Demain après-midi, César Delarue va vivre une drôle de journée. La dernière d’une histoire d’amour entamée il y a quinze ans. Celle qui le lie avec son club de cœur et de toujours depuis ses débuts à l’école de rugby, à neuf ans.
Pour son plus grand malheur, en ce jour qui marque les existences au fer rouge, il ne sera pas en crampons et en sueur au milieu de ses camarades. Il sera là, à quelques mètres. Immobile, impuissant. Entre la joie de vivre l’épilogue de la saison exceptionnelle effectuée par ce talentueux groupe Espoirs et la douleur de n’être que spectateur.
C’est que le sort l’a frappé, comme souvent, sans prévenir. Le 9 janvier dernier, il se fait les croisés d’un genou à l’entraînement, sur le terrain synthétique de Berg, sur un appui marqué en sortie de mêlée. Il se fait opérer le 16 février suivant. « Il a toujours pensé qu’il pourrait revenir avant la phase finale. Je le connais par cœur et je savais qu’il allait se battre pour ça », explique son manager, Olivier Beaudon, qui le côtoie depuis plusieurs années.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, seulement trois mois après, César est quasiment rétabli. A dix jours près, il aurait même pu disputer cette finale. « C’est plus sage de renoncer car ou je rentrais dans le Guinness Book des records ou je me pétais à nouveau le genou », concède le troisième ligne avec une pointe d’humour.
« Un double deuil »
L’humour comme ultime rempart à la déprime. Comme il le dit lui-même, « en étant narcissique », cette finale était un peu la sienne.
Lui, le capitaine indiscutable, celui que les joueurs considèrent comme le papa du groupe, lui qui a assuré le lien entre les différentes générations qui composent le groupe Espoirs, lui qui a fait toutes ses classes dans les catégories de jeunes du RCT. « Ce n’est pas évident. C’est une mauvaise période… Pour moi, c’est un double deuil », déplore cet écorché vif.
La mort dans l’âme, César Delarue sera pourtant bien présent aujourd’hui dans le car qui va amener les finalistes jusqu’à Privas. Il sera aussi dans les vestiaires pour les soutenir du regard et puis sur la pelouse, bien sûr, pour rire ou pleurer avec eux. « Dans les deux cas, je serai en pleurs… », susurre-t-il, déjà submergé par l’émotion.
Rebond à Marseille
Demain soir, César Delarue rendra cette tunique rouge et noire qui lui colle à la peau depuis si longtemps. Et les rêves qui vont avec. Le club ne lui ayant pas proposé de contrat pro, ce joueur polyvalent en deuxième et troisième lignes est invité au départ. « Les blessures ont eu ma peau », regrette César, qui avait également raté une grande partie de la saison dernière.
À 24 ans, celui-ci ira donc vendre ses talents ailleurs, en Fédérale 1 si Marseille, qui dispute les phases finales de Fédérale 2 (les huitièmes ce week-end), accède à l’étage supérieur. Le projet du Stade Phocéen d’évoluer en Pro D2 et le discours du manager Alain Hyardet l’ont séduit. Il pourrait retrouver un ancien Espoir du RCT, Christophe Del Pellegrino, dont le discours positif a fini de convaincre notre homme de tenter l’aventure marseillaise.
Avant d’entamer cette autre vie sans pilou-pilou ni trompettes, César Delarue a un match émotionnel à livrer du côté de Privas. Pas forcément le plus facile de sa jeune carrière.