Le troisième ligne de Montpellier, Lenni Nouchi a signé face à l’UBB (46-27) bien plus qu’un simple retour au premier plan.

Le jeune troisième-ligne du MHR, 21 ans, semble avoir tourné la page d’un hiver éprouvant, mentalement comme physiquement, pour redevenir l’un des grands espoirs du rugby français. Et peut-être plus.

Une frayeur virale… et virile

Sur un contre éclair de 80 mètres, Nouchi pense conclure un magnifique mouvement collectif. Mais son ballon échappé à la dernière seconde dans l’en-but fait planer un énorme doute.

L’arbitrage vidéo finit par valider l’essai, à la grande joie du joueur. « Je n’étais pas serein quand je voyais les images à l’écran. J’ai évité de peu la tournée générale », plaisante-t-il en conférence de presse, visiblement soulagé.

Ce moment léger tranche avec les mois sombres qu’il a traversés depuis son explosion en 2023. Car après un été glorieux avec les moins de 20 ans, Nouchi a connu une chute brutale, freiné par l’usure mentale, le poids des attentes et une fatigue accumulée.

Une ascension freinée, un mental à reconstruire

Retenu avec les Bleus pour la Tournée en Argentine l’été dernier, Lenni Nouchi a ensuite connu un gros passage à vide.

« Après la tournée, j’ai voulu reprendre assez rapidement, avec le nouveau staff qui arrivait, cette nouvelle saison après la galère de l’an dernier », explique-t-il via L’équipe.

Investi du capitanat en début de saison, le jeune international a rapidement peiné à gérer cette nouvelle charge. « Le capitanat était un peu lourd à porter aussi », admet-il.

Usé, il lâche rapidement le brassard, rendu à Billy Vunipola. Mais c’est surtout dans la tête que le combat s’est joué.

« J’avais pris une autre dimension… les gens attendaient beaucoup de moi. Je devais prendre de nouvelles responsabilités et quand je voyais que je n’arrivais pas à répondre sur le terrain… »

Sa non-sélection en novembre avec les Bleus agit comme un électrochoc. Le joueur entame alors un vrai travail de fond avec une préparatrice mentale.

« J’étais dans une spirale où je me posais trop de questions. On a fait de la visualisation… Elle m’a posé les bonnes questions. »

Une renaissance tactique… et mentale

Positionné récemment en numéro 6, son poste de prédilection, Nouchi a retrouvé sa liberté offensive, mais aussi ses sensations. Face à Bordeaux-Bègles, il signe une prestation XXL : 75 mètres parcourus, deux défenseurs battus, 14 plaquages réussis, deux offloads.

Son manager Joan Caudullo n’hésite pas : « Il n’a pas été à ce niveau-là en début de saison… » avant de qualifier sa forme actuelle d’« internationale ».

Nouchi lui-même reconnaît l’impact du repositionnement : « On m’a donné plus de liberté et j’ai réussi à me débloquer, c’est un tout qui m’a permis de bien revenir. »

Objectif Nouvelle-Zélande

Serein, lucide, plus mûr, le natif de Béziers avance désormais avec davantage de recul. « Avec ma préparatrice cérébrale, on travaille désormais sur l’anticipation des moments compliqués pour éviter de replonger dans un long hiver. Ce sont des choses qui vont m’arriver à nouveau et je dois apprendre à l’accepter. »

Un discours réfléchi, digne de son âge… et de son potentiel. Avec les Bleus attendus en Nouvelle-Zélande cet été, la version printanière de Lenni Nouchi coche toutes les cases pour embarquer.

D’autant qu’il semble avoir compris l’essentiel : pour durer au plus haut niveau, il faut d’abord savoir se retrouver soi-même.