
Guilhem Guirado: « Si Bernard est dur avec nous, c’est uniquement pour notre bien »
Guilhem Guirado: « Si Bernard est dur avec nous, c’est uniquement pour notre bien »
Le dimanche 14 décembre 2014 à 20:49 par David Demri
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Guilhem Guirado, le talonneur international de Toulon, revient sur la revanche prise hier face à Leicester et évoque son évolution depuis qu’il est arrivé dans le Var.
Il boitille, après s’être tordu la cheville gauche. « Ce n’est pas grave », assure Guilhem Guirado. Le talonneur toulonnais, très bon lors de la double confrontation avec Leicester, a vite trouvé ses marques chez les champions d’Europe et de France. À vingt-neuf ans, l’ancien capitaine de Perpignan, qui compte aujourd’hui 26 sélections, s’est également installé chez les Bleus, avec 5 titularisations entre juin et novembre.
« Êtes-vous satisfait d’avoir pris votre revanche sur les Tigers ?
– Je suis content de l’état d’esprit, de la préparation de la rencontre. Mais ce n’est pas un match abouti ; on a laissé pas mal d’occasions en route. On ne sait pas s’il nous manquera des points pour se qualifier dans les quatre meilleurs premiers de poule, mais c’est dommage de n’avoir marqué que deux essais. Il y a des occasions qui existent, deux ou trois en-avant à cinq mètres de la ligne. Ça aurait pu nous aider à mieux construire le match, surtout autour de la 60e.
Le début de match n’a pas du tout été le même qu’à Leicester dimanche…
– Ils étaient partis sur la même chose, mais la différence est qu’on n’a pas craqué défensivement ni sur le jeu en pression. Ils n’avaient que cette optique-là, pour voir comment on réagissait. Sur les deux ou trois premières minutes, ils ont vite compris que ce serait dur pour eux. Et encore, on les a laissés espérer dans ce match, à 16-5 alors qu’on aurait pu mener plus de 20-0 avant la mi-temps. À l’aller, on se faisait des passes sans avancer… Ce soir (hier), on a peut-être fait trop de passes parce qu’on avançait beaucoup (sourire)….
Votre descente de bus n’a pas été délirante, mais on a été frappé par vos visages beaucoup plus fermés que d’habitude…
– Oui. Toute la semaine aussi, hier soir (vendredi) à l’hôtel encore pour la mise au vert. C’était très sérieux. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de place pour la rigolade, mais tout le monde était concentré, revanchard. On sait bien que, dans le rugby, on ne peut pas tout baser sur la revanche, mais ce sentiment de frustration nous a aidés pour inverser la tendance.
Mourad Boudjellal disait après le succès sur Clermont, il y a quinze jours en Championnat, qu’il vous faut réussir un triplé en Coupe d’Europe pour qu’on parle de ce RCT dans vingt ans…
– Le président affiche ses ambitions, c’est normal. C’est plaisant. Quand il m’a sollicité, c’était pour ça : gagner des titres. Bernard nous répète assez qu’il veut tout gagner, qu’on soit les meilleurs. S’il est dur avec nous, c’est uniquement pour notre bien.
Vous connaissiez Bernard Laporte avant cet été ?
– Vite fait. Quand j’étais en moins de 21 ans, on faisait l’opposition avec la première. Quand tu es jeune et que Bernard est au milieu du terrain et te dit : “Fais ça, ça, ça”, tu écoutes. Ça m’avait marqué. Quand tu as cette chance, tu n’as pas envie de tromper ! (Rires.)
Il vous a apporté quoi ?
– Tout ce qui est motivation. On voit que c’est le patron, qu’il a envie qu’on gagne à chaque fois, en faisant les choses précisément. Le jour du match, il fait un briefing avant de partir au stade en bus. Après, il est discret. Il faut qu’on se mentalise nous-mêmes.
Si on vous dit que vous avez franchi un palier ces derniers mois…
– Je travaille aussi dur qu’à Perpignan mais les résultats sont plus probants ici. Les objectifs sont très élevés. Ici, tous les grands joueurs apportent leur expérience, que ce soit à l’entraînement ou en match. Ils donnent leur point de vue par rapport à certaines attitudes, certaines vidéos. C’est plaisant.
Et vous, pas trop ?
– De par mon caractère, non. Et surtout, je viens d’arriver… Je me vois mal lever le doigt pour dire ce que je pense. Mais j’essaie de ne pas me cacher… Et pour parler, il faut d’abord être exemplaire sur le terrain.
Talonneur titulaire de l’équipe de France, ça vous donne un autre statut ?
– Pas du tout. Je suis quelqu’un de discret, je le répète tout le temps.
O.K., mais entre juin et novembre, vous avez enchaîné cinq titularisations consécutives en bleu…
– On m’aurait dit ça en mai, quand c’était si difficile avec Perpignan (relégué en Pro D 2)… j’aurais été dubitatif. Mais j’ai continué à travailler. À force, la chance tourne du bon côté. En Australie, en juin, j’ai eu l’occasion de pouvoir jouer. Ça faisait pas mal d’années que j’attendais et, enfin, c’est arrivé. À l’automne, je suis arrivé à Marcoussis pour surfer sur la vague de cet été où j’avais pris beaucoup de plaisir malgré les trois défaites. C’est sûr que j’ai plus de chances d’être dans les trois talonneurs pour la Coupe du monde qu’en début d’année, mais je ne m’arrête pas à ça. Disons que je le mets de côté pour la confiance.
Vous êtes longtemps resté un grand espoir, éternel remplaçant. Un jour, vous avez appuyé sur un bouton pour franchir un cap ?
– On parle d’âge, d’expérience, de nouveau statut. Ça me fait rire. Je travaille dur, très dur même, depuis des années. À moi de le montrer… Meilleur, je ne sais pas. Je progresse, j’ai changé de dimension, de club, mais je n’ai pas changé personnellement. Si je fais comme ça, c’est parce qu’on me l’a inculqué tout jeune à Perpignan.
Avant, vous donniez l’impression de sortir d’un match après deux mauvais lancers, par exemple. Là, c’est terminé…
– (Dubitatif.) Peut-être. Il faudrait qu’on revoie ensemble ces matches où je loupe des lancers et où j’ai l’air moins concerné, comme vous dites… Rater un lancer, ça m’énerve profondément et je me concentre sur le prochain. Après, peut-être que j’ai plus confiance en moi, inconsciemment…
Après six mois dans le Var, la Méditerranée vous paraît-elle la même qu’autour de Perpignan ?
– (Il rit.) La même mer, mais c’est un peu plus rocheux ici. Ça me rappelle un peu Collioure. Mais, pour moi, c’est la même chose. Les gens sont chaleureux, très attachés au RCT, beaucoup plus que les Perpignanais à l’USAP. Ça se traduit au quotidien, tout le monde en parle. »
Source: lequipe.fr
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1 Commentaire
Quel joueur avec deux poumons en plus , tout simplement énorme !!!!!!!!!!