous les téléphone de nos jours, comment cela pourrait rester secret ? » Wilkinson se lâche dans son livre et n’épargne personne. Comme sur le terrain.

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