Fabien Galthié, il y a une atmosphère un peu tendue autour ce match contre Toulon…
Non, c’est un huitième de finale donc on va dire que c’est plutôt génial.

Aimez-vous les provocations dans la presse ?
Je trouve que ce monsieur (ndlr : Mourad Boudjellal, président de Toulon, qui a multiplié ces derniers jours les déclarations à l’encontre des dirigeants du MHR, regrettant notamment que le stade Yves-du-Manoir ne soit pas ouvert la veille du match afin que le RCT puisse s’y entraîner) a beaucoup d’humour, j’apprécie vraiment son humour.

On a l’impression qu’il veut amener le match en coulisses plus que sur l’aspect sportif de la rencontre…
Sur l’aspect sportif, pour nous, c’est un huitième de finale. Se retrouver là, c’est très bien. On a eu la chance de jouer un premier quart de finale à Paris qu’on a perdu (ndlr : 29-25 en Challenge européen), dans un match très intéressant et là, on va jouer un huitième de finale. Dans l’apprentissage de ces matchs à forte intensité dramatique, c’est intéressant pour nous. On voit le côté positif de la chose.

Ces matchs à élimination directe vous plaisent-ils ?
Au début de saison, on était dans les quatre qui devaient jouer le maintien et finalement, on joue un huitième de finale à Montpellier face à Toulon. Quand on a présenté cette équipe aux joueurs, on leur a dit : « Lui, il a 50 sélections chez les All Blacks. Lui, il est champion du monde avec l’Angleterre. Lui, il est le capitaine des Pumas. Lui, il est le vice-capitaine des Pumas. Lui, il a 50 sélections chez les Sud-Af. Lui, il est vice-champion du monde avec l’Australie. Lui, il joue pour l’Angleterre et il est vice-champion du monde. Lui, il joue pour le pays de Galles et il a fait le Grand Chelem. Lui, il joue pour l’Ecosse. » C’est une équipe composée de joueurs de classe mondiale. Jouer un huitième de finale à domicile face à une équipe de classe mondiale, c’est exceptionnel.

« Ca arrange pas mal de monde que l’on ne se qualifie pas »

Vous en servez-vous comme élément de motivation supplémentaire auprès de vos joueurs ?
Pas trop. Nous avons surtout travaillé sur le contenu, sur notre animation offensive et défensive. On a beaucoup travaillé sur le rendu des matchs précédents. On vient de perdre trois matchs consécutivement. Un à Paris de quatre points, dans un match dont le contenu est très intéressant. On fait des erreurs mais on peut le gagner dans les cinq dernières minutes. On vient de perdre face à Bayonne chez nous (17-22) un match qu’on peut gagner sur la dernière action mais qu’on peut aussi gagner avant. On laisse onze points au pied, on a cinq arbitrages vidéo, on tombe trois fois à cinq centimètres de la ligne. Et puis, on a aussi perdu à Brive (23-21), dans un match où on repasse devant à cinq minutes de la fin et où on manque la transformation pour prendre trois points d’avance. Dans ce match-là, on a des décisions arbitrales qui nous sont défavorables, ce qui fait que la moitié des points de Brive se justifie plus ou moins par ces décisions. Ces trois défaites ont un côté très intéressant. C’est vrai que sur un plan comptable, c’est moins intéressant mais sur le contenu et sur la tenue de l’équipe, c’est positif.

Ca ne vous fait pas râler de voir que vous avez fait un super début de saison et qu’aujourd’hui, vous pouvez ne pas vous qualifier ?
On peut râler. Je pense que nous avons abandonné neuf points par rapport à des choses que l’on ne maîtrise pas, avec des décisions arbitrales défavorables. Et du côté des points que nous n’aurions pas forcément dû avoir, je ne vois que Toulouse, avec la transformation ratée dans les arrêts de jeu, soit trois points. Je pense que la balance des paiements est plutôt en notre faveur donc il nous manque quelques points qui nous permettraient d’être qualifiés. Ca fait partie du jeu et puis finalement, on était les seuls à pleurer après l’arbitrage à Brive. Ca arrange pas mal de monde que l’on ne se qualifie pas. On ne va pas pleurer sur notre sort, on va essayer de voir les choses de manière rationnelle.

Est-ce un réel avantage de jouer à domicile ?
Oui, en tout cas pour nous. Pas pour une équipe comme Toulon, avec des mecs qui ont des kilomètres au compteur. Ce ne sont pas des lapins de six semaines. Ils ont tous des demi-finales ou des finales de Coupe du monde, des finales du Championnat de France. Pour eux, je crois que cela ne leur pose pas de problème. Pour nous, c’est un avantage.

« On essaye d’aborder le côté dramatique avec sourire et sérénité »

Est-ce encourageant de retrouver quasiment toute votre équipe ?
Il nous manque quand même Mika (Ladhuie) et (Geoffrey) Doumayrou, qui sont des titulaires habituels. Benjamin Thiéry ne s’est pas entraîné et est encore incertain. Ce n’est pas beaucoup, on a eu pire, avec notamment quatorze absents à La Rochelle. C’est comme ça.

C’est certainement le match le plus important de l’histoire du club. Est-ce une pression supplémentaire ou cela peut-il galvaniser les joueurs ?
C’est sûr qu’il y aura la pression. L’équipe est jeune, c’est la première fois qu’elle joue un huitième de finale, si on invente ce mot. Je ne serai pas surpris que ce soit compliqué, surtout face à eux.

Avec votre expérience, comment faites-vous pour les préparer à ce match-là ?
Je ne sais pas. Il faut trouver le juste équilibre. On a traversé ces trois défaites avec beaucoup de positif, en disant que 80% de ces matchs-là, on les gagne. Ca n’aurait pas été un hold-up de les gagner. Honnêtement, je ne sais pas si ce qu’on va faire sera bien ou pas bien. Il faut un peu de pression mais pas trop. Nous, on se concentre beaucoup sur le contenu. On essaye d’aborder le côté dramatique avec sourire et sérénité.

Les joueurs préparent-ils cette rencontre différemment ?
Ils ont carte blanche. Sur la méthode, c’est très interactif. On fait remonter les informations qu’ils ont saisies, on essaye de beaucoup échanger sur comment on va construire notre stratégie. Et après, sur l’approche mentale, on a plutôt envie de les voir s’encourager que mal se parler. On a plutôt envie de les voir faire corps. Dans l’ensemble, ils se comportent bien dans l’équipe. Maintenant, sous la pression, on peut stresser et on peut se faire peur