Installé à la tête du club mythique de Béziers avec le soutien d’un fonds d’investissement irlandais, l’ancien ouvreur des All Blacks Andrew Mehrtens entend jouer la carte de la patience et de la construction durable.

Avec 11 titres de champion de France, Béziers reste une légende du rugby hexagonal. Mais cela fait 20 ans que le club végète en Pro D2, et l’absence des phases finales cette saison rappelle la réalité d’un chantier encore long. Pour Mehrtens, passé par le club comme joueur puis entraîneur, la priorité est claire : reconstruire sans brutalité.

« Nous avons surtout observé. Nous ne voulions pas arriver en tant qu’étrangers dans un club français et donner l’impression que nous voulions tout changer et jeter le bébé avec l’eau du bain », explique-t-il via l’AFP.

Avec un budget de 9 millions d’euros, Béziers ne fait pas encore partie des cadors financiers du championnat, mais affiche des ambitions concrètes.

« Nous voulons construire petit à petit et augmenter le budget progressivement », confie Mehrtens, qui avance avec méthode.

Une politique de recrutement ciblée

La récente visite de Leigh Halfpenny, ancien arrière star du pays de Galles (105 sélections), dans les installations héraultaises n’est pas anodine. Béziers regarde vers le haut, mais sans perdre le sens des réalités.

« J’aimerais que nous soyons capables d’être flexibles pour recruter un joueur comme Leigh Halfpenny ou tout autre joueur international confirmé qui réfléchit à prendre sa retraite. Nous pouvons leur proposer un contrat flexible qui ne soit pas trop onéreux », développe l’ancien All Black.

Une approche qui privilégie le facteur humain autant que le sportif.

« Il n’y a pas que l’argent. Si un joueur a une famille, nous pouvons l’aider à gérer. […] Mais ils n’ont pas tous la chance d’être sur la côte méditerranéenne », glisse-t-il malicieusement, soulignant l’atout de la qualité de vie à Béziers.

Pas de montée express, mais une vision à long terme

Refusant les promesses de succès immédiat ou les méthodes brutales souvent associées aux rachats de clubs, Mehrtens insiste sur la prudence stratégique.

« Nous ne voulons pas nous contenter d’arriver, d’injecter un paquet d’argent et d’essayer d’acheter notre ascension, car c’est très dangereux. Je ne pense pas que cela soit viable ».

Un message fort adressé aux supporters : la remontée de Béziers en Top 14 ne se fera pas à coups de millions, mais grâce à un projet structuré, respectueux de son histoire et des valeurs humaines.

Un plan à long terme qui pourrait bien faire du club biterrois l’un des grands projets à suivre du rugby français.