L’étonnante passion du Toulousain Dorian Aldegheri : « Tu perds dix ans d’espérance de vie en une semaine ! »

L’étonnante passion du Toulousain Dorian Aldegheri : « Tu perds dix ans d’espérance de vie en une semaine ! »

Le jeudi 10 juillet 2025 à 23:45 par David Demri

0 Commentaire

Publicité

Loin des mêlées du Top 14, Dorian Aldegheri cultive une autre passion, tout aussi exigeante : la moto. Mais pas n’importe laquelle. Le pilier droit du Stade Toulousain s’est plongé, à contre-courant, dans une discipline extrême et méconnue : le chopper.

Un univers sans concession, fait de métal rugueux, de mécanique capricieuse, de routes imprévisibles… et d’un goût certain pour la galère.

Dans un monde où confort rime souvent avec performance, Aldegheri a choisi le chemin inverse. Sur son engin modifié de fond en comble, pas de frein avant, pas de suspension arrière, pas même de selle moelleuse. Il roule avec une moto minimaliste et unique, fruit d’une personnalisation radicale où chaque pièce raconte une histoire.

« Dans le chopper, tu peux absolument tout faire », confie-t-il. « L’idée est d’avoir la moto la plus singulière… En gros, moins tu as d’assistance, plus c’est dur et mieux c’est » s’est-il confié via Midi Olympique.

Il rajoute : 

« Certains roulent même en « suicide », c’est-à-dire en ayant inversé l’embrayage et le levier de vitesse : en clair, ils ont l’embrayage au pied et sont obligés de lâcher le guidon pour changer de vitesse à la main sur un levier qu’ils placent où ils veulent sur la moto comme c’était le cas sur de nombreuses bécanes anciennes, une sorte de retour aux sources. En gros, moins tu as d’assistance, plus c’est dur et mieux c’est. Plus tu es légitime et respecté par les autres, comme ils disent. »

Ce goût pour l’austérité mécanique ne s’arrête pas là. Il le pousse à participer à des rassemblements underground, comme le Zombie Chopper Run. Une virée sauvage de plusieurs jours où l’itinéraire est tenu secret, et où les pannes sont plus fréquentes que les pauses-café.

« Il t’arrive 200 choses par jour… Mais s’il t’arrive quelque chose, il y aura toujours trois ou quatre mecs qui s’arrêteront pour t’aider à réparer. Quand certains cassent et doivent s’arrêter au bord de la route, on communique pour savoir si on les attend à la prochaine station-service. Comme nos réservoirs ne font que 9 litres, on doit s’arrêter souvent. Si l’arrêt est trop long, on leur donne le point de rendez-vous du soir. »

Pour Aldegheri, ces « runs » rappellent l’engagement collectif du rugby. Loin de l’individualisme, c’est l’esprit d’équipe qui prévaut : entraide, débrouille, et une solidarité presque fraternelle. « J’y ai retrouvé l’esprit de solidarité que l’on a dans le rugby… On se retrouve parfois dans le dur, mais tout le monde s’entraide et on ne laisse personne derrière. »

C’est d’abord via des amis qu’il découvre cet univers. Fasciné, il finit par craquer et acheter son propre chopper. Depuis, il y consacre son temps libre, jonglant entre personnalisation minutieuse et escapades motorisées. « Je ne m’en sers pas tous les jours, mais en revanche j’adore la bricoler, la personnaliser, la faire évoluer… »

Il explique comment tout a commencé : 

« J’ai passé le permis à 22 ans, et j’ai acheté ma première moto chez Kawasaki, qui aujourd’hui me sponsorise et me prête des motos. La première était un Z800, un roadster classique. Puis j’ai acheté une Harley-Davidson Breakout de 2016.

J’ai découvert le chopper par des amis, qui ont découvert des vidéos de ces runs sur YouTube. Ils ont pris contact avec l’organisateur, on s’est rencontrés à plusieurs reprises, on a sympathisé et j’ai fini par lui acheter un chopper. Je ne m’en sers pas tous les jours, mais en revanche j’adore la bricoler, la personnaliser, la faire évoluer… Et ce qui m’a surtout plu, c’est l’esprit de cette communauté : en roulant, j’y ai retrouvé l’esprit de solidarité que l’on a dans le rugby. Un run, c’est comme un match. On est tous dans le même bateau, personne ne se prend pour un autre et il peut tout arriver. On se retrouve parfois dans le dur, mais tout le monde s’entraide et on ne laisse personne derrière. Je peux te dire que quand tu te retrouves en rade au bord de la route et qu’il fait 40 degrés à l’ombre, tu es heureux de pouvoir compter sur les autres. » 

Lors d’un périple en Espagne, sous une chaleur écrasante et sans confort, les anecdotes n’ont pas manqué : galères mécaniques, nuits à la belle étoile, et même une escale improbable dans un bar clandestin tenu par un Français édenté. « Je me serais cru dans Pirates des Caraïbes », s’amuse-t-il encore.

Aujourd’hui, même s’il s’accorde des sorties plus courtes, il sait qu’un prochain run plus long l’attendra, après sa carrière. « Le prochain, je le ferai après ma retraite sportive, car c’est trop éprouvant. Tu perds dix ans d’espérance de vie en une semaine ! »

Sur son chopper comme sur un terrain de rugby, Dorian Aldegheri fonce sans filet. Avec la même passion, la même rudesse… et la même soif d’aventure.

Publicité

0 Commentaire