« C’est un joueur de classe mondiale, point final« . Plus d’une heure après la victoire du XV de France sur le Canada (41-18), Philippe Saint-André s’attarde avec quelques journalistes, un café à la main. Jeudi soir à Milton Keynes, le sélectionneur des Bleus a sans doute eu la confirmation que Frédéric Michalak (32 ans, 75 sélections) était l’ouvreur qui faisait tant défaut à sa formation.

Il a été créatif sur le premier essai, sérieux dans son jeu au pied, insiste Saint-André. « Beaucoup se posaient la question de savoir pourquoi on le prenait. Quand tu lui donnes du temps et une bonne préparation, c’est un joueur de haut niveau. Ce n’est pas le fait du hasard si aujourd’hui il bat le record d’un mec qui a joué avec moi, un grand joueur, Thierry Lacroix (avec 136 points sous la maillot frappé du coq, Michalak est devenu le meilleur réalisateur du XV de France en Coupe du monde. Lors de la 14e minute de la partie, grâce à une pénalité, le Toulonnais a dépassé Thierry Lacroix (124 unités), ndlr) ». »

Michalak : « On s’est laissé prendre comme des Cadets »

Auteur de 14 points face aux Canadiens avec un 100% au pied (6/6), mais également 50 mètres parcourus balle en mains pour 6 défenseurs battus, Frédéric Michalak a enflammé le Mylton Keynes Stadium sur plusieurs actions à l’image de cette chistera sur le premier essai de Wesley Fofana (4e) et de ce coup de pied de recentrage, de l’intérieur du pied gauche (25e). Un récital !« Derrière, on a eu de bons ballons. C’est un match où j’avais des espaces« , explique l’ouvreur du XV de France. « On essaye forcément de les prendre. Il y avait du déplacement. J’essaye surtout de bien réorganiser le jeu, ce que je n’ai pas forcément très bien fait à certains moments de la partie où les joueurs étaient fatigués. Mon plaisir perso passe après. Le point de bonus, c’est la cerise sur le gâteau. On est content mais on va vite passer à autre chose parce que ce sera plus dur contre les Irlandais. On le sait déjà. A la 30ème minute de la première mi-temps, on a eu un petit coup de mou en prenant des essais trop faciles. Rien que par rapport à ça, on n’est pas content de notre match. On s’est laissé prendre comme des Cadets ».

Michalak : « J’espère monter en puissance sur la fin de la compétition pour essayer d’être déterminant sur les gros matches« 

Véritable stakhanoviste du jeu au pied, Frédéric Michalak est devenu un véritable maniaque de la précision à l’instar d’un Jonny Wilkinson. « Je ne suis pas encore complètement satisfait », nous confiait-il samedi dernier à l’issue d’une séance de quarante minutes à la Trinity School de Croydon. « Il y a encore du travail mais j’espère monter en puissance sur la fin de la compétition pour essayer d’être déterminant sur les gros matches ». Pour l’heure, difficile de reprocher quoi que ce soit au Toulonnais, longtemps barré au poste d’ouvreur du RCT par Wilkinson, Giteau, Sanchez et Hernandez.

Et si le Michalak de 2015 n’a plus grand chose à voir avec celui de ses débuts en 2001, sa maturité pourrait bien aider le XV de France à titiller la coupe Webb Ellis. « Je suis vraiment là pour remporter ce titre« , avoue-t-il. « On met tous les atouts de notre côté pour réussir. Il faut rester concentrés sur notre jeu et notre déplacement sur le terrain et travailler encore notre défense. Avec la férocité que l’on peut mettre sur des matches de haut niveau, on sait qu’on peut battre l’Irlande. Ça ne va pas tomber du ciel. Il faut être déterminé à aller au bout… » Rendez-vous est pris le 31 octobre à Twickenham.

Source: rugbyrama.fr