Découvrez pourquoi les All-Blacks boycottent le « bomb squad » utilisé par le XV de France et les Springboks !

Découvrez pourquoi les All-Blacks boycottent le « bomb squad » utilisé par le XV de France et les Springboks !

Le jeudi 22 mai 2025 à 16:15 par David Demri

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Alors que la planète rugby bascule peu à peu dans une logique de banc surdimensionné en avants – stratégie popularisée par les Springboks et désormais adoptée par la France – les All Blacks résistent encore et toujours à cette tentation.

Là où d’autres empilent les colosses sur le banc dans l’espoir d’écraser les dernières trente minutes, la Nouvelle-Zélande préfère conserver son équilibre classique : cinq avants, trois arrières.

Un choix à contre-courant, assumé, mais de plus en plus questionné.

L’hégémonie du 6-2… voire du 7-1

Depuis leur sacre mondial en 2019, les Sud-Africains ont imposé un modèle : faire entrer un deuxième pack de titulaires en seconde période. Résultat : puissance inégalée, rythme imposé, adversaires asphyxiés. La France a suivi. Lors du dernier Tournoi des Six Nations, les Bleus ont renversé l’Irlande grâce à un banc construit en 7-1. Le tournant ? À la 48e minute, les remplaçants avants entrent en masse. Le dernier quart d’heure devient un rouleau compresseur.

Mais à l’opposé de cette tendance lourde, la Nouvelle-Zélande reste fidèle à sa philosophie : la qualité plutôt que la quantité.

Des résultats récents qui posent question

Trois défaites consécutives contre la France, quatre contre l’Afrique du Sud : les chiffres pourraient accuser la méthode néo-zélandaise. Mais la lecture mérite d’être affinée.

D’abord, aucun de ces revers n’a eu lieu en Nouvelle-Zélande. Or à domicile, les All Blacks restent presque imprenables : 87 % de victoires face à la France, 72 % contre les Boks. Depuis 2020, sur dix confrontations face à l’Afrique du Sud, une seule s’est jouée sur leurs terres.

Autre facteur décisif : les exclusions. Deux de ces défaites ont été concédées à 14 contre 15, avec un carton rouge dès la première période, faussant l’équilibre du match.

La finale du Mondial : le test ultime

Face aux Boks, en finale de la Coupe du monde 2023, la formule 7-1 sud-africaine est censée faire la différence. Elle ne le fera pas. Même réduits à 14, les All Blacks dominent territorialement et physiquement. L’Afrique du Sud s’impose… d’un point. Et uniquement à cause de deux échecs au pied néo-zélandais.

Le fameux « bomb squad » ne renverse rien ce soir-là.

Même à Twickenham en août, où les Springboks écrasent les Néo-Zélandais, le contexte est à nuancer. « La Nouvelle-Zélande avait perdu son pilier droit sur blessure après 13 minutes, et Jordie Barrett a été obligé de caler le flanc de la mêlée. » Un bricolage d’urgence dans un match de préparation.

Un impact limité dans la durée

Le seul match où le banc XXL sud-africain a réellement renversé la vapeur ? L’année dernière à l’Ellis Park. Les All Blacks menaient encore 27-17 à un quart d’heure de la fin. Ce sont leurs propres remplaçants qui ont craqué.

Côté français, le tableau est tout aussi nuancé. Deux des trois dernières victoires face à la Nouvelle-Zélande ont été obtenues avec un banc en 6-2, mais le succès de la Coupe du monde 2023, en ouverture, a été construit avec un banc en 5-3. Et à chaque fois, le match avait lieu au Stade de France. Difficile d’en tirer une vérité universelle.

Pourquoi les All Blacks n’ont pas besoin de copier

Alors pourquoi la Nouvelle-Zélande s’obstine-t-elle à ne pas basculer ? La réponse tient en deux noms : Ardie Savea et Wallace Sititi.

“Savea est un joueur capable de tenir tout le match à un niveau exceptionnel, que ce soit en N.8 ou en flanker. Il doit rester sur le terrain le plus longtemps possible. Aucun remplaçant ne peut apporter ce qu’il produit.”

Mieux encore : Sititi, 21 ans, s’impose comme un autre joueur « full time », capable de maintenir l’intensité d’un titulaire pendant 80 minutes. Leur profil rare inverse la logique du banc renforcé : pourquoi remplacer de tels monstres physiques et techniques ? Un avant supplémentaire, aussi frais soit-il, n’apportera ni la polyvalence ni l’impact de ces deux-là.

Une stratégie fondée sur la continuité

Les All Blacks parient sur un autre facteur : la fluidité du jeu. En conservant trois arrières sur le banc, ils peuvent multiplier les permutations dans la ligne de trois-quarts sans déséquilibrer leur système.

L’approche est certes plus risquée, mais elle permet d’optimiser le talent sur 80 minutes, plutôt que de miser sur un « coup de massue » en fin de match.

En résumé

Le 7-1 fait des émules. Mais la Nouvelle-Zélande, en refusant de suivre la mode, rappelle une chose essentielle : une stratégie n’est jamais universelle. Le « bomb squad » n’est pas un passe-droit vers la victoire. C’est un outil. Et les All Blacks, eux, misent encore sur leurs artistes… plutôt que sur leur artillerie.

Cela signifie que les All Blacks n’ont pas besoin d’un sixième ou septième avant sur le banc. Leur priorité doit être de renforcer la qualité de leurs remplaçants à d’autres postes clés : demi de mêlée et ouvreur.

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