Alors que Damian Penaud brille sous les projecteurs européens après avoir été désigné meilleur joueur de la Champions Cup 2024/2025 à Cardiff, une tout autre scène se joue dans les coulisses du rugby français, à Agen.

Le club du SUA (Sporting Union Agenais) est secoué par un départ conflictuel, celui de Vincent Farré, qui quitte le club sur une note douloureuse, malgré un engagement de longue date et un attachement profond au maillot.

Arrivé en 2017, le deuxième ou troisième ligne pensait poursuivre l’aventure, encouragé par le soutien du manager Sébastien Calvet et après avoir dans un premier temps envisagé une retraite sportive.

Finalement, un accord verbal et écrit aurait été trouvé avec le directeur sportif Thomas Léger pour prolonger l’aventure la saison prochaine. Mais l’arrivée de Denis Marchois et la reconduction de Javier Eissmann ont visiblement rebattu les cartes, changeant la donne au sommet du club.

Le joueur lui-même l’explique via Midi Olympique. Extrait:

« Je ne voulais pas être un boulet ni un parasite pour le club. Mais en voyant que j’étais régulier dans mes performances, je suis allé voir Seb pour lui dire que j’étais prêt à continuer un an de plus. Il était enchanté. Thomas Léger le directeur général l’était aussi. Et sur le coup, même Jean-François Fonteneau l’était. On a entamé des négociations durant lesquelles nous sommes tombés d’accord rapidement en février dernier. Ils m’ont envoyé un précontrat que j’ai accepté dans la foulée. Sous l’impulsion de mon manager, j’étais vraiment prêt à continuer un an de plus. »

Le président Jean-François Fonteneau n’aurait pas validé l’accord, ce qui aurait mis fin brutalement à la carrière agenaise de Farré. Extrait:

« J’ai senti le vent tourner. Je suis allé voir Jeff Fonteneau pour savoir où on en était puisque j’avais donné mon accord écrit. Et là, il a fait marche arrière. Il m’a dit qu’il était inquiet pour moi et pour ma santé parce que je m’engageais trop sur un terrain au regard de mon âge. Il cherchait à se désengager sur de faux motifs. Il m’a également signifié qu’il n’avait pas le budget pour me garder parce que ma place dépendait du départ anticipé d’un joueur sous contrat en seconde ligne. »

Ce dernier s’est exprimé dans Midi Olympique, dénonçant un manque de clarté et une absence de respect dans la gestion de son départ : « Personne n’a eu le courage de me dire que c’était fini. Cela a été très dur à avaler. J’ai appris ma fin de carrière au détour d’une conversation. »

Un épisode qui aurait pu être évité selon lui, d’autant plus qu’il avait été reconnu apte à jouer par un médecin indépendant consulté à Toulouse :

« Il m’a dit […] que j’étais totalement apte à jouer au rugby. Je suis revenu vers Jeff, qui est resté sur sa position. C’est là que j’ai compris que mon aventure était finie. »

Farré affirme aussi qu’un autre médecin avait reçu l’instruction implicite de le déclarer inapte, consigne qu’il aurait refusée :

« J’ai appris qu’on lui avait demandé de me déclarer inapte au rugby, et il a refusé de le faire. […] Il m’a pris un rendez-vous avec un autre médecin. »

Malgré son rôle symbolique au sein du club – il était parrain de l’association Aginnum – les adieux à Armandie, lors du dernier match contre Mont-de-Marsan, se sont déroulés dans l’indifférence, accentuant l’amertume d’un joueur qui a tout donné à son club.

Il exprime sa colère. Extrait:

« Je ne suis pas quelqu’un qui aime faire des vagues mais je ne peux pas tolérer ce manque de respect envers ma famille et moi. Je suis en attente de nouvelles de la part de Jean-François Fonteneau. »

Interrogé par Midi Olympique, le président Fonteneau réfute ces accusations :

« Je n’ai jamais souhaité sa prolongation et je voulais attendre la fin de la saison pour prendre une décision concernant Vincent. J’ai le souvenir que, l’an dernier, je l’ai vu en détresse suite à ses deux commotions cérébrales. Je pense à sa santé, même si j’aurais aimé me poser la question d’un nouveau contrat pour bons et loyaux services rendus. Seulement, là je n’ai pas été informé de la prolongation et je l’ai encore moins validée.

D’ailleurs, le conseil d’administration du club a aussi désapprouvé une telle décision qui a été prise par notre directeur général. C’est pour cette raison qu’il a été écarté et qu’il n’est plus au club. Je tiens à dire que j’ai dit à Vincent les yeux dans les yeux ce que je vous dis. Je suis désolé pour lui mais il souhaite prolonger pour de mauvaises raisons.»

Un échange à couteaux tirés qui révèle les failles de gouvernance au SUA et qui ternit l’image d’un club historique du rugby français.