La justice, qui mène des recherches sur une fraude à la Sécurité sociale autour du RCT, soupçonne par ailleurs des joueurs varois de dopage. Le club se dit serein.

Dans quel engrenage est embarqué le RC Toulon ? En deux jours, deux informations révélées par RTL viennent de percuter la vie d’une équipe, d’un club, d’une ville. Et c’est surtout la deuxième qui a des contours inquiétants pour le triple champion d’Europe. Après avoir révélé mardi que la justice enquêtait sur une fraude aux ordonnances qui conduisait à des soupçons de dopage au RCT, RTL a apporté des précisions hier.

Il n’y a pas une seule enquête en cours, mais deux : la première sur la fraude aux ordonnances, la seconde, distincte, sur des soupçons de dopage chez les joueurs du RCT.

Selon les informations de la radio nationale, le parquet de Marseille a ouvert en mai dernier une information judiciaire sur un signalement de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui soupçonne deux pharmaciens d’avoir approvisionné illégalement des joueurs en divers produits : antibiotiques, antalgiques, hormones de croissance, inhalateur contre l’asthme ou, selon nos informations, hormones thyroïdiennes.

LAPORTE : « QU’IL Y AIT DES JOUEURS QUI, À CÔTÉ, TRICHENT… »

L’enquête a été confiée à la juge spécialisée du pôle de Santé publique Annaïck Le Goff et, toujours selon nos sources, une investigation policière est bien en cours.

Il ne s’agit pas de la première enquête autour du RCT. D’après le Parisien daté d’hier, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) avait essayé dernièrement de tracer un éventuel trafic chez les joueurs du RCT, mais ses recherches n’avaient débouché sur rien. La police trouvera-t-elle des éléments ? Chose sûre : s’ils existent, ils seront plus difficiles à débusquer après la ­révélation de cette dernière ­enquête.

Pour le président varois Mourad Boudjellal, qui avait nié mardi tout soupçon de dopage en répondant aux questions sur la première enquête, la nouvelle d’une deuxième information ­judiciaire est une surprise. « Je n’étais pas au courant, je n’ai jamais été entendu », nous a-t-il affirmé hier. Il se montrait cependant toujours aussi combatif : « La juge peut faire l’enquête qu’elle veut. Elle peut enquêter où elle veut. Elle sera la bienvenue. Et pourquoi moi je n’ai vu personne depuis le mois de mai ? En tout cas, je suis totalement serein. J’en rigole. C’est une manipulation. » Une petite phrase qui semble viser la Fédération, alors que son manager Bernard Laporte s’est déclaré candidat à la présidence la semaine passée.

Sur le fond, Boudjellal assure qu’il n’existe pas de dopage organisé au sein de son club. Il cherche à comprendre comment une telle affaire a pu éclater : « S’il y a du dopage organisé, les gendarmes déboulent sans prendre rendez-vous. » Et le président du RCT de poursuivre : « Je suis prêt à faire contrôler n’importe lequel de mes joueurs par n’importe quel laboratoire. »

Pour sa première réaction à cette double affaire, Bernard Laporte, sur RMC, a également rejeté tout dopage organisé, tout en laissant entendre que des actes isolés n’étaient pas impossibles : « Qu’il y ait des joueurs qui, à côté, trichent… On ne dort pas avec eux. Mais n’oublions pas qu’on a été contrôlés six fois la saison dernière. » Pour aucun test positif. Que l’AFLD ait demandé à la justice d’enquêter est au moins le signe que ces contrôles négatifs n’effacent pas tous ses doutes.

Source: lequipe.fr – BRUNO VIGOUREUX